Chapitre 8 - Jouer le jeu

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Comme le chanteur l'avait prévu, Harry Studer ne tarda pas à contacter Chad pour lui faire part de ses réflexions.

La star de PiercedHeart avait été aperçue en train de se promener dans les rues de Londres avant de rentrer dans un petit pub. Des photos du chanteur avaient ensuite été prises lors de sa sortie, moins d'une demi-heure plus tard.

Comme toujours, ses moindres faits et gestes avaient été épiés. Le petit cadeau empoisonné de la célébrité...

— Tu m'expliques ? s'exclama le manager en croisant les bras sur son torse.

Il semblait vraiment vénère.

Le rockeur lui, ravi, soupira, faussement embêté avant d'afficher son plus joli sourire, décidé à prendre pour un con celui qui l'avait lui-même pris pour un con en lui faisant signer le contrat du diable.

— Eh bien ce sont des clichés. Des clichés d'une personne qui se rend dans un bar et qui sort d'un bar. Les photos ne sont pas bien centrées et un peu floues. Je dirais que c'est un boulot d'amateur.

Harry semblait sur le point de se jeter par la fenêtre. C'était quelque chose que Chad aimait produire chez les gens désormais : l'agacement, les faire sortir de leur gong.

— Je t'avais dit d'attendre avant de la rencontrer ! Comment veux-tu qu'on fasse croire à la presse qu'Eden et toi vous connaissez depuis des mois, maintenant ?

Le brun haussa les épaules. Il n'en avait aucune idée et s'en foutait royalement. Tout le côté mensonger de l'histoire, ce n'était pas son problème. Harry n'avait qu'à se démerder.

— Maintenant il me faut encore rattraper tes erreurs !

Alors que Harry semblait concentré à imaginer un nouveau plan, Chad fit le tour de la pièce. Le bureau, qui servait aussi de salle de détente du groupe, n'était pas très grand. Mais il l'aimait bien car il en gardait de bons souvenirs.

C'était ici qu'il avait signé avec les gars pour son premier album. C'était ici qu'il avait rencontré Harry. C'était ici que sa vie avait changé.

— Bon... T'es pas venu défoncé, c'est déjà ça.

A l'entente de cette phrase, le rockeur se retourna vers son manager.

— J'ai entendu dire que tu t'étais enfin rendu au premier rendez-vous médical, continua-t-il.

Cela avait été plutôt difficile. Pour le personnel en particulier. Car Chad ne s'était pas montré tendre. En même temps, à quoi s'étaient-ils attendus tous ? A ce que le chanteur soit docile et dise qu'il arrêterait de se droguer, puis deux jours plus tard à ce que celui-ci soit clean ?

Les traitements de la dépendance étaient longs et éprouvants. Si Chad semblait bien en ce moment, c'était parce qu'il avait eu sa dose à son lever au petit matin. Mais les effets commençaient à se dissiper et s'il était bien aux yeux de son manager, lui, commençait à se sentir mal.

C'était ça le problème avec la drogue. Elle n'était qu'éphémère et plus le temps passait, plus son corps l'éliminait vite à tel point que les instants où il planait complètement et oubliait tout, ne duraient jamais bien longtemps.

— J'ai fait le bon toutou, alors évite de rayer mon nom sur le contrat du groupe, rétorqua le chanteur.

— Tout dépend si tu ne portes pas préjudice au groupe, une fois de plus.

Le rockeur soupira. Depuis qu'il avait signé ce contrat destiné à sauver son image, il avait l'impression de vivre un cauchemar éveillé. Et cette interdiction d'être lui-même qu'on lui donnait ne faisait qu'accentuer son impression d'être un prisonnier.

Charmante essenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant