Chapitre 41

756 53 10
                                    

Lizzi

Mon pied tape frénétiquement le sol du taxi de plus en plus fort. Je n'arrive pas à contrôler mes tremblements. Le vol m'a paru durer une éternité, pourquoi j'étais si loin de San Francisco ?
Depuis que je suis partie, je n'arrête pas de me repasser tous les événements passés dans ma tête, tout s'emmêle et je n'arrive pas à y voir clair. Sa voix résonne encore et encore dans mon crâne. Après avoir appris la nouvelle je n'ai pas hésité à repartir pour San Francisco grâce au billet que son oncle m'avait acheté. Tout est de ma faute, si seulement j'avais répondu...
Mon doigt tremble encore lorsque j'appuie sur ce foutu message, sa voix retentie enfin.
Sa voix... Elle a le pouvoir d'apaiser toutes mes tensions. Pourtant, je crains de ne plus jamais l'entendre...

« J'arrive et je vais me battre pour toi. J'aurais dû le faire depuis le début mais je suis juste trop con pour le comprendre... »

Je ferme les yeux en essayant de contrôler les larmes qui menacent de couler encore.
Il va se battre, c'est lui qui l'a dit. Il va se battre.
Mes sanglots sont de plus en plus violents. Je l'imagine, allongé sur ce lit d'hôpital sans vie. Si son souffle se coupe, je ne suis pas sur de réussir à maintenir le mien...
Le taxi se retrouve bloqué par la circulation, je sens que si je ne sors pas tout de suite, je vais exploser. Des policiers font la circulation pour contourner l'endroit de l'explosion. Des voitures sont laissées à l'abandon, avec des impacts de balle sur leurs carrosseries. Je pose la main sur ma vitre le souffle court, je n'ose même pas imaginer l'enfer qu'on dût traverser ces gens. Lorsque le taxi s'arrête derrière une longue file de voitures, je sors mon portefeuille et laisse quelques billets sur la banquette.

- Je suis désolée, je dois sortir !

J'ouvre la portière sans prêter attention aux cris du taxi. L'air frais vient balayer mes cheveux en arrière, et je peux enfin reprendre mon souffle. Je claque la portière et regarde tout autour de moi. Des sirènes se font entendre dans les rues en parallèle, les camions de pompiers habillent le long des rues. Les lumières bleu et rouge dansent sous mes yeux. Tout ça est semblable à l'apocalypse. Je traverse la route sans prendre garde aux voitures qui pilent juste devant moi. Je dois trouver l'hôpital et vite. Je me mets à courir sans même m'en rendre compte. Cette douleur que je ressens au fond de moi est de plus en plus intense. Savoir qu'il est si prêt de moi, mais que je n'arrive pas encore à l'atteindre m'est insupportable. Je me dirige droit sur un policier pour l'interpeler.

- Excusez-moi monsieur l'agent, où est l'hôpital s'il vous plaît ? demande-je à bout de souffle.

Ses yeux paniqués me dévisagent de haut en bas pour savoir si je suis blessé ou autre.

- Vous allez bien mademoiselle ?

- L'hôpital, s'il vous plaît !

- Tout droit sur 1 kilomètre environ puis à droite...

- Merci beaucoup...

Je me remets en route quand sa main s'accroche à mon poignet, surprise je me dégage avec rage.

- Il faut que je le voie... laissez-moi y aller...

Il lève les mains en l'air comme s'il pouvait ressentir ma détresse au plus profond de lui. Je recule de quelques pas et mes jambes comprennent bien où je dois me rendre. Le vent fait danser mes cheveux au fur et à mesure que je gagne de la vitesse, il sèche les larmes qui n'ont pas le temps de couler sur mes joues. Mes jambes s'allongent au rythme de mes foulées. Courir m'avait manqué, je dois bien l'admettre. Je tourne à droite en esquivant un groupe de jeunes. J'y suis presque... Jamais je n'ai couru aussi vite de toute ma vie. Lorsque j'aperçois le grand bâtiment qui doit sûrement être l'hôpital, j'allonge mes foulées.
Comment je vais bien pouvoir rentrer là dedans ?
Des tas de souvenirs enfouis au plus profonds de moi remontent à la surface sans que je ne puisse rien contrôler et des larmes inondent mes joues.
Ma mère en fauteuil... les chimio... son crâne privé de ses magnifiques cheveux blonds...
Je stoppe ma course devant les portes automatiques à bout de souffle, je n'arrive plus à respirer...
Je sens que la crise de panique est en train de prendre possession de mon corps et ça, je le refuse. Pas ici, pas maintenant. Je pousse un cri de rage tout en sautant sur place en me débattant avec mes démons invisibles.
Respire, respire bordel !
Les gens doivent me prendre pour une folle, mais je m'en fiche... tant que je retrouve le contrôle. J'essuie mes larmes et entre plus déterminée que jamais. Il a besoin de moi et je ne compte pas le laisser tomber. Je sors mon portable pour voir le texto de Nate :

Pas sans toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant