Une musique vintage était libérée dans les hauts parleurs du foyer de l'unité de formation d'Eden. Il était un peu plus de 15 heures et la jeune femme était en pause, son prochain cours ne débutant qu'à 16 heures.
Don't mess with Bill de The Marvelettes avait une magie que la jeune femme ne trouvait plus dans aucune musique de nos jours. Les morceaux des années 50 voire 60 avaient tout : la sincérité dans l'amour mais dans la musicalité aussi.
A cette époque, on faisait de la musique pour chanter des sentiments ou une histoire alors qu'aujourd'hui, les vidéos clips comptaient même plus que les instruments ou le sens des phrases.
Eden l'avait toujours dit : elle aurait voulu vivre à cette époque. Peut-être aurait-elle était une pianiste connue ? Peut-être aurait-elle rencontré l'homme de sa vie ? Ou peut-être que non.
Désireuse d'arrêter de se torturer l'esprit avec des suppositions qui resteraient à jamais sans réponse, la jeune femme tapa du pied. Pour son plus grand bonheur, les étudiants qui s'occupaient du foyer aujourd'hui, avaient décidé de passer une playlist toute entière du genre.
Le stylo à la main, elle s'appliqua à décomposer le morceau. Si autrefois, ce genre d'exercice l'agaçait, elle avait fini par y prendre goût. Passer des années à étudier la musique et à appliquer les conseils de ses professeurs, changeait une personne.
Eden ne s'arrêta que lorsque son portable vibra, dix minutes plus tard. Abandonnant ses affaires sur le canapé, elle sortit de la salle pour répondre au numéro inconnu qui la contactait.
— Allô ? souffla-t-elle après avoir poussé la porte du foyer.
Elle se retrouva dans le couloir du bâtiment et un étudiant, trop occupé à discuter avec une jeune femme, lui cogna dans l'épaule. Sans excuse, le gars continua sa route.
— Mademoiselle Gregor ? répondit la personne à l'autre bout du fil.
Elle reconnut aussitôt cette voix. En tant qu'étudiante en musicologie et musicienne tout court, elle avait toujours accordé beaucoup d'importance aux tons des gens mais également à leur timbre.
Il s'agissait de Harry Studer, l'homme qui lui avait fait signer le contrat la liant à cet idiot de Chad Oliver. Chad Oliver qui s'était pointé sur son lieu de travail la semaine précédente. Rien que de penser à lui, Eden se sentit prête à exploser.
Dans la vie, il lui était déjà arrivé de ne pas s'entendre avec des gens, évidemment. Mais avec le rockeur, c'était un autre level. Ils avaient été comme chien et chat dès le premier regard. Et maintenant, il lui suffisait d'entendre son prénom ou une de ses chansons pour qu'elle ait envie de l'égorger.
Avant lui, elle ne pensait pas qu'une telle haine puisse être ressentie.
— C'est moi, oui, confirma Eden en réprimant un soupir.
— Harry Studer, le manager des PiercedHeart, à l'appareil. Je ne dérange pas j'espère ?
Elle faillit lui répondre que si et raccrocher. Mais elle ne le fit pas, car elle se rappela que l'homme aux tempes dégarnies qu'elle avait rencontré avait menacé de rompre son contrat chez Marcus.
— Oui, c'est pour quoi ?
Malgré cela, son ton n'était pas très engageant. Il ne fallait pas demander l'impossible non plus.
— Je voudrais savoir si vous pourriez vous libérer pour vendredi soir.
Eden comprit ce que cela voulait dire : son contrat débutait cette semaine. Elle aurait tellement aimé que cette affaire soit repoussée, encore et encore.
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Charmante essence
RomanceÀ vingt-neuf ans, Chad Oliver, qui a été découvert avec son groupe de rock PiercedHeart, a transgressé tous les interdits qu'on lui avait mis : alcool, drogue, sexe, violence et nombreux autres faux pas en public... C'est simple, dans les médias, on...