13. un pancake et un message.

133 36 29
                                    

J'AVAIS ETONNAMMENT bien dormi, cette nuit là. La chaleur des bras d'Olivier était réconfortante. Plus que je ne l'avais pensé, à dire vrai.

Je m'étais réveillée et il devait probablement encore dormir ; mais je me sentais bien, là, avec son bras qui me serrait la taille. Je me sentais en sécurité, parce que son odeur était rassurante et que j'en étais enveloppée de toute part.

A bien y penser, je ne voulais plus bouger. Je voulais encore me rendormir ; je me sentais vraiment en paix avec moi-même, dans cet instant là.

Mais il finit par se réveiller et, pensant que je dormais encore, sortit du lit sans faire de bruit.

Lorsque je descendis, il avait sorti les ingrédients nécessaires aux pancakes, une cigarette pas encore allumée entre ses lèvres. Le garçon avait allumé la musique et marchait en rythme sur la mélodie de Don't you forget about me.

Moi qui n'était pas forcément aussi énergique le matin devait avouer que je l'enviais. Alors qu'il allait sortir pour fumer, je m'avançais vers lui.

"Je t'ai réveillée ? demanda-t-il, l'air inquiet.

- Non, non, j'arrivais pas à me rendormir.

- Je vais fumer, tu m'accompagnes ou tu supportes toujours pas l'odeur ?"

J'haussais les épaules ; pour une fois je pouvais bien essayer de faire un petit effort pour lui. Et puis, je préférais supporter la fumée de sa clope plutôt que de rester seule, les bras ballants, à attendre qu'il revienne en comptant les spots du plafond.

Je m'assis alors dehors avec lui, le plaid qui traînait sur le canapé posé sur mes épaules.

"Je suis pas super bavarde le matin, tu m'excuseras.

- C'est pas grave, t'as pas besoin de me parler, j'aime bien quand t'es là."

Je lui souris, sentant la chaleur de ses mots se diffuser dans mon coeur.

"T'as commencé comment à fumer ?

- De base, je voulais juste ne pas crapoter. Du coup j'ai essayé, et puis, bon, j'ai commencé à essayer en soirée, puis à accompagner mes potes fumeurs et à fumer avec eux. Les fins de clopes, puis les clopes taxées, puis j'ai acheté mes paquets.

- C'est nul, comme histoire.

- C'est clair, j'ai plus glorieux. Mais c'est toi qui m'a demandé, t'as pas le droit de te plaindre."

Je le regardais faire sortir de la fumée de sa bouche avec une certaine fascination. Je n'avais toujours pas compris ce qu'il pouvait me trouver, alors qu'il était sérieusement mignon. Que moi, j'étais fade.

"Ca tient pas debout, ton raisonnement, protestai-je.

- Bien sûr que si !

- Si jamais un jour je te demande de faire une ratatouille et que ta ratatouille est dégueulasse, j'aurais pas le droit de te le dire, sous prétexte que c'est toi qui l'a fait ?

- Exactement, affirma-t-il avec un sourire taquin."

Je poussais un soupir exagéré, soulevant ainsi une mèche de mes cheveux. Il me répondit avec un rire espiègle.

"C'est un comportement très vierge, ça, Astrée, de vouloir critiquer à tout prix ce que je fais.

- Tu crois en l'astrologie ? C'est pas des conneries, ça ?

- Je trouve ça marrant, fit-il simplement."

Il écrasa sa cigarette dans un cendrier et me fixa de nouveau ; ses yeux bleus avaient toujours cet éclat malicieux et intelligent.

La nuit pleure aussi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant