20. un spéculoos et quelques larmes.

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 musique : Excuse me - NOTHING BUT THIEVES.

  J'AVAIS PRIS rendez-vous au café avec Olivier. Il m'attendait devant, en train de fumer sa cigarette. J'étais relativement nerveuse : si je n'avais jamais eu de relation avec un garçon, je savais encore moins rompre. 

    Il me salua par un baiser. Ses lèvres avaient goût de tabac froid et je grimaçais à leur contact contre les miennes.

    Nous nous installâmes en terrasse, je demandais un grand chocolat chaud pour me réconforter. Olivier semblait extrêmement distant et je dus presque lui claquer les doigts sous le nez pour qu'il donne sa commande. 

    "Un café, s'il vous plaît, finit-il par dire." 

    Puis il planta ses yeux bleus dans les miens et je sentis mon coeur se retourner un peu dans ma poitrine.

    "Alors, tu me reproches quoi ?

    - Comment ça." 

    Il poussa un profond soupir avant de réitérer : 

    "Astrée, tu proposes jamais de plans. Et là, le lendemain d'une soirée, tu m'envoies un message très flou genre 'on peut se voir au café j'aimerais bien parler' ce qui est rien d'autre qu'un "faut qu'on parle". Alors va-y, dis moi ce qui va pas." 

    Je cherchais mes mots, les mains tremblantes. Je ne voulais pas qu'il prenne mal ce que j'allais dire. 

    "C'est pas toi le problème, finis-je par dire." 

    Olivier eut un petit rire sans joie, reçut son café et sortit le spéculoos de son emballage pour le tremper allègrement dans sa boisson.

    "Ah ouais, c'est quoi le problème, alors ? Toi ? Toi t'accepterais reconnaître tes torts ?" 

     Sa remarque me froissa totalement et je bus une gorgée de chocolat pour me calmer.

     "Ah ouais, j'ai compris. Le problème c'est que t'étais en soirée avec ce gay refoulé de Ben et il t'a totalement mis la tête à l'envers, il a joué de la guitare deux minutes et t'es totalement sous son charme. 

    - C'est juste que..." 

    Je pris une profonde inspiration avant d'annoncer : 

    "C'est juste que je suis pas amoureuse de toi, Olivier. 

    - Moi non plus, Astrée. Ca fait un mois. 

     - Non mais... ce que je veux dire, c'est que Ben il est sorti de ma vie pendant un mois, et je me suis inquiétée, j'ai eu vraiment peur d'avoir fait quelque chose de mal, tu comprends ? Et toi... bah je t'imagines partir de ma vie pendant un mois, et ça me fait pas vraiment peur, tu vois ?" 

    Il but son café d'une traite mais laissa son spéculoos détrempé de caféine sur le rebord de la soucoupe. 

     "En gros, t'essayes de me faire comprendre que tu me quittes pour un autre mec qui n'a pas osé te dire qu'il était gay ? 

      - Je te quitte parce que ça sert à rien d'essayer.

     - Ca va sonner comme un mec qui a vraiment la haine, mais c'est hyper défaitiste ce que tu dis, Astrée." 

     Il me regarda, l'air énervé. Mais d'une colère un peu triste. 

     "En fait, non, ça sonne comme un mec qui a la haine parce que j'ai la haine. Parce que ça confirme bien un truc dont j'avais peur, c'était que t'en ai rien à foutre de moi. Et, ouais, ça sert à rien d'essayer avec un état d'esprit comme ça. Parce que là, je vais encore faire des efforts, et toi tu vas rien faire. 

    - Mais, au pire, qu'est-ce que t'en as à foutre de moi ? Je veux dire, c'est pas comme si j'étais la personnalité qui ressortait le plus dans la classe." 

    Je crus qu'il allait se jeter sur moi et m'étrangler. Mais, fort heureusement, il n'en fit rien. 

    "Je sais pas, je t'avais remarquée depuis le début de l'année, mais j'ai pas été te parler, parce que tu semblais si prétentieuse, le genre de personne à dire qu'elle vaut mieux que nous. Et puis quand je t'ai vue en soirée, je me suis dis que je pouvais essayer de venir vers toi, tenter ma chance. Mais en fait, Astrée, je crois que tu te penses vraiment supérieure à tout le monde." 

    Je ne savais pas comment lui dire que ce n'était pas vrai, que la solitude me rongeait beaucoup plus qu'il ne le croyait. 

    Olivier posa l'argent nécessaire pour payer son café sur la table, me jeta un nouveau regard froid, comme une dernière chance pour m'expliquer. Mais j'étais remuée parce que je venais d'entendre : un discours qui faisait écho à celui de Justine. 

     Une confirmation de mes craintes : que tout le monde me détestait et que je n'avais aucune personne à qui me raccrocher. Aucune personne pour me soutenir.

     Le premier réflexe d'Olivier fut d'allumer une cigarette. Tout en marchant, il s'éloignait avec son petit nuage de fumée. 

     Et je restais là, clouée à cette chaise de café, incapable de me lever, à deux doigts de fondre en larmes, à fixer le speculoos qui s'émiettait dans la soucoupe en face de moi.


désolée de pas avoir publié plus tôt j'ai littéralement EXPLOSE mon téléphone...du coup je suis sur ordi breF ;
en média j'ai mis la chanson que j'ai écouté en boucle pour écrire ce chapitre je trouvais qu'elle allait plutôt bien, même si c'est pas vraiment le genre de trucs qu'Astrée ou Olive écoutent (plutôt Ben, mais pas le plus grand fan non plus, bref) d'ailleurs en parlant de ça je sais plus si je vous ai dit qu'Astrée, Ben, Olive et toute la clique (oui même Cynthia et tout) ont leur petite playlist sur mon Spotify : notasleepyet.

j'espère que votre rentrée a été ou alors que vous profitez bien de vos derniers moments de vacances,
à dimanche!

La nuit pleure aussi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant