MA MERE, à mon grand étonnement, avait accepté en haussant les épaules.
"Je préfère que tu vois Olivier que cette Cécile."
Son ton s'était fait méprisant, sans surprises. Ma mère n'aimait pas la copine de mon père, déjà parce qu'elle en était jalouse, mais aussi parce qu'elle ne pouvait pas comprendre son caractère.
Je réalisais alors que je m'étais longtemps posée des barrières par rapport à ma mère, en pensant qu'elle ne comprendrait pas, qu'elle ne voudrait pas. Mais que si, elle comprenait, parce qu'elle avait été adolescente.
J'en avais fait part à Olivier, qui m'avait répondu "super, j'achète de quoi faire des pancakes alors ;-)", mais aussi à Cynthia, Maia et Giselle sur le petit groupe que la blonde avait formé pour d'éventuelles sorties. Elle nous avait même envoyé un message de détresse pour nous demander qu'est-ce qu'elle pouvait mettre à un rendez-vous alors qu'elle ne savait même pas si c'était à des fins romantiques.
Cynthia avait lancé un "eh beh, ça va vite entre vous", Giselle envoyait quinze pointes d'exclamations sur chacune de ses phrases et Maia restait toujours aussi froide et distante. Elle m'envoya un message à part du groupe pour me dire qu'il faisait les meilleurs pancakes et qu'elle était contente pour moi. Je ne savais pas pourquoi elle se comportait comme ça : je n'arrivais pas à décrypter cette fille.
J'en profitais pour lui demander comment elle tenait le coup depuis sa rupture. Elle expliqua qu'ils se reparlaient et qu'ils avaient fait une mise au point de pourquoi ça n'avait pas marché, en faisant des compromis.
Elle m'impressionnait de maturité.
Le vendredi soir, je me rendis chez Olivier au lieu de prendre le train pour aller me perdre en Bretagne. Ca me faisait plaisir de passer du temps avec lui. Il me fit une visite plus détaillée de chez lui puis nous nous assîmes dans la cuisine.
"Je crève de faim, confia-t-il. Tu veux manger un truc ?
- Je suis pas contre une pizza.
- C'est dans mes plans, qu'est-ce que tu crois."
Je laissais échapper un sourire malgré moi, qui s'accentua d'autant plus quand il passa sa main dans mes cheveux pour m'embrasser la tempe.
"Tu veux une bière ?
- Non merci, je bois toujours pas.
- Ah, ouais, c'est vrai, désolé."
Il ouvrit le frigo, en sortit une bière pour lui et me fixa avant de me demander :
"Laisse moi deviner, tu bois pas de Coca non plus parce que c'est bourré de caféine ?
- Je suis pas une psychorigide non plus."
Le petit gloussement qu'il laissa échapper contre son gré me laissa comprendre que je pouvais être un peu plus stricte que je ne pensais l'être. Mais il me tendit mon verre de Coca et décapsula sa bière.
"Ca me fait plaisir de t'avoir ici, fit-il. Je veux dire, on boit un café de temps en temps mais on passe pas tant de moments ensembles.
- Oui, c'est vrai."
Je laissais taper mes ongles contre le verre, encore un peu nerveuse. Pourtant, il réussissait à faire descendre la pression juste en me regardant avec ce petit sourire aux lèvres.
"Dis, ça te tente un film, après ? J'ai en pleins à voir et j'ai pas trop de temps pour en voir.
- Va-y, tu proposes quoi ?"
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La nuit pleure aussi.
Ficção AdolescenteLe bonheur, pour Astrée, c'est quelque chose de très simple. Le bonheur, pour Benjamin, c'est que des trucs qu'on voit dans les chansons.