Mensonges

Chapitre 29 - "Ouvrons la porte au diable"

Chapitre 29

« Ouvrons la porte au diable »

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Nous avions trouvé refuge dans un petit hôtel en bord de route, près de la frontière américaine. Lucy avait conduit aussi longtemps qu'elle en était capable, après m'avoir attaché de façon à ce que je ne puisse plus bouger.

À chacune de mes tentatives pour faire la conversation, elle ne me répondait que par un regard glaçant.

J'aurais aimé en apprendre un peu plus sur sa vie à Montréal, même si elle ne m'en estime plus digne -à savoir si je l'ai jamais été.

La seule phrase aillant franchi la barrière de ses lèvres fut : « nous sommes arrivés. », lorsqu'elle se fut arrêtée dans le parking de l'hôtel.

Elle était descendue seule, me laissant toujours ligoté dans la bagnole. Elle avait choisi une petite chambre, proche de là où nous étions garé pour fuir en cas de besoin.

Nous y avons donc passé la nuit, elle allongée sur son lit simple, ne dormant que d'une oreille, le revolver à la main, tandis que moi, je me retrouvais assis sur le sol, mains dans le dos, dans l'impossibilité de bouger à cause du radiateur auquel j'étais attaché par mes liens.

Autant vous dire que ce ne fut pas une nuit très reposante, surtout que nous avions été constamment sur le qui-vive.

Je mange mon petit-déjeuner en sondant Dragneel des yeux. Comment allais-je m'en sortir ?

Je ne pouvais pas lui faire confiance, ni m'en remettre à lui. Je ne pouvais pas non plus le surveiller tout le temps, ni même le laisser attacher -particulièrement lors de notre voyage jusqu'à Berlin.

Pouvais-je tenter un pacte ? Le tiendrait-il ?

Il m'avait sauvé la vie. Mais aussi menacée dans la rue avec son revolver.

Mon cœur et mon cerveau se tiraient la bourre. L'un disait « non, c'est trop dangereux », l'autre me disait « c'est plus pratique ».

- Lucy ?

Je lève les yeux de mon pain à la confiture pour croiser les siens. La seule chose qui n'ait pas changée chez lui. De beaux yeux verts, capables de toutes les horreurs sans flancher une seconde.

Surpris que j'ai réagit à son interpellation, il reste muet un moment. Lorsqu'il ouvre la bouche pour reprendre la parole, je lui coupe l'herbe sous le pied. Je m'étais décidée.

Si je voulais accomplir ma vengeance rapidement...

- Je vais te libérer. Mais au moindre faux pas, je te descends. Tu m'écoutes et fais ce que je dis. Pigé ?

Il fronce les sourcils, et acquiesce.

- Pourquoi tu ne me parles pas japonais ? m'interroge-t-il avec précaution, dans ma langue natale.

- Je suis en Amérique, maintenant.

- Alors quoi, tu vas parler allemand à Berlin ? Ironise-t-il avec un sourire en coin, ce qui ne me plaît pas du tout.

Bien sûr, lui n'a pas vécu ce que j'ai vécu. Il ne peut pas me comprendre, ni même compatir, puisqu'il n'a ni cerveau, ni cœur.

Je lui réponds avec un air mauvais.

- Wer weiβ ?

Il ouvre des yeux ronds, et je me lève sans lui laisser le temps de répondre.

- On y va.

À son tour, il se remet sur ses pieds avec difficultés, puisqu'il a toujours les mains liées, mais cette fois devant lui. Il approche, et je sors mon couteau de combat.

Il me tend ses poignets, et j'y passe la lame, puis tire sur la corde d'un coup sec et d'un geste souple du poignet. Je recommence deux-trois fois, prenant un malin plaisir à la grimace qu'il affiche. La corde frotte sur sa peau et lui laisse des marques rouges lorsqu'elle tombe à ses pieds.

Je me détourne de lui, attrape mon sac et quitte la chambre. Il m'emboîte le pas en restant à quelques mètres de distance.

Sage décision.