La Floride en avril (4)

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Anders pousse un long soupir, ferme les yeux, puis se laisse tomber en arrière sur la couette, les bras en croix. 

Il a envie de Sung-ki, envie de sauter le pas, mais la présence des amis du jeune homme dans la maison — certes, assez grande pour leur donner l'impression qu'ils sont seuls —, tous les achats à effectuer, lui tendent les nerfs comme des cordes de violon. Le danseur n'a toutefois pas l'air perturbé le moins du monde par la perspective, et c'est un soulagement pour le Suédois qui peut ainsi se raccrocher à la candeur presque flegmatique de son petit ami.

À présent, le jeune homme appréhende l'acte en lui-même. Les réactions de Sung-ki sont encourageantes jusqu'à présent, mais qu'en sera-t-il vraiment ? Anders a peur de mal faire, peur de se tromper ou de ne pas être à la hauteur des attentes du Coréen, qui a même décidé de regarder un porno histoire de parfaire une éducation sexuelle totalement vide, au risque de s'agripper à des clichés tout droit sortis du monde des fantasmes.

Si, en plus, le hockeyeur se met à songer au fait que tous les amis du jeune homme, la sœur d'Elian, et peut-être même les parents de ce dernier seront au courant, il est presque certain qu'il passera le reste de son séjour ici le rouge aux joues et le regard bas.

Mais est-ce si grave, au fond ? Dans la maison des Hayes ne se trouve aucun jugement. Sung-ki peut être lui-même sans crainte, et Anders sait qu'il ne le reverra pas avant longtemps. Et puis, sous la gêne, le désir est bien présent — plus fort, il l'espère.

Lorsque la porte s'ouvre à nouveau, Anders se redresse sur les coudes et sourit au danseur, dont le visage heureux suffit à balayer ses doutes. 

Sung-ki revient vers le lit et y lâche un tas de tissus colorés.
— Elian nous envoie des maillots si on veut profiter de la piscine ! Il dit qu'on peut y aller quand on veut ! Il demande juste qu'on reste habillés dedans, car la chambre de Reign et celle de ses parents ont vue dessus depuis le premier étage, haha. Les autres comptent aller flotter un peu dedans après le dîner, avec le dessert. Ça te tente ?
— Vu la chaleur, ça sera avec plaisir ! Et promis, je garderai mon maillot. Ça sera parfait pour aider un peu à la digestion.

Le danseur s'assied ensuite à côté de son compagnon.
— Sinon, j'ai bien transmis notre petite liste de courses ! Reign a proposé de dire au pharmacien qu'elle aidait un touriste coréen nommé monsieur Kim qui avait pris une chambre dans un hôtel tout près et ne parlait pas anglais, alors elle venait de sa part. Kyung-hwan a eu peur qu'elle le fasse vraiment et que Manager Kim soit furieux si ça revenait à ses oreilles ! Tu aurais dû voir sa tête : rien que pour ça, ça valait le coup !
Sung-ki rit encore au souvenir de l'expression tant incrédule qu'horrifiée arborée un instant par son meilleur ami, et Anders ne peut s'empêcher de rire avec lui. 

Après avoir soufflé sous sa frange, le danseur reprend :
— Mais Kyung-hwan a raison, quand même : si jamais Manager Kim est en poste dans la rue, la suit et la voit acheter ce genre de produit, ça risque d'être dangereux. Car on ne sait jamais qu'il se pose des questions ! Du coup, Reign a téléphoné à un ami bisexuel de la fac pour lui demander d'aller le faire pour elle, et il la retrouvera devant le resto caribéen pour lui donner dans un sac discret ! Mais ne t'inquiète pas, elle ne dira pas à son ami pourquoi elle a besoin de ça. Il ne saura même pas que son frère est revenu ou qu'il y a des gens chez elle aujourd'hui ! Il pensera que c'est pour elle, sûrement ! Bref, tout va bien !
Anders hoche la tête, soulagé.
— O.K., au moins, ça évitera qu'on se pose des questions sur elle si jamais elle croise des connaissances. C'est très gentil à son ami. Ça nous évitera d'y aller nous-mêmes...
— Moi, je ne pouvais en aucun cas, et même toi... En fait, Kyung-hwan pense que Manager Kim doit s'être posé quelque part non loin où il peut voir la maison. D'ailleurs, Elian espère que quelqu'un du quartier le trouvera louche et appellera la police ! Le pauvre Manager Kim, si ça arrive !
Sung-ki rit, mais secoue la tête.
— S'il veut, Elian peut toujours appeler lui-même. Ça sera parfaitement anonyme ! commente le Suédois.
— Manager Kim essaie de faire son job, alors lui faire ça, ce serait cruel !
— C'est vrai.

Soleil invaincu (2e partie)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant