Chapitre 6 - La nostalgie du passé

161 37 3
                                    

Le Canada, le ranch, ses grand-parents, Jake, l'équitation, Eden soupira devant le tableau dans le petit salon. Sa maison lui manquait terriblement.

La châtaine en voulait parfois à sa mère d'avoir voulu déménager. Certes cela lui avait permis de rencontrer Toscane mais ses racines et son histoire étaient restées à la base, autrement dit en Amérique. Si elle avait pu faire suivre Toscane avec elle, Eden serait tout de suite retournée chez elle.

Dans cette réalité alternative, Joakim lui manquerait, Marcus aussi et peut-être aussi la petite vieille qui habitait en face de chez sa mère, mais elle s'y ferait. Elle en était certaine. Après tout, hormis eux, rien ne la retenait ici.

Un boulot ? Avec les menaces de Harry Studer, elle avait compris qu'il n'y avait plus aucune sûreté.

Ses études ? Elle pourrait les reprendre une fois chez elle.

Son contrat avec Chad Oliver ? Hum, oui... Peut-être que ce détail l'empêcherait désormais de rentrer parmi ses proches.

— Je n'ai plus de café alors j'ai fait du chocolat, ça ne te dérange pas j'espère ?

La voix douce de sa mère donna le sourire à la jeune femme.

Eden contempla son visage. Quelques marques d'âge apparaissaient sur la peau fine et blanche de Diana Gregor. Aussitôt face à ce constat, elle eut le cœur qui se serra. Elle n'aimait pas voir sa mère vieillir, elle n'aimait pas la voir se fragiliser.

Aussi, la jeune femme décida de ne pas la contrarier. Un café ou un chocolat, peu importait, cela ferait l'affaire.

Quelques minutes plus tard, la tasse chaude désormais dans les mains, assise dans le canapé en velours, Eden fixa discrètement sa mère, le sourire au coin de la bouche. La femme regarda à son tour sa fille et posa une main douce sur la chevelure soyeuse d'Eden.

— Tu es si belle ma chérie et si talentueuse. Je suis fière de toi Eden, tu fais l'honneur de la famille.

Le sourire d'Eden fut doux.

— Ma chérie s'il te plaît, j'aimerais que tu m'écoutes et que tu ne m'interrompes pas.

La concernée fronça les sourcils, si sa mère débutait sa phrase ainsi, c'était qu'elle n'allait pas apprécier la suite.

— Ton père est là.

Eden ne laissa pas passer une phrase de plus et se leva du sofa. Elle n'était pas prête à lui pardonner. Elle le haïssait et il osait venir à la maison et gâcher le petit week-end qu'elle avait prévu avec sa mère ?

La pianiste n'écoutait plus un simple mot du discours de sa mère. La châtaine leva la main droite à chaque fin de phrase et tourna en rond. On pouvait lui racontait n'importe quoi, jamais elle n'accepterait de revoir celui qu'elle avait souhaité oublier.

— Bonjour Eden.

A l'entente de cette voix effroyablement grave, la jeune femme se figea.

Le cœur serré, elle refoula ses larmes. Elle avait beau vouloir le haïr, rien que sa voix lui faisait remonter des souvenirs, des souvenirs d'enfance, des souvenirs heureux, quand tout allait bien encore.

Eden tourna la tête et ravala sa salive. Son père avait vieilli, ses cheveux étaient désormais grisâtres et beaucoup moins brillants que dans ses souvenirs. Ses yeux bleus dont elle tenait leur couleur, avaient ternis et semblaient endormis dans un étendu de vieillesse et tristesse.

A ce constat, elle se mordit la lèvre, geste qu'elle tenta de cacher avec une main maladroite frottant son nez fin.

— Je suis heureux de te voir.

Charmante essenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant