V - nightmare.

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-          Il faut que nous vous emmenions à l'hôpital pour des examens. Vous devez avoir une commotion.

-          Je m'en fous. Je veux juste savoir comment va mon petit frère.

-          Il a subi beaucoup de dommages. Il n'a pas beaucoup de chance de s'en sortir, désolé.

Je me réveille en criant. Les larmes inondent mes joues et je suis prise de sanglots incontrôlables.

- Maïa !

Marcus est au-dessus de moi, appuyé sur ses coudes, et sèche mes larmes avec ses mains. Je regarde ses yeux bruns rassurants et j'ai soudainement envie de son réconfort. Mes lèvres attrapent les siennes et mes jambes s'enroulent autour de son bassin, le tirant pour qu'il rencontre mes hanches. Malgré qu'il réponde à mon baiser et qu'une bosse se forme dans son pantalon, je sens qu'il lutte contre mes jambes.

-          Arrête, Maïa. Je ne te ferai pas l'amour maintenant.

-          Je ne suis pas désirable ?

J'ai l'air d'une petite fille à qui on vient de refuser un bonbon. Tellement pitoyable.

-          Tu es toujours désirable, mais je ne te ferai pas l'amour parce que tu viens de faire un cauchemar.

Je croise mes bras sur ma poitrine ce qui déclenche son rire. Je me mords les joues pour ne pas sourire à mon tour alors qu'il sort du lit et commence à remettre son pantalon.

-          Je peux savoir ce que tu fais ?

-          On va aller faire un tour en ville.

-          Il est presque une heure du matin.

-          Et alors ? il hausse les épaules.

Je souris et me lève à mon tour avant de me diriger vers mes cartons où se trouvent mes habits. J'habite avec lui depuis deux jours mais je n'ai pas déballé mes cartons pour ne pas à avoir à les refaire pour quand nous partirons à Manchester.
Je m'habille rapidement et sors une paire d'escarpin que j'enfile à mes pieds. Je sens les deux bras de Marcus enrouler ma taille et son parfum envahir mes narines.

-          J'aime tellement quand tu mets des talons, ça rend tes chevilles sexy, il me chuchote à l'oreille.

Il profite de notre position pour me mordre le lobe avant de se retirer et d'aller m'attendre dans le salon. Je souffle pour essayer de me détendre et pose mes mains sur mes joues qui sont devenues rouges.

-          Tu ne m'as jamais parlé de toi, me dit le mancunien.

-          Toi non plus.

Nous marchons depuis une dizaine de minutes.

-          Tu dois pouvoir retrouver mon histoire complète sur Wikipédia.

-          Je suis sûre qu'il y a plus que Marcus Rashford, joueur professionnel de football.

Il attrape ma main et entrelace nos doigts. Ce geste me fait sourire inconsciemment, mais je redescends très vite sur Terre quand l'idée qu'il s'attache à moi me traverse l'esprit.

Il hausse les épaules et je déteste ça. Je sais qu'il a l'air tellement sûr de lui, à chaque instant, et pourtant, il est rempli de doutes et ça me fend le cœur.

-          J'ai une question à te poser, déclare-t-il soudainement.

-          Je t'écoute.

-          Est-ce que tu comptes fonder une famille ?

-          Je ne sais pas, je n'y ai jamais vraiment pensé.

Un mensonge. J'y pense trop souvent à vrai dire. Je n'ai pas envie de fonder une famille si c'est pour ressembler à ma mère. Puis j'ai tellement fait de mal autour de moi, je n'ai pas envie de recommencer.

-          Tu comptes parler à tes parents ?

-          Peut-être.

-          Réponds-moi, Maïa. Tes réponses sont courtes et pourtant, je sais que tu en penses tellement plus.

-          Je ne sais pas ce que je vais faire. Ma mère m'a fait du mal, j'en ai fait beaucoup aussi et je n'arrête pas de me répéter que si je suis devenue escort-girl, c'était juste pour ennuyer ma mère jusqu'au bout.

Je ne suis pas ce qu'on appelle quelqu'un de bien. Je pourris l'existence des gens, les détruits, et quand tout ça est fait, je trouve encore quelque chose pour leur montrer que c'est moi qui ai le dernier mot. Je suis égoïste et je déteste ça.

  Marcus s'arrête soudainement et sort son portable de sa main libre, l'autre étant toujours dans la mienne. Il lance alors une musique calme, un slow. Il me tire vers lui et place ses bras autour de mes hanches.

- Marcus, on...

- Chut... Juste une danse, dans le silence le plus complet. Profite juste de cet instant.

Je ferme alors les yeux, pose ma tête sur son épaule et le laisse me guider par ses pas. Je ne le mérite pas parce qu'il pourrait me rendre heureuse, et pas moi.

La musique se termine mais nous continuons à tourner, dans le silence. Je ne dis rien et profite juste de lui, de ses mains posées sur ma taille, de son souffle dans mon cou, de son odeur.

Nous nous séparons finalement et marchons.

- Mon père est mort il y a trois ans. Il était militaire et il est mort en Afghanistan. La vie est mal faite. Ce sont toujours les meilleurs qui partent en premier.

- Ta mère vit toute seule, alors ?

- Non, mon père et elle se sont séparés bien longtemps avant qu'il ne décède. Depuis, elle s'est remariée et a eu un enfant avec son nouveau mari. Elle me détestait, me rabaissait et me comparait toujours à lui. J'ai toujours supposé que c'était parce que je ressemblais à mon père mais je n'en ai jamais eu la confirmation.

Je voudrais savoir ce que ça fait, que d'être aimée par sa mère.

- Tu penses qu'elle pourrait te faire du mal ?

Je ne sais pas. Mais je vois bien les gros titres des journaux affirmer  que Marcus Rashford se tape Anastasia Jimenez, la jolie petite  prostituée.

J'ouvre  la bouche pour m'apprêter à continuer de parler quand je me rends  compte que je viens de lui dévoiler mon identité complète.

-          Alors comme ça, tu t'appelles Anastasia ? me demande Marcus, un sourire aux lèvres.

𝙴𝚂𝙲𝙾𝚁𝚃 / 𝒥𝑒𝓈𝓈 𝐿𝒾𝓃𝑔𝒶𝓇𝒹Where stories live. Discover now