𝙴𝚂𝙲𝙾𝚁𝚃 / 𝒥𝑒𝓈𝓈 𝐿𝒾𝓃𝑔𝒶𝓇𝒹

XVIII - past.

- Pardon ?

C'est le seul mot que j'avais été capable d'expulser de ma bouche.

- Quand tu es partie... Je me suis promis de découvrir la raison pour laquelle ta mère s'était donnée tant de mal pour nous séparer. Et avec de l'argent, les secrets disparaissent aussi vite qu'ils sont apparus. Ton père s'est bel et bien rendu en Afghanistan, où il a fait la guerre. Mais... tu te souviens sûrement de la période très difficile qui a suivi l'accident de voiture que tu as eu avec ton frère ?

J'hoche la tête.

- Quand tu as eu ton père au téléphone, il a remarqué à quel point tu étais détruite et il savait que ta mère ferait tout pour te faire payer la mort de son fils. Après que tu l'ai supplié de rentrer, au moins pour l'enterrement, il a demandé une permission exceptionnelle, qu'on lui a accordé, non sans mal. Mais il ne t'a rien dit, sûrement pour te faire la surprise. Mais voilà, sur la route pour se rendre à l'aéroport, ton père et son escouade ont roulé sur des mines, sa voix se casse au fur et à mesure qu'il parle pendant que des larmes coulent sur mes joues. Ton père n'est pas mort sur le coup, mais le temps de prévenir des renforts et d'être emmené à l'hôpital... il était trop tard. Ta mère te l'a caché un moment, sûrement pour éviter d'avoir à perdre sa fille après avoir perdu son fils et son mari. Et après ça, elle a toujours considéré que, s'il avait pris cette route si rapidement sans se soucier des dangers qu'elle pouvait emmener, c'est parce que c'était TOI qui l'avait supplié de rentrer. Depuis, elle t'a toujours tenu pour responsable de la mort de ton père et elle n'a jamais cessé de t'en vouloir.

Trop c'est trop.

Je ne pus empêcher plus longtemps les larmes de dévaler mes joues.

Jesse s'accroupit en face de moi en prenant mes mains dans les siennes et, à vrai dire, je n'avais même pas la force de le repousser.

Tout ce dont j'avais besoin actuellement c'était qu'il soit là pour moi.

Je continuais de pleurer à chaudes larmes lorsque le mancunien releva ma tête a l'aide de son pouce et essuya les larmes qui perlaient sur mes joues.

- Arrête de pleurer Ana..., chuchota-t-il.

Et en quelques secondes, je me retrouvais agrippée à son cou, la tête dans le creux de sa nuque, cherchant désespérément un peu de réconfort.

Un de ses bras agrippa fermement ma taille tandis que son autre main se logea a l'arrière de mon crâne.

- Merci, murmurais-je doucement à l'oreille de Jesse, ce qui le fit frissonner.

Il ne dit rien pendant plusieurs minutes, me laissant évacuer toute la tristesse que j'avais accumulé pendant toutes ces années.

- Tu veux rester ici ce soir ? me demanda-t-il en se détachant un peu de moi.

Je me contentais d'acquiescer tandis que Jesse me répondit par un franc sourire.

***

Le mancunien m'avait proposé de prendre une douche, ce que j'avais accepté avec plaisir.

Et puisque je n'avais aucune affaire, Jesse m'avait gentiment prêté l'un de ses maillots de foot.

Si quelqu'un me voyait descendre les escaliers dans la tenue dans laquelle j'étais vêtue, il aurait pu croire que je venais de passer un moment torride avec le mancunien.