Chapitre 24 - "Détruite"

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 Lucy n'a pas répondu à mon dernier message

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Lucy n'a pas répondu à mon dernier message.

J'ai hésité à aller voir ce qu'il se passait dans sa baraque, mais elle m'avait dit avoir besoin de moi ici. Quelle blague. Elle est sûrement en danger, et j'attends ici comme un con.

Je ne bouge pas.

Malgré mon envie de lui venir en aide, je reste cloué sur mon siège. J'ai peur.

Quel nul.

Je déboucle ma ceinture, les doigts tremblants. La sueur me coule le long de mon cou, jusque dans mon dos.

Il faut que je me calme. Respirer. Doucement. Penser positif.

Que pourrait-il bien m'arriver là-bas ?

- Grey !!!

Le cri ressemble plus à un croassement qu'à un vrai cri, mais je reconnais malgré tout la voix. Je mets le moteur en marche. Regarde Lucy courir vers moi.

Elle ouvre la porte et se jette dans la voiture.

Elle est couverte de...SANG ?!

Bordel de merde, c'est quoi, ça ?!

- Grey, démarre, gémit-elle. J'en peux plus...Je dois partir très loin.

Elle a un revolver serré dans la main. Où a-t-elle trouvé ça ? À qui appartient tout ce sang ?

Je pose ma main sur l'arme et la lui prend des mains, la glisse dans la boîte à gants.

Elle est pâle. Mal en point. Brisée.

Quoiqu'il se soit passé dans cette baraque maudite, ça a été terrible.

Il ne m'en faut pas plus pour démarrer.

 Nous avons roulé pendant plusieurs heures

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Nous avons roulé pendant plusieurs heures. Lucy pleurait sans pouvoir s'arrêter, et je n'ai rien demandé. Elle n'en pouvait plus. Avait besoin de réconfort silencieux.

Nous avons roulé encore.

L'odeur du sang était insupportable. Quand Lucy a repris un conscience de ce qu'elle était -comment elle était-, elle s'est mise à hurler. Se calmer pour mieux repartir.

Elle s'est mise à tirer sur ses vêtements, à frotter sa peau couverte de sang séché, à se griffer et à se balancer furieusement sur son siège.

Je me suis arrêté sur une aire d'autoroute et l'ait laissé dans la voiture le temps d'aller acheter de quoi la changer -j'avais vérifié qu'elle ne puisse rien faire de dangereux en mon absence, comme par exemple se servir de son revolver. Elle n'en avait pas l'intention, puisque quand je suis revenu, elle pleurait à chaudes larmes et implorait mon aide.

Mon cœur déjà brisé en mille éclats à la voir dans cet état s'est cassé en millions, en milliards de morceaux.

Nous avons roulé sur l'autoroute jusqu'à trouver une aire de repos aillant des douches à disponibilités des conducteurs.

J'ai sorti Lucy de la voiture, cette fois muette. Elle se grattait toujours plus. Jusqu'au sang.

Je l'ai tiré dans une douche. Plantée sans bouger, je lui ai demandé l'autorisation de retirer ses habits. « Tout ce que tu veux, Grey » a-t-elle gargouillé, sans me regarder, « fais ce que tu voudras si ça peut me soulager. »

Je l'ai déshabillée. J'ai jeté les vêtements par terre. J'ai attiré Lucy sous l'eau. Elle a fermé les yeux, et des larmes silencieuses ont glissé sur son visage, se mêlant à l'eau.

Je l'ai savonnée, et j'ai retiré le sang coincé sous ses ongles et dans chaque partie de son corps.

Je l'ai séchée et rhabillée de vêtements propres.

Elle chancelait.

En la portant à moitié, j'ai fourré les habits gorgés de sang sec dans un sac et suis sorti.

« Je vais les brûler. »

Elle a demandé à le faire. J'ai accepté.

En silence, elle a regardé le feu grandir sur sa vie d'avant.

Elle est remontée dans la voiture sans un mot. Nous sommes repartis, filant à travers la nuit.

Lucy regardait le paysage, et s'endormait petit à petit.

Elle s'est finalement entièrement assoupie, le nez enfoui dans ma veste.

J'ai continué à rouler sans savoir où aller jusqu'à trois heures du matin. Elle n'avait rien demandé de précis.

Elle s'est réveillée sur une aire d'autoroute où je me reposais.

« Où veux-tu aller, maintenant ? »

« Loin d'ici. »

J'ai attendu la fin de sa réflexion.

« Pas aux États-Unis, les droits des femmes sont en régression. Pas en Inde. On dépasse les 50°C. »

Elle m'a regardée fixement.

« Canada. »

J'ai acquiescé et ai alors réservé deux billets d'avion.

Nous avons roulé jusqu'à l'aéroport et nous avons passé la nuit dans un hôtel, juste à côté.

Tout le temps, j'ai serré Lucy contre moi. Elle a eu du mal à s'endormir, tremblante comme une feuille, et tout aussi fragile.

Le lendemain, j'ai appelé papa pour lui expliquer la situation, dans les grandes lignes. Il m'a demandé de rentrer.

« Désolée. Je n'ai pas réfléchi à toi avant de t'embarquer avec moi. »

J'ai haussé les épaules.

« J'ai dix-huit ans aujourd'hui. »

Nous nous sommes enlacés. En silence. Nous n'avions pas besoin de mots pour nous comprendre.

Nous avons traversé l'océan, et volé au dessus de plusieurs pays. Lucy s'était assoupie à nouveau.

Ensuite nous avons pris le train. Nous devions nous rendre hors de Montréal, dans une petite ville à une cinquantaine de kilomètres.

C'est dans le train que sa langue s'est déliée.

Elle m'a raconté. Tout. Même les premières phases que je connaissais déjà.

À la fin, elle avait les yeux secs. Toute émotion avait disparue de son regard. Ses yeux ne brillaient plus de vie.

J'ai alors décidé que je la sauverais, quoiqu'il m'en coûte.

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