𝙴𝚂𝙲𝙾𝚁𝚃 / 𝒥𝑒𝓈𝓈 𝐿𝒾𝓃𝑔𝒶𝓇𝒹

XIV - trahison.

Il me cherche, ce n'est pas possible. Je ne sais pas ce qui me retient de partir de cette cuisine et de révéler le mensonge de mon meilleur ami à ses parents, comme il l'a fait avec la mienne. Peut-être parce que comme je l'ai si bien dit, c'est mon meilleur ami.

- Écoute, il commence plus calmement que précédemment, ils ont juste débarqué sans prévenir ce matin. Ils voulaient des explications, parce qu'ils ne supportaient plus de ne plus me parler alors qu'ils n'avaient jamais voulu entendre l'histoire au complet. Quand je leur ai expliqué que c'était pour toi que j'étais resté, ils ne pouvaient pas comprendre que je t'ai choisi toi, ma meilleure amie, face à sa propre famille. Je leur ai alors avoué que tu étais plus qu'une amie.

Je reconnais que son excuse est valable, mais jamais je ne lui avouerai mot pour mot. J'ai tout de même hoché de la tête avant de lever les yeux en l'air.

- Je t'accorde un quart d'heure, parce que j'ai vraiment un dîner avec ma mère ce soir.

***

Les parents d'Eden étaient finalement très gentils et très chaleureux. Je me suis pourtant, et à plusieurs reprises, demandée comment ça se serait déroulé si ça avait été les parents de Marcus.

Peut-être bien que ça me plairait de rencontrer ses parents, de leur dire que nous sommes heureux ensembles ou tout simplement d'avoir un avenir avec lui.

Au fond, peut-être qu'Eden a raison, peut-être que je me voile la face.

- Que faites-vous dans la vie, Ana ?

J'avais espéré que cette question ne survienne jamais.

Mais bien sûr, tous les parents aiment savoir si l'élu ou l'élue de son enfant a de bonnes perspectives d'avenir, ce qui n'est pas mon cas.

Il faut quand même avouer que « Je suis en réalité une escort-girl. » ne fait pas très classe devant les parents.

-  Je suis à l'université.

- Et qu'étudiez-vous ?

J'ai dit la première chose qui m'est passée par la tête : le droit.

La pire décision que j'ai dû prendre parce que sa mère avait l'air de beaucoup s'y connaître dans le domaine et me posait des questions auxquelles je ne savais répondre.

-  Il faudrait peut-être que tu y ailles, Ana.

-  Oui, ma mère doit m'attendre, ce qui devait être sans doute le plus beau mensonge de toute la discussion que j'ai eue avec ses parents.

Nous nous sommes levés et Eden m'a raccompagné jusqu'à la porte après que j'ai fait la bise à ses parents.

Celui-ci m'a déposé un chaste baiser sur les lèvres, comme il l'avait fait pour me dire bonjour mais ses parents sont intervenus.

- Ne vous privez pas pour nous. Surtout pas, a lancé son père.

Dans son ton, on pouvait même comprendre qu'il voulait vraiment nous voir nous embrasser. Probablement pour s'assurer que son fils était heureux.

Eden m'a lancé un regard désolé avant d'attraper mes lèvres plus fortement. Je suppose qu'il en profitait pour essayer de me faire passer ses sentiments, qu'ils voudraient bien être partagés.

Mais si ce baiser me prouvait que ce ne serait jamais le cas, il me prouvait également que ce n'était pas ses lèvres que je voulais, mais celles de Marcus. Celui-ci arrivait même à me hanter lorsque j'embrassais quelqu'un d'autre.

Sa délicatesse me manquait, son odeur, sa main qu'il place toujours dans le creux de mes reins, ses légers baisers dans mon cou,... Tout ce qui faisait de ses baisers un moment presque magique.

Et je pense que c'est à ce moment-là que j'ai réalisé que Eden avait raison et que je m'étais voilé la face. Quand j'ai eu fini de piétiner jusqu'au bout la relation que j'avais eu avec le mancunien en embrassant mon meilleur ami.

***

Quand la porte s'ouvre, je tombe sur un Marcus torse nu – pour le plus grand plaisir de mes yeux – qui m'accueille avec un sourire sincère.

-    Je sais que tu as du croire que je ne reviendrai pas et que je fuyais à cause de ce que tu as dit l'autre fois. Je n'ai pas envie de mentir. J'ai pris peur ce soir-là, parce que je ne me suis donnée qu'une seule fois cœur et âme dans une relation avant toi. Mais, je suis prête à réessayer, juste pour toi.

Son silence me rend folle. J'ai imaginé cette scène pendant tout le trajet, voyant Marcus sourire, m'embrasser – pleurer de joie ? – après mon discours. Mais je n'ai jamais envisagé qu'il perde son sourire.

- Marcus ?

Je perds à mon tour mon sourire en regardant par-dessus son épaule.

- Non, attends Ana, ce n'est pas ce que tu crois...

***