CHAPITRE II - EPISODE 11

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J'ai réçu la convocation et me suis assuré qu'il s'agissait bien de moi.
Mon nom y était scruté sans aucune faute.
Convoqué : Salam BAH
Suite à la plainte deposée à votre encontre par Mr Alpha BARRY pour complicité de.........ainsi de suite comme vous le savez.
Je savais déjà que ne pas me présenter serait aggraver mon cas.
Je suis donc allé avec Baldé et Kourouma.Si je dois être emprisonné sans raisons,autant que ce soit en présence de temoins.
Je n'ai pas osé parler à Maman.Elle se serait affolée.
Un pas devant l'autre,mes amis et moi sommes allés nous pésenter au comissariat où le comissaire  attendait déjà.
J'étais très serein avant d'y être mais une fois sur place,mon cœur se mit à battre très vite.
Innocent ou non,ici,la justice est très loin d'être juste.Elle est toujours du côté du plus offrant.
Je pouvais d'ore et déjà sentir qu'il avait été payé pour me punir à tort.
À la porte du comissariat,deux vieux policiers jouaient aux dames pour sûrement faire passer le temps.
-Bonsoir messieurs dis-je.
-Bonsoir jeune homme,repondit celui qui était le plus gradé.Vous desirez?
J'ai fait sortir la convocation que j'avais réçu et la leur tendu.
-J'ai reçu cette convocation et je suis là pour repondre à l'appel du comissaire.
-Bien suivez moi.
Mes amis et moi suivâmes le monsieur qui nous conduisit au bureau du comissaire de police.
Il a tapé à la porte et attendit que son superieur nous autorise à entrer.
Il fit un garde à vous,les couilles bien serrées entre ses jambes,nous présenta et demanda à s'en aller.
Le comissaire avait le dos tourné et regardait par la fenêtre.Je ne sais quoi attirait son attention mais il ne fit pas face une seule fois pour repondre au vieux policier.Il se contentait de repondre par un Ouhoun d'accord.
La seule phrase censée qu'il ait dite je crois,ce fut quand il s'adressa à nous en disant:
-Entrez et asseyez vous.
On a pris place mes amis et moi et quelques instants plus tard,une dizaine de minutes je crois,il s'avança vers nous d'un pas claudicant et s'assit sur le confortable siège de son bureau.
Nous,tel des brochettes,on était assis sur un petit banc en bois qui nous tenait à peine.
-Bonsoir messieurs,il dit d'un respect très genant.
Très brièvement nous avons repondu à sa salutation.
Après,j'ai tendu la convocation qu'il pris et deposa sur son bureau.
-Alors,monsieur Salam,M.Barry a porté plainte contre vous parce qu'il croit que vous avez des informations sur sa fille qui est actuellement introuvable.Des informations que vous refusez selon lui de partager pour des raisons qui vous sont personnelles.Si cela s'avère être la realité,vous risquez une longue peine vous savez?
-Vous voulez que je reponde à la question où vous voulez savoir si oui ou non j'ai des informations.Repliquai-je.
-Bien si vous avez quelque chose à nous faire savoir qui puisse aider à retrouver la fille de M.Barry,c'est avec plaisir que je serai à votre écoute.
-La fille de ce monsieur,est mon amie.Nous entretenons de bonnes relations elle et moi.Si moi aussi j'avais le moindre indice pour la retrouver je ne serai sûrement pas là.Je veux tout antant que vous,qu'elle revienne.
-Monsieur,une plainte est deposée contre vous.La verité est la seule chose qui puisse vous servir.Je m'en vais donc vous dire d'eviter de me baratiner.Une fois de plus,avez -vous oui ou non,des informations qui pourraient aider à retrouver mademoiselle Djenab?
La verité ! Il voulait la verité ou du moins c'est ce qu'il nous faisait croire.
La verité pour lui,serait que j'avoue être coupable des faits qui me sont reprochés même si ce n'est pas le cas.Moi je n'avais aucunement l'envie de lui faire ce plaisir.
Je ne savais rien et ça resterait comme ça quoi qu'il arrive.
-Je ne sais rien monsieur.Je suis juste accusé à tort par un monsieur qui m'en veut d'être ami avec sa fille.Tout le mal que j'ai commis c'est de me lier d'amitié avec la gosse d'un riche moi qui vient d'une plus basse classe sociale.
Après ces mots,il annonca officiellement la fin de l'entretien.
-Maintenant que vous n'avez plus rien à me demander,je peux rentrer chez moi?Ma mère va beaucoup s'inquieter si elle ne me voit pas.
-Désolé de vous le dire mais nous devons vous mettre en garde à vue en attendant que cette situation soit clarifiée.
Je crois que le monde s'est arrêté de tourner quand il a prononcé ces mots.J'allais pour la première fois,être en taule.
-Je suis innocent ! Vous envoyez en prison un innocent ! Disais-je en mimant un écho.
C'était peine perdue.Mes cris de cœur tombaient dans les oreilles d'un sourd.
Il demanda qu'on me mette finalement en cellule au lieu de la garde à vue.
-Tu te calmeras là-bas sûrement.Dit-il sans pitié aucune.
Mes amis étaient peinés.Peinés de me voir taulé sans motif mais surtout peinés de ne rien pouvoir faire pour me sortir immédiatemment de là.
J'ai crié de plus belle et l'officier chargé de me mettre en cellule me hurla dessu.
-Alors tu la fermes clabaud?
Ils me mettent injustement au gnouf et me traite de clabaud en plus.
Après ce genre de traitement,comment voudraient-ils que les jeunes ne les haïssent pas?
-Combien vous a-t-il donné pour me faire porter le chapeau?
Son ami de l'autre côté lui dit ceci:
-Kha moutinfé doundoudé, a dèèbo qui veut dire,traduit litteralement du soussou, s'il se tait pas casse lui sa gueule.
Je fus donc mis en prison.J'ai regardé l'exterieur à travers la petite ouverture sur la porte en fer.
Des gens qui passaient par là,me lançaient des regards curieux et interrogateurs.Moi cela me genait.
Kourouma et Baldé se sont approchés pour me donner quelques consignes pour ne pas me laisser guider à brides abbatues à une culpabilité.
-Tu ne changes surtout pas de version quoi qu'ils te fassent.Compris ?
-C'est compris les gars.Je voudrais que vous partiez dire à ma Maman ce qui vient de se produire.J'aurais voulu qu'elle n'en sache rien mais les choses ont pris une autre tournure.
Dites le également à Baki.
-Ne t'en fais pas Crazy .
-Merci les amis.
Je savais Baldé très bavard malgré sa bonasserie.Je ne pouvais donc pas lui dire où se trouvait Zé.
J'ai donc demandé à ce qu'il me laisse m'entretenir avec Kourouma.
Lui c'était un veritable coffre-fort à secret malgré ce visage tout le temps tendu et grave qu'il affichait.
-Djo,dis-je,la fille se trouve à.....(je me reserve aussi de vous donner le lieu exact.Peut-être que vous aussi vous ne savez pas garder un secret).Va lui dire que je suis en prison et qu'elle seule peut me permettre de quitter cet endroit.Garde toi surtout de le dire à notre ami.Tu sais comment il est.
Après qu'ils soient partis je me suis arc-bouté au mur de la cellule avec la ferme intention de quitter avant la nuit.
Je crois que tout ceux qui sont allés en prison,pour la première fois ont eu ce reflexe.
Les gars que j'avais trouvé là-bas me demandèrent de m'asseoir mais moi je trouvais le lieu très impropre pour que je me siegea.
-Tu finiras par t'asseoir l'ami.Tu vas même te coucher.Personne n'est sorti d'une prison en moins de 24h sauf s'il a un lourd appui derrière.
Il avait raison le type qui me l'a dit.J'ai bien fini par accepter que ma liberté confisquée.
Ma famille,bref ma mère et moi n'avions pas assez de moyens pour acheter ma liberté.Le père de Djenab payerait le triple en un claquement de doigt.
Ma mère a appris la nouvelle après qu'elle soit rentrée de son travail.On m'a appris qu'elle s'est evanouie.
Elle est venue me voir quand elle a repris conscience.
Ça me peinait encore plus de dialoguer avec elle à travers des barreaux.Elle a longuement plaidé le commissaire pour que je recouvre ma liberté mais je savais qu'elle se fatiguait pour rien.
Seul Dieu pouvait m'aider.Alors j'ai commencé à prier.
Les premiers versets de la sourate AD-DÛHA  furent ceux qui me vinrent premièrement en tête.

Par le Jour Montant!

Et par la nuit quand elle couvre tout!

Ton Seigneur ne t’a ni abandonné, ni détesté....

SALAM,l'itinéraire d'un jeune dans le ghettoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant