Nathan
Flashback31 Décembre 2016
Je gare ma voiture dans l'allée, et contemple ce qui était notre maison. Rien n'a changé en 7 mois. Les parterres devant la maison sont toujours aussi impeccables. Pas une seule trace de feuilles ou de bois mort sur le perron. Je nous revois, assis sur ces mêmes marches à parler de notre vie, de nos aventures, faire nos premières expériences qui parfois tournaient vraiment mal... Putain, c'est dur sans toi.
Je regarde cette maison qui nous a vu grandir, et bordel, je n'ai aucune envie de rentrer là-dedans.
Pas sans toi frérot.
Je resserre les mains sur le volant et inspire plusieurs fois, comme si cela pouvait calmer mon cœur qui s'emballe. J'ouvre la portière et me prends une bouffée d'air frais en pleine gueule. J'avais oublié qu'il faisait si froid ici en décembre. Je remonte la fermeture de mon blouson et me dirige vers l'entrée. J'ai l'impression de marcher vers la mort. C'est ironique, car c'est toi mec, qui est mort. Et moi, je suis toujours en vie pour supporter toute cette merde pourtant, je me sens comme mort à l'intérieur.
Je m'arrête devant la porte hésitant. Cela fait tellement longtemps que je n'ai pas vu mes parents que je me demande comment aborder les choses. Je ne vais pas ouvrir la porte, débarquer dans le salon et dire :
« Salut c'est moi ! Je suis rentré, on mange quoi ce soir ? »
Quoique juste pour voir la tête de mon paternel, j'en serais capable, mais ma mère ne mérite vraiment pas ça. Je me ravise, respire et appuie sur la sonnette. Je recule et enfonce mes mains tatouées dans mes poches. J'entends des pas se diriger vers la porte, puis celle-ci s'ouvre sur le visage éteint de ma mère. Ses cheveux noirs sont relevés en un chignon tenu par sa pince préférée au sommet de son crâne. Je lui souris avant de laisser mes yeux la détailler, malgré toute les couches de vêtement qui cachent son corps, je ne peux que remarquer qu'elle est bien plus maigre qu'avant. Merde, elle a l'air aussi morte que moi à l'intérieur et ça me redonne un coup de poignard dans le cœur. Comme si la douleur n'était pas déjà assez intense.
Ses yeux retrouvent leurs lumières quand elle prononce mon prénom. On dirait que le dire, lui fait prendre conscience que sur ses jumeaux, il y en a encore un qui respire.- Salut maman...
Elle sourit et me saute dans les bras, je la serre avec force, tout en contrôlant mon étreinte pour ne pas lui briser les cotes.
Putain ce que ça fait du bien. Je crois qu'elle aussi avait besoin de ce contact rassurant. Avec mon père ça ne doit pas être facile pour elle tous les jours.- Oh Nathan, c'est bien toi, tu m'as tellement manqué chéri.
Je ressens un soulagement après ses dernières paroles, elle m'a tellement manqué pendant ces mois. Sept mois... C'est très long.
- Toi aussi maman, toi aussi.
Elle passe ses mains sur mon visage cherchant à se rappeler les moindres détails. Son sourire ne la quitte pas, même lorsqu'elle s'efface pour me laisser entrer.
- Rentre, ne reste pas dans le froid. Je vais te faire un café.
Je pénètre dans la maison, et remarque que rien n'a changé depuis mon départ, tout est exactement à la même place. Bizarrement, je me sens moins mal que ce que je m'étais imaginé sur le trajet en venant. Mes yeux dérivent sur l'escalier en attendant peut-être que quelqu'un descende en courant, mais rien ne se fait. Tu n'es pas là, et ça me tue.
Je marche jusqu'au salon pour saluer mon père. Je m'arrête sur le pas de la porte. Il est là, juste en face de moi, une bière à la main. Sérieusement, il n'est que 10 heures du matin bordel. Il me regarde d'un air dédaigneux, et ne dit rien. Je peux sentir son mépris d'ici. Je l'emmerde, tout est de sa faute putain !
Je le détaille lui aussi, et ne peux m'empêcher de le comparer à mon oncle. L'homme que j'ai en face de moi est un raté, égoïste. Il a toujours été jaloux de la réussite de son frère et au lieu de l'aider pour réussir à son tour dans l'entreprise familiale, il n'a fait que lui mettre des bâtons dans les roues. Mon grand-père Charlie à donner naissance à Smith Industrie, il y a déjà 50 ans. Mon père n'a jamais voulu entrer dans l'entreprise et la finance, il disait que c'était un monde de vautour. Contrairement à mon oncle, qui y a consacré toute sa vie. Voir que l'industrie payait plus que son travail, le rendait fou. Voilà pourquoi nous avons déménagé lorsque j'avais 10 ans. Mon grand-père était un homme admirable qui nous a quitté il y a maintenant cinq ans, et je le regrette encore aujourd'hui.
Aucun de nous s'est décidé à briser le silence pesant qui s'est installé depuis au moins deux minutes déjà.
Désolé papa, j'ai grandi, je n'ai plus envie de jouer au roi du silence avec toi.
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Pas sans toi
Romance- L'amour n'est qu'illusion Elizabeth, il n'existe pas. - Alors à quoi bon vivre ? Nathan Smith était sûrement ce qu'on peut appeler le grand amour de Lizzi. Mais voilà déjà trois ans qu'il s'est évaporé de sa vie sans lui donner aucune...