Mafieuse

• Chapitre 50 •

J'ouvre mes yeux, tout est sombre, la maison est sous une tension pesante. Je ne sais plus quoi penser de la situation, je me sens perdue dans un flot que je ne contrôle pas, j'ai peur.

La peur : ce sentiment que je me forçais de refouler, je ne voulais pas me laisser envahir par cette peur. Mais aujourd'hui c'est bel et bien ce que je ressens, je me sens prise au piège, un piège dont je suis la seule responsable. Cette bataille ne peut se gagner. Je ne peux nous sortir de là. Nous sommes enfermés, comment pouvons-nous nous en évader ? Nous avons déjà tant perdu... J'ai tant perdu, mon bébé, mes amis, ma famille, il ne me reste plus rien.

Je referme mes yeux pour essayer de contrôler mes émotions, mais elles m'envahissent et je sens que je reperds le contrôle. Les cauchemars qui étaient, fut un temps, passés, me reviennent en pleine tête. Je suis enfermée dans mon propre esprit qui se réjouit de me faire souffrir. Je sens la noirceur se rapprocher, mais si elle parvient à m'atteindre, je ne m'en relèverai pas. Je ne peux pas me laisser tomber, il faut que je trouve un moyen de nous sauver et de ne pas me laisser m'autodétruire !

Tu ne vois pas que tu perds complètement la tête ! Reprend-toi avant que tu nous fasses tous tuer !  

Voilà le grand retour de ma bien aimée conscience. 

Comment veux-tu que je ne me perde pas dans mon propre désespoir ? Nous sommes coincés.

Et tout ça par ta faute, alors va boire un coup ou courir mais fait quelque chose pour te remettre les idées en place.   

Je connais un remède bien plus efficace.  

Je sens que mon esprit ne répond plus, seul mon corps a l'emprise de mes mouvements, c'est lui qui me contrôle et sans même y réfléchir je me dirige vers la chambre de celui que je méprise tant. Je monte les escaliers à la hâte, pas un bruit ne résonne dans la maison. Tout est calme. Je continue mon chemin jusqu'à arriver devant sa porte. Elle est fermée et je devrais continuer mon chemin, je ne peux me laisser retomber dans mes anciens démons, mais une force inconnue me pousse à poser ma main sur la poignée. 

La fraicheur du metal caresse le bout de mes doigts, mon poignet tourne enclenchant le verrou. Je pousse la porte délicatement effrayée de ce que je vais y trouver derrière : mon passé. 

Je reste sur le pas de la porte et je vois ses yeux se déposer sur moi. Il me regarde d'un air confus, mais reprend ses activités. Je suis incapable de bouger tant mon esprit se contredit lui même entre me laisser dériver dans la passion ou rester du côté de ma raison. Il relève les yeux lorsqu'il s'aperçoit que je n'ai toujours pas bougé, accompagné d'une grimace d'interrogation il me demande : 

- Tu cherches quelque chose ? 

Je ne réponds pas et me lance enfin dans un chemin bien trop sombre pour que tout mon être soit en accord avec ce geste. Je claque la porte derrière moi et malgré mon hésitation intérieur, je marche vers lui avec détermination. Il prend peur et esquisse un mouvement de recule lors de mon arrivé. 

Je pose mes mains sur son visage, puis les glisse derrière sa tête, son regard est planté dans le mien, il y a bien longtemps que nous ne nous sommes pas regarder si longtemps. 

Ses yeux sont étonnés mais je ne m'arrête pas et approche mon visage du sien. Je prends le temps de sentir son parfum qui m'avait tant manqué. Nos bouches sont si proches qu'il me suffirait d'avancer de quelques centimètres pour me soumettre corps et âme à lui. Mais je sens encore une fois mon esprit me freiner, je ne sais que faire. Lui ne bouge plus, ne sachant comment réagir. 

Je ferme les yeux et laisse enfin mon coeur prendre le contrôle, j'écrase mes lèvres contre les siennes. Notre baiser est fougueux et passionné, je sens le goût sucré et fraic de ses lèvres contre les miennes, l'instant et comme gravé dans le temps. Comme si tout s'arrêtait, comme si tous nos problèmes disparaissaient d'un seul coup.