Chapitre 11 - Besoin de fuir

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Eden ne passa bien évidemment pas le reste de sa soirée avec le chanteur sans cœur. Déjà qu'elle n'en avait pas eu envie au départ, après son intervention complètement débile, ce fut au-dessus de ses forces.

En colère et effondrée, elle planta Chad sur place, lui laissant le soin d'expliquer la situation à la presse, mais surtout au manager. Après tout, si ce contrat existait, c'était à cause des folies de monsieur. Alors il n'avait qu'à se creuser les méninges pour rattraper ses erreurs. Que ce soit avec ses fans, la presse ou bien avec elle.

Bien rapidement, la jeune femme prit la direction du bar de Marcus. Elle fut suivie par quelques journalistes désireux de plus en apprendre à son sujet et pendant quelques secondes, Eden se demanda comment les stars faisaient pour subir un tel calvaire. Les questions qu'on lui posaient alors qu'elle marchait à grands pas sur le trottoir tournaient toujours autour du rockeur. Qui était-elle pour lui ? Se connaissaient-ils depuis longtemps ?

La châtaine dut prendre sur elle pour ne pas leur crier après. D'ordinaire, elle n'était pas trop du genre à s'énerver, surtout envers des gens qu'elle ne connaissait pas. Par exemple, avec Harry Studer, elle s'était écrasée. Mais avec Chad Oliver, c'était différent. Il faut dire qu'il était si horripilant...

Et justement, ces journalistes ne faisaient que parler du chanteur, ce qui lui tapait sur le système. Franchement, comment des gens pouvaient faire un tel boulot ? Ne se rendaient-ils pas compte qu'ils frôlaient le harcèlement ?

Fort heureusement, Eden réussit tout de même à se retenir et fut ravie de fermer la porte du bar au nez d'un journaliste à lunettes. Celui-ci fit une grimace et la jeune femme haussa les épaules en signe d'impuissance. Ce geste la ravit au plus haut point. C'était largement mérité.

Ici, elle savait qu'ils ne pourraient pas rentrer, sinon Marcus et d'autres employés se chargeraient de les virer et pas de façon la plus catholique. Autrement dit, elle était arrivée en terrain safe, enfin !

Eden songea qu'être suivi par des journalistes à longueur de journée devait être un véritable enfer et eut pitié de Chad. Enfin, cela ne durant qu'une fraction de seconde évidemment. Parce qu'elle se rappela à quel point celui-ci était con et se dit qu'il ne méritait pas qu'on ait de la compassion pour lui.

Après tout, il n'en avait pas pour les autres. Alors pourquoi on lui aurait accordé ce qu'il n'était pas fichu de donner ? Ce fut sur cette pensée qu'Eden se tourna vers ses collègues.

***

Trois quart d'heure plus tard, affalée dans un fauteuil du pub de Marcus, Eden avait pris racine. Les verres vides qui étaient posés sur la table devant elle commençaient à être un peu trop nombreux. Tellement nombreux qu'on aurait presque cru à une exposition pour dire vrai.

Ça, ce n'était pas la conclusion de la jeune, mais plutôt de Joakim qui, assis sur un tabouret, la surveillait depuis une bonne demi-heure. Les clients ce soir, n'étaient pas nombreux... C'était l'excuse qu'il avait donnée à Myriam lorsqu'elle l'avait charrié.

— Va la voir, souffla soudainement Marcus qui essuyait ses verres, derrière son comptoir.

Le châtain se tourna vers son patron puis soupira.

— Elle est complètement saoule, lui fit-il remarquer.

Et ça, Joakim pouvait l'affirmer : c'était vraiment rare. Eden n'était pas le genre à abuser de l'alcool en temps ordinaire. Cela voulait donc dire qu'il s'était passé quelque chose de grave.

— C'est pour ça ! Arrête-là avant qu'elle ne fasse une bêtise.

Eden, qui s'était levée, tournait désormais autour de son fauteuil, un verre à moitié vide dans la main.

Charmante essenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant