Je suis mal à l'aise.
Dans cette pièce relativement petite, décorée de trophées sur des étagères, de maillots encadrés sur les murs et de bannières de différents championnats, éclairée par trois néons légèrement dont un clignote un peu, faisant trembler la lumière de ses yeux qui quittent son écran et se posent sur moi, chargés de jugement... et d'animosité. Je n'ai jamais ressenti ça, un tel malaise, une telle présence, une telle aura qui vous écrase et vous donne envie de prendre vos jambes à votre cou. Au point où l'air semble irrespirable et vous devenez conscient de chaque partie de votre corps, terrifié à l'idée de faire un faux pas, de dire quelque chose de travers. Je me suis moult fois retrouvé dans des situations de vie ou de mort, mais je n'ai jamais ressenti ça.
Mais aujourd'hui, Leonardo Ricci me fait ressentir cela alors qu'il me quadrille du regard, silencieux, depuis bientôt deux minutes.
Il sourit.
Hein ?
— Tu étais passé où ?
— Hein ?
Il tourne son ordinateur qui affiche un match, celui de la pratique qui a eu lieu il y a deux semaines lors de mon essai. On m'y voit prendre part à la majorité des actions, marquer, célébrer, me remettre en position, recommencer.
— Tu n'apparais sur aucun registre des équipes des écoles secondaires de la région, un talent pareil aurait déjà fait parler de lui depuis longtemps.
Oh...
— Je n'avais pas trop le temps de m'investir dans l'équipe. Je jouais juste pour le plaisir avec mes amis qui en faisaient partie.
Je venais de me faire recruter par The Players.
— Le plaisir, dit-il en ramenant son écran à lui avant de regarder la vidéo. En effet, tu sembles y prendre beaucoup de plaisir, j'ai rarement vu quelqu'un aussi enthousiaste sur le terrain. Tu as carrément rechargé les autres. C'était... formidable, termine-t-il en souriant.
Ah... mon analyse était-elle erronée ? Jusqu'ici, il m'a paru froid et j'avais même l'impression qu'il avait quelque chose contre moi.
Je sais pertinemment qui se tient devant moi ; Leonardo Ricci, quatrième du nom. Je sais qui est son père et ce que représente sa famille. Je sais que ce ne sont pas le genre de cible que prend The Players à cause du danger que représente chacun des Ricci. J'ai été fichtrement surpris de le voir dans le domaine académique. Mais apparemment, il est un de ses enfants qui ne veut rien à avoir avec ce que font leurs parents.
Il est inactif dans le monde du crime. C'est juste un étudiant. Il ne représente aucun danger alors pourquoi est-ce qu'il m'inspire autant la terreur ?
À la manière dont il me regardait il y a deux minutes j'aurais juré qu'il me transperçait et qu'il savait tous mes secrets. J'ai commencé à me préparer à me défendre. Mais là, sa réaction est tout autre ; il me complimente, me félicite, me sourit, se montre amical.
— Merci.
— C'est moi qui te remercie d'avoir quand même tenté ta chance, j'ai passé la nuit à regarder cette vidéo, je... wow ! Même moi je ne jouais pas comme ça ! s'émerveille-t-il en posant ses mains sur sa tête.
Là, je vous avoue que j'ai envie de rougir. Leonardo Ricci est aussi un des meilleurs joueurs que cette université n'ait jamais eu. Il n'a jamais été professionnel, mais je le connaissais déjà, il y a trois ans. Toutes les photos et les trophées qui décorent l'aile des sports en témoignent. Ça, c'est sans compter ceux de la lutte et du baseball. Une machine.
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The Players |Tome 1| - Lies
RomanceLe temps d'une nuit, Heidi Mäkinen se retrouve otage du Joker, un fugitif en fuite et en mauvaise posture. Ce dernier tombe sous le charme de sa captive et lui ouvre les portes d'un univers qu'elle n'aurait jamais imaginé intégrer: The Players, une...