CHAPITRE III - EPISODE 5

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-Il n'avait pas fini la première poche quand son pouls s'est arrêté.Le docteur a fait de son mieux Salam.Ils ont tenté de lui reanimé mais il n'y avait plus de chance son cœur ne battait plus.
Baldé me parlait le visage noyé dans ses larmes.

J'ai tenté de contenir  ma douleur mais je ne pouvais pas.J'aimais Kourouma comme un frère.Je ne sanglotais pas mais mes larmes sortaient sans arrêt.
Un instant je me calmais mais aussitôt que les souvenirs des moments qu'on a passé ensemble me revenaient,aussitôt je me remettais à pleurer.

De toutes les morts,celle d'un jeune est sans aucun doute la plus triste.
D'autant plus qu'il n'avait pas engendré.Il venait de disparaître en quelques sortes.
Il a emporté avec lui tellement de rêves.
Je me rappelle encore de ce qu'il me disait vouloir faire dans dix ans.

-Bah,me disait-il,un jour je vais arrêter cette vie et tenté de quitter ce pays sans espoir.
Je partirai et reviendrai riche si Dieu le veut bien.Ensuite je me marierai à une jolie femme peulhe et je mettrai bien les miens.J'espère que tu m'en trouveras une belle épouse frère.

-Bien sûr Kourouma.Mais tu n'as pas de chance,ma grand mére est decedé je repondais tout en rigolant.

Un homme avec un aussi bon cœur comme Kourouma,qui ne rêverait pas de l'avoir comme mari et gendre?
Je lui aurais offert ma sœur si j'en avais mais hélas...

Bon Dieu,pourquoi lui et pourquoi maintenant?
Mais Allah sait mieux que nous ce qu'il y'a de bon ou mauvais pour nous.

Le docteur s'est avancé vers nous et nous dit:

-Toutes mes condoléances.Si vous voulez le voir c'est maintenant.
Nous nous appretons à preparer le corps pour la morgue.

Comme s'il n'avait pas de nom,on l'appelle desormais corps.J'ai voulu dore au docteur qu'il s'appelle Kourouma mais je me suis juste contenté de repondre que nous voudrions être seuls avec lui.
Les autres me laissaient parler comme si j'étais leur porte parole ou chef.Et pourtant ils ont été là avant moi mais cela ne me gènais aucunement.

Une fois à l'intérieur,on l'a vu là,les yeux fermés et le visage souriant.C'était comme si l'ange de la mort lui avait promis une vie après la mort bien meilleure dans des jardins fleuries et des femmes au teint plus brillant que le soleil.
Il y'avait du sang sur ses narines et son corps était devenu glacial.
Nous voyait-il lui?Pouvait-il sentir de là où il se trouve toute la tristesse qu'on ressentait?
Je l'espère .

-Mon frère,on a pas partagé le même ventre,on a pas eu le même sang mais je suis fier que le mien soit le dernier à être en contact avec ton corps à ton vivant.Lui disais-je comme s'il pouvait m'entendre.

-C'est cette terre que tu as quitté.C'est ton corps qui sera six pieds sous terre mais dans nos cœurs tu resteras dans une place de choix jusqu'à ce que nous te rejoignions.Rencherit Idrissa.

-Ce fut un honneur d'avoir partagé tout ces moments avec toi mon frère.
Nous ne t'oublierons jamais.Enchaîna Baldé.

-Bon je crois que nous devons laosser les docteurs faire leur travail à présent.Dis-je.

On a ensuite appelé Baki et la famille de Kourouma pour leur informer.
Puis je suis rentré à la maison près de Djenab qui s'inquiétait.

-Enfin tu es revenu.

-Oui

-Tu es si triste.Qu'est-ce qu'il s'est passé?

-Il est déc....décé

Les mots n'ont pas accepté de sortir mais elle l'avait compris.

Elle m'a tenu dans ses bras et m'a demandé d'être fort.
Ce qui m'a d'ailleurs étonné car d'habitude c'est plutót les hommes qui tiennent ce discours.
Elle pleurait elle aussi mais elle arrivait quand même à se retenir plus que moi et ça se comprenait.Elle n'avait pas assez vécu avec lui.

Les premiers rayons de soleil ont frappé mon visage.Il faisait jour et j'avais dormi à terre,assis la tête sur le lit.
Comment ai-je pu dormir ?
J'ai dû être épuisé à force de pleurer et me rememoré de tout ce que j'ai vécu avec lui.

Djenab était déjà debout et balayait la cour.
Je me suis levé,ai salué ma mère me suis brossé les dents et fait une bise à ma femme.
J'ai ensuite prier les deux rakkats du fajr bien que c'était tardif.
Maman m'a addressé ses condoléances.
C'est Djenab qui le lui a informé.

-Bon je vais aller à l'hôpital voir si sa famille est venue.

-Dejeûne avant.Me demanda ma mère.

-Ça attendra.

-Elle a raison chéri.Mange quelque chose avant de sortir.C'est pas bon de prononcer le nom de quelqu'un le matin sans avoir avalé quelque chose.

-Oh ce sont des superstitions tout ça chérie mais pour vous satisfaire,je prendrai une cuillère de riz rassi.

Quand je suis arrivé à l'hôpital,ils étaient tous là.Baki,sa famille et tous les autres.
Ils ont décidé de ramener le corps à Kankan m'a-t-on appris et la voiture était déjà prête.
Je n'assisterai donc pas à l'enterrement mais Dieu sait que j'aurais aimé.

SALAM,l'itinéraire d'un jeune dans le ghettoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant