Chapitre 4 - La proie

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« C'était un deal, je devais prendre une décision alors je l'ai prise.

J'ai essayé de peser le pour et le contre mais mon cerveau était embrumé. J'étais prisonnière du temps, le manager attendait ma décision et ça me stressait. Je me suis sentis démunie, faible, comme un pion destiné à une perte certaine sur un jeu d'échec.

Alors oui j'ai signé ce stupide papier. Mais je t'en prie, ne me me crie pas dessus.

Tu comprends, je n'avais pas le choix ! On a menacé de rompre mon contrat de travail et on m'a proposé beaucoup d'argent. »

Eden savait déjà que Toscane lui dirait qu'elle était une idiote à avoir accepté de signer un contrat sans avoir passé à la loupe les moindres petites lignes en bas des pages. Son amie avait beau paraître parfois tête en l'air, elle était bien plus appliquée qu'elle sur de nombreuses choses.

La jeune femme s'était dit qu'elle lui répondrait alors que le plan ne visait qu'une simple mise en scène. Que les choses étaient plus faciles que tous les scénarios que Toscane pourrait s'imaginer.

Seulement Eden se doutait déjà que Toscane ne se laisserait pas duper. Son amie la regarderait, ses cheveux blonds recouvrant légèrement ses grands yeux bleus, et soupirerait. Elle lui attraperait alors les mains pour prendre un air plus adulte sur son visage enfantin. Puis elle lâcherait un sourire et terminerait sur une phrase qu'elle s'était déjà dit précédemment :

« Tu comptes vendre ta personne pour couvrir les affaires d'une star accro aux faux-pas. Ce n'est pas vraiment ce que j'appelle du fastoche, ça. »

Évidemment, même la Toscane de son esprit avait raison. Alors par peur, Eden avait préféré rester les yeux rivés sur la vieille tapisserie du pub, l'esprit divagant vers un scénario destiné à être réalité. Elle ravalait sa salive et soupirait.

Quand cet homme lui avait expliqué la situation, elle aurait dû dire que Myriam, la petite serveuse aux cheveux courts et bleus, ferait plus l'affaire. Cette dernière aurait alors été choisie à sa place et elle aurait été aux anges de jouer la fausse petite amie de Chad Oliver. Entre deux fans de rock, Eden était certaine que les choses auraient bien fonctionné.

Seulement c'était elle qui se retrouvait désormais dans cette drôle de situation, parce que dès l'instant que le manager avait ouvert la bouche, elle avait été incapable de se sortir de l'immense toile d'araignée dans laquelle il l'avait poussée.

— Ah je suis épuisée ! déclara soudainement une voix féminine. Je déteste faire la fermeture. C'est tout le temps moi qui me tape les démarches administratives du magasin.

Eden se retourna surprise. Toscane se tenait près de la porte du petit comptoir et semblait effectivement, plutôt fatiguée.

— Hum, toi... Quelque chose te tracasse ! remarqua la blonde.

La jeune femme ravala à nouveau sa salive. Tant pis, elle n'aurait aucun préambule, elle allait aller droit au but et peut-être faire frôler l'arrêt cardiaque à sa meilleure amie.

Elle tendit le papier vers Toscane qui fronça les sourcils, surprise par l'attitude de la pianiste. Puis se sentant mal pour la blonde qui semblait perdue, elle se lança finalement dans un petit résumé.

Lorsque la jeune femme arriva à l'étape de la menace de réduire à néant son contrat de travail avec le bar, la somme d'argent citée ainsi que les clauses de confidentialité signées, Toscane eut besoin de s'asseoir tellement elle était sous le choc.

Comme l'avait prévu Eden, son amie semblait accuser le coup.

— Attends, donc si j'ai bien compris, tu dois ne parler à personne de cette affaire, et toi, la première chose que tu fais, c'est de m'en parler ? s'étonna la blonde.

Charmante essenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant