Mafieuse

• Chapitre 41 •

Nous avons dit au revoir à nos amis et avons pris une des voitures du garage. L'atmosphère est plus que tendue et personne ne parle. Je dois prendre mon courage à deux mains pour essayer de leur annoncer la suite du plan et briser le silence. Je ne sais par quoi commencer et essaye de me concentrer sur la route à prendre mais aussi sur comment m'exprimer de façon claire et sans brusquer les garçons. 

- Ecoutez, nous devons rester soudés et forts face à la situation. Nous ne pouvons pas nous permettre de baisser notre garde et de laisser nos émotions prendre le dessus. 

- Arrête un peu de nous ménager June. Dis-nous ce qui se passe une bonne fois pour toute.

La voix de Slone vient une fois de plus glacer l'atmosphère. Mais je ne me décourage pas et continue dans mon élan. 

- Très bien ! Si tu insistes ! 

Timing parfait. Nous venons d'arriver. Je me gare sur le parking du lycée qui va très prochainement nous accueillir. J'arrête le moteur et regarde Slone dans le blanc des yeux.

- Voilà le plan. 

- Tu rigoles ?

- June c'est pas vrai. Tu ne peux pas nous faire ça.

- Désolée Thomas mais si. Nous serons cachés aux yeux de tout le monde.

- C'est n'importe quoi ! Tu es complètement folle !

Après s'être exclamé, Slone sort sans un regard et un mot de plus, il claque la porte et s'éloigne. Je souffle pour expulser mes pensées négatives. Je sors à la suite des autres et vois Slone fumer une cigarette le regard vide de toutes émotions. Enfin, sa colère se voit très clairement mais je passe outre et m'avance vers l'entrée du lycée. A la seule vue de ce bâtiment pourtant anodin, je repense à toutes mes années passées à être normale avec ma famille et du jour au lendemain me retrouver seule face à la vie si dure. Mais le simple fait de me remémorer cette époque me fait monter les larmes aux yeux, j'aimerai tellement tout rembobiner, pour pouvoir tout recommencer, devenir une femme indépendante et stable. Je ne suis rien de tout ça, toute ma vie je l'ai passée à dépendre des autres, de mes proches, des mes amis, ils ont toujours étaient plus important que moi-même. Cela je ne m'en plain pas vraiment, c'est ce que ma mère me répétait tant, nous attirons ce que nous offrons, si je donnais du bonheur je pouvais être capable de l'accueillir dans ma vie. Si seulement elle n'était pas partie si vite de ma vie, j'aurai pu lui demander tant de conseil sur les décisions importantes de ma vie. Mais je dois dire que je ne suis pas très fière, je suis heureuse de la vie que j'ai aujourd'hui mais il m'arrive parfois de me demander si mes parents seraient fières. Je m'en veux de ne pas être normale, d'être en cavale pour un homme que j'aime, mais est-ce que ça en vaut vraiment la peine ? Est-ce que ma mère serait fière de voire que je suis devenue une femme qui sait prendre des décisions importantes mais est-ce les bonnes ? Si seulement je pouvais avoir toutes les réponses à mes questions... 

Arrête un peu de t'apitoyer sur ton sort, tu es là où tu dois être, tu fais ce qu'il faut pour protéger les gens que tu aimes, et je dois dire que tu le fais plutôt bien, ça me fais un peu bizarre de dire ça mais tu peux être fière de toi June.

Je me sors de mes pensées et essaye de revenir à la réalité, je me retourne et vois que les autres me suivent à contre coeur et que Slone reste dehors. Je fais un sourire niais à la vue de mes amis, je dois dire que je suis tout de même heureuse d'avoir fait leur connaissance, même si ma vie ne s'est pas déroulée comme prévue, elle reste extraordinaire et c'est la mienne, je dois l'accepter. Je repose mon regard sur Slone et ris intérieurement, je dois dire que c'est une vraie tête de mule ! Je ferme les yeux pour ne pas imploser, même si je sais qu'il ne changera pas et continue ma route vers le bureau du directeur.