IX - confession.

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Je me réveille lorsque j'entends la porte de la chambre s'ouvrir. Il fait encore nuit. Je ne distingue pas la silhouette de Marcus mais je le sens s'allonger près de moi.

Sans un mot, il enroule ses bras autour de ma taille.

- Quelle heure est-il ? demandais-je, encore dans les vapes.

- 3h12, me répond Marcus. Je voulais rentrer plus tôt mais j'ai eu besoin de parler avec mon meilleur ami.

Je me mords la lèvre. J'espère simplement que Jesse ne lui a pas tout dit avant que j'ai eu le temps de le faire.

- Jesse m'a tout raconté.

Putain.

- Mais j'aimerais avoir ta version des faits, ajoute-t-il.

Je ne peux pas. Pas maintenant. Pour simple réponse, je l'embrasse, passionnément, espérant secrètement qu'il oublie ce pourquoi il m'a réveillée. C'est lorsque mon tee-shirt se retrouve au sol que je souris, fière d'avoir pu gagner cette bataille.

**

- Alors, qu'est-ce-qu'il s'est passé avec Jesse ? me questionne Marcus alors que je suis dos à lui, alors que nous venons tout juste de terminer de faire l'amour.

- Je ne vois pas de quoi tu parles.

Un  jour, je prendrai des cours – en espérant que ça existe – pour  apprendre à mentir. Je n'ai même pas besoin de me retourner pour savoir  qu'il ne me croit pas.

-          J'ai eu un mal fou à t'arracher un orgasme alors ne me dis pas que tu ne sais pas de quoi je parle.

Je  rougis suite à ses paroles. Je me sens gênée parce que je n'ai jamais  été aussi absente lors d'une partie de jambes en l'air que celle de ce  soir.

-          Je n'ai juste pas envie d'en parler Marcus.

-          C'est bien ça le problème avec toi. On ne peut jamais engager une conversation sérieuse, crache-t-il amèrement.

Je  me retourne vers lui, surprise. La lampe de chevet est allumée ce qui me permet de remarquer que ses yeux évitent les miens et qu'il s'est volontairement éloigné de moi. Il se lève et enfile son sous-vêtement et  je finis par l'imiter.

-          J'ai le droit d'avoir une vie privée et un peu d'intimité dans mes réflexions, non ?

-          Je  veux juste te rappeler que ta vie privée, à présent, elle se limite à  moi. Et venant d'une pute comme toi, tes pensées ne doivent pas être  très profondes.

Je  reste neutre. Je ne veux pas lui montrer à quel point il me touche  quand il me dit des insultes faisant référence à mon métier. Parce que  j'ai beau savoir et assumer qui je suis et ce que je fais de ma vie, ses  paroles me font l'effet d'être une pauvre fille dans sa bouche.

Or, je  déteste penser qu'il m'a choisi moi parmi toutes les autres parce que je  lui faisais pitié.

-          Je  suis une pauvre fille, je te l'accorde. Mais pas parce que je suis une  pute, une prostituée, une catin ou je ne sais pas comment tu me  qualifies, mais parce que mon frère est mort à cause de moi et que j'ai tout quitté pour un mec qui a fini par me tromper. Je n'arrête pas d'y penser, même dans mes rêves. Et puis il y a mon  meilleur ami qui ne veut plus me parler, ma mère à qui j'ai toujours  fait honte, et toi. Toi qui veux toujours savoir à quoi je pense, ce que  je fais et ce qui ne va pas, comme si tu étais mon copain. Mais sache  une chose, Marcus. Je ne suis pas ta copine, juste ta pute, comme tu l'as si bien dit.

J'ai les larmes aux yeux mais je me retiens de pleurer. Marcus fait un pas vers moi mais je recule.

-          Je vais aller faire un tour, pour me calmer.

Je  pleure définitivement tout en me rhabillant. Je ne peux m'empêcher une  fois de plus de penser que je suis égoïste. Il a autre à faire que de se  préoccuper de moi. Le premier match de la saison est dans  quelques jours et je ne fais que de pleurer et lui attirer des ennuis.


***

J'erre depuis une heure en ville. Je marche dans les endroits où il y a de la foule, parce que tout un chacun sait que de se promener en ville quand il fait encore nuit n'est pas ce qu'il y a de plus prudent.

Surtout quand on est une fille, qu'on est toute seule et qu'on n'a rien pour se défendre, pas même une bombe lacrymogène.

Je finis par tomber sur un endroit qui m'est familier. L'endroit où Marcus et moi avons dansé un slow. Je m'en veux de m'être emportée tout à l'heure. Surtout pour ça. Je peux comprendre que Marcus ait envie d'en savoir plus sur moi, surtout maintenant que l'on doit cohabiter ensemble.

-          Je savais que tu viendrais ici, se fait entendre une voix derrière moi.

Je sursaute et mets ma main sur mon cœur, alors que le métis vient se poster devant moi. Je ne bouge pas tandis qu'il replace une mèche de cheveux derrière mon oreille.

-          Tu n'as jamais été une pute. Tu n'es pas une pute. Tu ne seras jamais une pute.

Je hausse les épaules pour ne pas provoquer une nouvelle dispute. Il fait une petite moue, pas très content que je ne sois pas du même avis que lui mais n'ajoute rien pour autant. Je suppose qu'il ne veut pas non plus reproduire la scène de tout à l'heure.

- Jesse ne t'a pas trompé.


***

𝙴𝚂𝙲𝙾𝚁𝚃 / 𝒥𝑒𝓈𝓈 𝐿𝒾𝓃𝑔𝒶𝓇𝒹Where stories live. Discover now