• Chapitre 44 •

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Ma vue est floue mais je vois et je sens dans mes bras un petit être tout innocent et fragile. Je le berce calmement dans une grande chambre qui doit être la sienne, elle est bleu et banche, la décoration est comme je la voulait et la petite bouille qui dort paisiblement me réchauffe le coeur. C'est un petit garçon, je lui chante la berceuse de mon enfance. Je ne me suis jamais sentie aussi paisible, et heureuse.

J'entends des pas devant la porte, mon sourire s'amplifie quand je pense que c'est mon cher et tendre mari qui se trouve derrière celle-ci, je m'aptère à me lever pour l'accueillir avec notre enfant, mais la porte s'ouvre dans un grand fracas, ce n'est pas l'homme que j'aime que je vois rentrer mais celui qui hante mes pensés depuis ce jour. Il m'arrache mon fils des bars pendant que deux de ses amies me retiennent par les bars. Je sens que mon coeur s'arrête de battre quand j'entends ses cris tant désespérer, il ne sait même pas ce qui lui arrive. J'essaye de me débattre tant que je peux et avec toute la force du monde, cette dernière est décuplée pour que je sauve mon bébé mais cela ne suffit pas à repousser ses deux brutes qui resserrent leur étreinte. Je hurle à la mort mais rien n'y fait. Cet homme avec le visage du diable sort un couteau de sa poche. Quand je comprends ce qu'il se passe, je sens en moi la rage se réveillée et je me fais mois même peur. Je me débat de plus belle mais rien n'y fait, je n'entends plus les cries de mon enfant, je ne le sens plus respirer et vivre au plus profond de moi, les hommes rient si forts que je sens que mon cerveau est en train d'imploser. Ils me lâchent et je m'écroule au sol, ils quittent la pièce tous les trois sans tarder et je rampe aux côtés de mon bébé.

Plus rien. Il est là au sol dans sa couverture blanche qu'Antonio lui a offert à sa naissance, rougie par le sang, sans vie, ses petites joues roses deviennent pales et la douleur que je ressens est indescriptible, je ne sens plus mon coeur, ce n'est plus qu'un trou béant qui ne cesse de s'agrandir. Il me fait tant souffrir que je ne trouve d'autre solution, pour sortir toute cette douleur, que d'hurler à m'en déchirer les cordes vocales, d'hurler si fort que mes poumons ne peuvent supporter cette pression.

Soudainement je me réveille en sursaut, pleine de sueur, je regarde autour de moi et ne comprends pas ou je me trouve. Je referme alors les yeux pour essayer de reprendre mes esprits mais la douleur s'est emparées de tout mon corps. Je n'arrive plus à sentir ne serait-ce que le bout de mes doigts, je continue d'hurler car je ne peux plus retenir toute la douleur qui me ronge de l'intérieur.

Je cesse de crier lorsque je sens deux bras m'entourer et me serrés fort. Mais malheureusement pas assez fort pour que je puisse arrêter de sentir ce vide en moi. J'ouvre les yeux et lève mon regard sur la personne présente. Lorsque mes yeux croisent ceux de Slone, mon coeur recommence à battre, je me calme mais mes larmes ne cessent de couler. Je referme les yeux car les images de mon bébé mort dans mes bars ne cessent de me revenir et je ne peux plus les supporter c'est trop dur ! Je me débats mais il ressert son étreinte et me caresse les cheveux.

- Tout va bien je suis là, ça va aller...

Cette voix que je connais si bien me réchauffe le coeur et je sens que mon corps arrive un peu à se détendre. J'essaye de me concentrer sur cette voix, sur sa voix.

- June, regarde moi.

Je soulève doucement ma tête qui me fait si mal et me concentre sur ses yeux, mais le fait de voir son visage me rappelle la perte de notre bébé et le vide que j'ai ressenti quand il n'était plus avec moi. Sans que je puisse me contrôler toute la douleur refait surface avec une plus grande ampleur, elle est plus forte et vive que dans mon cauchemar et le fait d'être dans ses bras ne m'apaise pas, cela ne m'apaise plus...

Je le pousse brusquement et je sens que ma poitrine se resserre sur mes poumons, j'ai de plus en plus de mal à respirer, je n'arrive plus à parler et je sens que mes membres manquent de sang, je sens qu'ils se rédissent et je ne les sens plus, plus du tout. Je n'arrive ni à bouger ni à parler. Seul mon regard m'aide à d'écrire la douleur qui envahi mon corps tout entier. Slone se rapproche de moi mais je ne peux pas sentir sa présence car elle me rappelle la sienne... Je suffoque et je ne peux rien faire je vois simplement la lumière du couloir  s'allumer et les autres débarquer en trompent dans ma chambre. Je veux leur dire de partir, mais rien que le fait de réfléchir me fait extrêmement souffrir. Je n'arrive plus à la contrôler, je n'arrive plus à me battre, je dois me laisser aller dans cette souffrance, je dois sortir de cette situation, je dois me battre mais je n'en n'ai plus la force.

Le souvenir du corps d'Antonio sans vie me reviens d'un seul coup, soudainement les images de mon bébé s'y mêlent, et tout cela dans une tempête de malheur et de terreur. C'est au tour de mes yeux de lâcher prise, je n'arrive plus à les laisser ouverts, alors je cède et tombe dans l'obscurité, je me laisse enfin aller mais cela ne fait pas taire mes hurlements qui ne parviennent pas à sortir, ils sont là dans ma tête alors qu'il règne un silence de mort autour de moi, je me sens comme prise au piège, je ne peux plus bouger, tous sons extérieurs ne me parvient plus. Tout ce que je ressens n'est que vide et je suffoque sans pouvoir reprendre mon souffle, comme lorsque tu te vois être piégée sous l'eau mais que les profondeurs te retiennent, et que tes poumons te supplient de leurs donner de l'air. Cependant tu ne peux rien faire, tu te retrouves seul face à ta douleur et tout deviens flou et sombre.

Ce sentiment me ronge depuis longtemps mais il vient d'exploser ce soir. Tout ce que j'ai essayer d'enfouir en moi, de cacher aux yeux de tous vient de ressortir et est en train de me dévorer si brutalement et rapidement que je ne peux plus rien y faire. Je suis lâche car je me laisse dériver dans ce flot d'émotions toxiques et douloureux qui me tuent de l'intérieur. Je veux me battre pour les autres mais je n'y parviens plus.

Le peu d'air qu'il me restait vient de disparaitre, je ne sens plus rien, plus rien du tout, mais la souffrance est toujours là à me consumer. Alors je n'essaye plus de résister et me laisse aller dans cette ouragan de terreur...

MafieuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant