Tome II - IV. Game

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Je n'ai pas su me rendormir. Je me repassais ses regards remplis de désir, puis d'incompréhension et je m'imaginais celui rempli de tristesse, après l'avoir laissé seul dans le couloir.

Je finis par me lever pour aller prendre mon petit-déjeuner dans la cuisine où Jesse se trouve déjà. Je ne sais pas quoi faire, à présent. Faire comme si rien ne s'était passé ou mettre les choses à plat.

Je prends un bol dans l'armoire et me sert les céréales qui sont sur la table. Nous mangeons tous les deux en silence, plongés dans nos pensées.

Je ne sais pas où vont les siennes, mais les miennes ne peuvent s'empêcher de divaguer sur la pression que ses lèvres exerçaient sur les miennes hier soir – ou plutôt tôt ce matin – dans le couloir.

- Dis-moi ce que tu attends de moi, Ana. Parce que hier, tu avais clairement envie que je te fasse l'amour, ça se voyait dans tes yeux. Et puis tu as tout arrêté, comme ça, et j'ai pas compris. Alors dis-moi si tu veux que je t'embrasse ou que je t'ignore, ce sera plus simple.

- Ne m'ignore pas, s'il te plait.

Je ne me reconnais presque pas. Ma voix est suppliante alors que je ne fais jamais ça, supplier les gens.

- Alors merde, qu'est-ce que tu veux ?

Je ne réponds pas. Parce qu'après tout, qu'est-ce que je veux, si je ne veux pas coucher avec lui ? Je ferme les yeux et passe ma main dans mes cheveux, en signe de nervosité.

La seule chose que je sais, c'est que je n'ai pas envie d'arrêter de l'embrasser, même si je sais que je devrais m'éloigner de lui.

- On pourrait, je commence, hésitante, recommencer comme avant. Enfin, je veux dire, quand on était heureux toi et moi. Sans les parties de jambes en l'air, bien sûr.
- Sans, tu en es sûre ? il me demande, un sourire narquois sur les lèvres.
- Oui, sans.
- Tu ne tiendras jamais, Ana.
- Ah bon ? Tu en es sûr ? je le questionne, reprenant mot pour mot sa propre phrase.
- Absolument.

Mon regard ne quitte pas le sien alors que nous nous défions en silence. Après quelques minutes, nous nous remettons à manger, sans rien ajouter. Seulement en imaginant comment faire craquer l'autre sans tomber nous même dans notre propre piège.

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J'ai toujours trouvé ridicules les couples qui se lancent des défis pour faire avouer à l'autre qu'ils ont plus de... « sexe attitude » que l'autre. Mais maintenant que je me retrouve dans cette situation avec Jesse, même si nous ne sommes pas ensemble, je peux comprendre à quel point il est presque vital de gagner. Surtout avec lui, parce que je ne supporterais pas qu'il me le rappelle jusqu'à la fin de mes jours.

- Je peux vous aider, mademoiselle ?

J'enlève mes lunettes de soleil et la regarde avec un grand sourire. Bien sûr que tu vas pouvoir m'aider.

- Alors voilà, je cherche quelque chose de sexy. De vraiment sexy.

Je manque presque de rougir en imaginant la réaction de Jesse quand il me verra dans mon ensemble, mais qu'il ne pourra cependant pas me toucher.

Encore une fois, ce genre de pensées me fait sourire jusqu'aux oreilles, mais
j'essaie de me contenir pour ne pas que la vendeuse me prenne pour une folle assoiffée de sexe.

- Nous avons plusieurs modèles de petites nuisettes. Si vous les accompagnez de porte-jarretelle, je pense que ça devrait faire son petit effet.
- Je peux essayer plusieurs modèles ? je demande, un sourire de diable au coin des lèvres.

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Je ferme la porte de l'appartement après avoir récupéré mes quelques sachets des magasins où je suis allée et que j'ai posé pour pouvoir ouvrir la porte.

Quand je me retourne, je m'attends à voir Jesse torse nu quelque part, espérant me faire changer d'avis à la vue de ses abdos plus que bien formés. Mais il n'est pas là, ce qui m'accorde le temps de souffler quelque peu.

Cependant, je me fige directement en rentrant dans ma chambre. Le lit est couvert de pétales de rose, et une boîte de chocolats en forme de cœur se trouve sur la table de chevet.

Je souffle et passe ma main dans mes cheveux, en signe de détresse. Il ne peut pas faire comme ça, il ne peut pas se montrer doux, romantique et mignon. Parce que c'est sûr que je ne tiendrai pas longtemps, dans ce cas.

Je sors de la chambre après avoir attrapé les chocolats et appelle le mancunien. Je sais qu'il est là et qu'il attend ma réaction avec impatience. Il ne va pas être déçu.

- Je te promets, Jesse, que si tu n'es pas dans le salon dans moins de trente secondes, je me casse et je ne reviens plus jamais ici.
- Pas besoin de s'énerver, princesse.

Je me retourne pour lui faire face, mais je me rends soudainement compte de mon erreur. Il a juste une serviette passée autour de son corps et l'eau dégouline encore sur son torse. Je déglutis, ce que l'anglais ne manque pas de remarquer.

- Ben alors, bébé, c'est toi qui voulais que je sois ici le plus vite possible.

Je ferme les yeux pour ne pas m'énerver face à ses piques, et aussi pour ne plus voir son sourire de vainqueur. Mais s'il croit qu'il a gagné, il se met un doigt dans l'œil.

- Je ne veux pas de tes roses, de tes chocolats et encore moins de cadeaux tous plus chers les uns que les autres, Jesse. Ce n'est pas loyal. Parce que je ne veux pas que tu me donnes une bonne raison de t'aimer, mais juste une bonne raison pour coucher avec toi.

- Tu veux une bonne raison ? J'embrasse comme un Dieu, tu ne trouveras jamais de meilleurs coups de reins que les miens et tu n'as sans doute jamais autant crié que quand on se retrouvait au lit ensemble.

Je ne sais pas ce qui me donne le plus envie de rougir : qu'il ait raison ou qu'il le dise ouvertement devant moi.

- Je veux plus.

- Tu viens d'avoir plus, Ana, mais tu n'en veux pas. Alors soit tu ne sais pas clairement ce que tu désires, soit je suis un imbécile, il déclare, sur les nerfs.

Il passe une main dans ses cheveux encore mouillés, complètement frustré et perdu. Je sais qu'il attend que je lui dise ce qu'il doit faire, ce que j'attends réellement de lui. Mais je ne le sais pas moi-même.

Le beau brun finit par se rapprocher de moi, jusqu'à ce que son souffle cogne contre mon visage et que mes lèvres me supplient de les laisser embrasser les siennes.

- Tu veux que je te rende folle de moi, c'est ça ? Qu'à chaque qu'on se retrouvera dans une pièce tu aies envie de me sauter dessus pour m'arracher violemment mes vêtements ? Tu veux tout le temps avoir envie de coucher avec moi, même dans les endroits les plus fous ?

Mon ventre se tord de désir. Oui, c'est ce que je veux.

- Parfait, c'est ce qui se passera. La prochaine fois qu'on couchera ensemble, mon cœur, tu hurleras de plaisir rien qu'à l'idée que ce sera moi entre tes jambes.

Il effleure alors mes lèvres avec les siennes avant de s'écarter et de retourner dans la salle de bain, pour finir de prendre sa douche.

Princesse, bébé, mon cœur... Je suis déjà folle de toi, Jesse.

𝙴𝚂𝙲𝙾𝚁𝚃 / 𝒥𝑒𝓈𝓈 𝐿𝒾𝓃𝑔𝒶𝓇𝒹Where stories live. Discover now