Départ de Séoul

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Anders fixe sa valise, ouverte sur son lit, et attrape le dernier t-shirt encore déplié qui patiente depuis cinq minutes. Le jeune homme dépose ensuite tous les souvenirs qu'il a achetés pour sa famille et ses amis, puis saisit le sac resté dans une des poches de la valise. Il n'a pas encore osé le remettre au danseur et, un peu lâchement, a attendu le dernier jour. Peut-être lui donnera-t-il aujourd'hui, juste avant de repartir pour l'Allemagne. Avec un peu de chance, ceci lui offrira une distraction bienvenue pour au moins l'empêcher de pleurer devant le Coréen.

Anders referme sa valise d'un geste lent et pousse un long soupir, pour ensuite jeter un œil à son téléphone portable. Son avion part à quatorze heures. Sung-ki lui a donné rendez-vous à dix heures trente au pied de son hôtel, et il lui reste encore dix minutes avant de pouvoir quitter sa chambre. Le Suédois ne tient cependant pas en place et il préfère descendre jusqu'à la réception plutôt que de tourner en rond à trop réfléchir.

Lorsqu'il est parti de Francfort, une semaine plus tôt, il l'a fait sans idée préconçue, juste heureux de retrouver Sung-ki après près de quatre mois de séparation. Aujourd'hui, cette dernière s'annonce douloureuse, car quand se reverront-ils ? Rien n'est plus pareil, et ces baisers qu'ils ont échangés bien à l'abri dans l'appartement de 21st June sont autant de souvenirs qu'il ne veut pas laisser derrière lui. 

Il ne peut pas rester ; Sung-ki ne peut pas venir avec lui, et ils s'apprêtent à mettre à nouveau des milliers de kilomètres entre eux, à s'abandonner à un futur incertain où la distance est une menace.

Anders ne regrette pas ces attouchements, les confidences soufflées loin des autres. Il aurait simplement voulu y goûter encore.

Le cœur lourd, le hockeyeur sort de sa chambre et se dirige vers l'ascenseur. Lorsqu'il arrive au niveau de la réception, il s'approche du comptoir pour signaler son départ et remettre sa clé électronique, puis s'installe sur l'un des canapés près de l'entrée. Il attrape son téléphone, ouvre l'application de messagerie qu'ils utilisent pour se parler et envoie un message vocal au danseur.

Je t'attends.

Ces trois mots portent bien plus que ce qu'ils laissent entendre.

Une réponse ne tarde pas.

On est presque là, mais il y avait un peu de circulation ! Mais on arrive !

Même si l'heure des adieux s'apprête à sonner, le ton de Sung-ki est toujours positif, enjoué — loin de l'exception de la veille au soir, lorsque l'idol contait l'histoire inachevée de Min-joon Park.

Anders ne sait s'il doit être soulagé de savoir que Sung-ki sera bientôt près de lui ou se mettre à paniquer. Pourra-t-il retenir ses larmes lorsqu'il devra lui dire au revoir pour une durée indéterminée ?

Quelques minutes plus tard, le Sud-coréen apparaît dans le lobby. Il est masqué, comme une semaine plus tôt quand il l'a réceptionné à l'aéroport où il le raccompagne aujourd'hui.
— Je suis là ! Tu n'as rien oublié ?
Il se penche sur Anders, lui offre une accolade avant de tendre sa main pour le relever. Le hockeyeur se retient de prolonger leur étreinte et se redresse avec un sourire forcé. Sung-ki est de bonne humeur, comme toujours, et le Suédois ne veut pas l'accabler.

— C'est Elian qui est venu avec moi aujourd'hui à la place de Kyung-hwan, parce que c'est sa mère qui nous conduit au lieu de Manager Kim ! Elian a proposé ; madame Hayes a téléphoné à Manager Kim, qui a dit oui. Du coup, on sera moins surveillés et chronométrés qu'à l'arrivée ! Même si Manager Kim nous a donné une heure de retour bien précise, évidemment, car en plus, on est en semaine et on a du boulot...
Sung-ki parle beaucoup, comme toujours, alors qu'il guide Anders qui, lui, se tait, jusqu'à l'Audi noire en stationnement.
— Tu mets ta valise dans le coffre ?
— Oui, oui, bien sûr.
Le hockeyeur dépose ses bagages, mais garde avec lui un petit sac qu'il pose sur ses genoux une fois installé à l'arrière du véhicule.

Soleil invaincu (2e partie)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant