𝙴𝚂𝙲𝙾𝚁𝚃 / 𝒥𝑒𝓈𝓈 𝐿𝒾𝓃𝑔𝒶𝓇𝒹

XV - family.

Je ferme les yeux, ne voulant pas voir ce spectacle une seconde de plus. « Ce n'est pas ce que tu crois. ». Je hais ce genre de phrases toutes faites et qui ressortent plus que ce qu'elles ne devraient.

Cependant, j'ai envie – j'ai même besoin – d'entendre ses explications. Je suppose qu'il me sortira que c'était la seule, que c'était juste un soir, juste une fille.

Elle ne représentait rien pour lui, juste un coup d'un soir. Stupides et lamentables excuses que tout le monde sait trouver en quelques secondes.

- Je m'en fous de ce que je crois, de ce qui est vrai, de ce que tu vas me dire. Laisse-moi passer, dégage ta... nouvelle copine de mon – notre, ton, je ne sais que dire – appartement.

Je l'écarte de mon chemin et vais déposer mes affaires dans notre chambre alors que la jolie demoiselle que Marcus a ramené pour la soirée – juste pour la soirée ? Ne serait-elle pas déjà partie dans ce cas-là ? – est en train de se rhabiller en vitesse.

-  Écoute, tu es partie depuis presque une semaine. J'ai cru que tu ne reviendrais jamais, que tu fuyais.

J'aurais dû y penser, à cette explication-là.

Tout est de ma faute, je suis la pomme de la discorde. Crétin.

- Et puis on n'est pas ensemble.

- Tu as raison, on n'est pas ensemble. Je suis même sûre qu'on n'est pas fait pour être ensemble. Je vais m'en aller, et plus jamais on ne se reverra.

- Mais tu as dit que...

Il ne termine pas sa phrase. Sage décision.

- Ce que j'ai dit tout à l'heure, oublie-le. J'ai voulu t'accorder ma confiance, te laisser une chance, mais apparemment, j'avais tort.

- Je t'en prie, ne pars pas. Je me rachèterai.

Je ne réponds pas. Après tout, pourquoi lui exposer mon point de vue, si ce n'est pour envenimer les choses.

Parce que j'ai toujours eu une opinion bien en place sur les gens comme lui, infidèles : s'ils l'ont fait une fois, ils recommenceront.

Je ne crois pas en toutes ces secondes chances, débiles et qui finissent toujours par le même résultat : de la tromperie, des pleurs, des cris, des cœurs brisés.

-  Ma mère fait une sorte de dîner en compagnie de ses amis riches et modestes, ce soir. Tu es aussi invité. Ce sera notre dernière soirée ensemble. Sois chic.

Je finis par m'allonger, lui faisant comprendre que je n'avais plus envie de parler de ce sujet – ou plutôt de lui parler tout court.

Pour la deuxième fois de ma vie, je me mis à pleurer, juste pour un garçon.

***

L'ambiance dans la voiture est tendue. Marcus a plusieurs fois essayé de prendre la parole mais je lui ai à chaque fois fait comprendre que ça m'était égal.

Je voulais que la soirée de ma mère soit un fiasco et un feu d'artifice pour moi-même et je me rends compte que c'est moi qu'on a fait exploser et que le fiasco se produit dans ma tête.

Le chauffeur personnel de Marcus finit par s'arrêter devant la maison de mes parents.

Quand je veux descendre, je me rends compte que les portières sont fermées. Je me retourne alors vers le mancunien tout en soufflant.

- Laisse-moi juste m'expliquer, Ana.

- Tu t'es déjà expliqué tout à l'heure. Je n'étais que ta pute et c'est de ma faute parce que je suis partie pendant une semaine.

Et moi qui pensais que j'avais joué un double jeu et brisé la relation que j'avais avec lui en embrassant Eden, je m'étais bien trompée.

-  J'essayais juste d'oublier que tu... ne ressentais pas les mêmes choses que moi.

- Comme tu as commencé, je te laisse donc finir le travail tout seul.

J'essaye de paraître la plus forte possible, ne pas montrer qu'il m'a atteinte d'une quelconque manière.

Cependant, tout n'est que façade et jamais je ne réagirais comme ça s'il ne m'avait pas blessée de la sorte.

- Je te promets que je ne te laisserai pas partir comme ça, Ana. Je ferai en sorte de me racheter, parce que ce n'est pas de ta faute, parce que tu n'es pas une pute. Tu mérites bien mieux que moi et ce que je t'ai fait, mais je t'aime trop pour te regarder partir.

Pitié, laissez-moi sortir et pleurer toutes les larmes de mon corps dans les toilettes.

Je suis combattue entre être cette fille insensible, qui ne peut avoir le cœur brisé et qui ne succombe pas au premier discours tout beau et tout mignon, ou être la fille qui pardonne tout et à tout le monde.

Toutefois, je suis cette fille rancunière mais qui souffre d'aimer, ce qui fait le plus de mal.

- Laisse-moi sortir, je t'en prie, Marcus, je lui demande tout en le regardant dans les yeux.

Je vois son cœur se fissurer, comme le mien, à chacun de mes mots. Je pourrais presque le sentir et l'entendre.

Pourtant, je ne cède toujours pas, même si mes larmes commencent à faire faux bond à mes yeux.

J'entends le verrou se détendre et je sors rapidement de la voiture, courant aussi vite que mes talons me le permettent à l'intérieur, le mancunien sur mes pas.

***

Le dîner était parfait, enfin, pour ma mère. Elle a su correctement placé ses mots où il fallait et au bon moment, en posant des questions qui me rappelaient que Marcus avait brisé mon cœur.

Une soirée parfaite.

Quand je finis par me réveiller, mes joues étaient encore mouillées.

Je n'ai pas arrêté de rêver de Marcus cette nuit.

Et le pire dans toute cette histoire, c'est que j'aime encore rêver de lui.

Si le seul endroit où je pouvais le voir était dans mes cauchemars, je prierai d'en faire tous les soirs avant de m'endormir.

Je me sens tellement ridicule.

Je descends dans la cuisine où ma mère se pavane dans la cuisine, toujours en robe de chambre.

Elle donne joyeusement des ordres aux employés tandis que la radio tourne en bruit de fond.

- Tu as bien dormi, ma chérie ?

Je fronce les sourcils. Ma mère ne m'appelle jamais ma chérie, sauf si elle attend quelque chose de moi.

- Oui, merc...

« Eh oui, mesdemoiselles, le beau Marcus Rashford a finalement décidé de se caser. La nouvelle a été révélée anonymement hier soir. Anastasia Jimenez, jeune prostituée de luxe, aurait pris le cœur du beau brun en grippe. Alors, bonne ou mauvaise nouvelle ? »

J'ai failli m'étouffer en buvant mon chocolat chaud. Anastasia Jimenez, jeune prostituée de luxe ?

Ma mère sourit de toutes ses dents à côté de moi.

« L'information doit être publique demain... »

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