Chapitre 9

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Lizzi

Je tourne et retourne dans mon lit, regardant pour la dixième fois l'heure son mon téléphone. Me coucher tôt pour me reposer n'a servi à rien, je suis censé partir dans trois heures et je n'ai toujours pas trouvé le sommeil. Je n'arrive pas à fermer les yeux sans voir Zack et ses mains se balader sur moi. Je ne supporte même pas mes propres vêtements de nuit sur ma peau, alors j'ai décidé de remettre le teeshirt de Nathan pour dormir. Après tout, peut-être que celui-ci m'aidera à m'endormir. Je le remonte jusqu'à mon nez pour m'enivrer de cette odeur qui n'a pas arrêté de me hanter depuis trois ans. Le contact des draps sur mes jambes nues m'est insupportable. Je repousse violemment la couette qui finit par terre. Je me redresse en soufflant, je suis en colère. Contre Zack, contre Nathan mais aussi contre moi-même. Comment j'ai pu être aussi faible face à lui. Je sais me défendre, je le sais depuis que j'ai 10 ans. Malgré tous mes cours d'autodéfense et de boxe, je n'ai pas réussi à le repousser. C'est comme si son poids écrasait encore ma poitrine. Je sors de mon lit pour enfiler un short et mes baskets. J'attrape mon téléphone, mon casque et dévale les escaliers. Mon père a dû remplacer un collègue cette nuit alors il ne pourrait pas être là pour mon départ. Nous nous sommes déjà dit au revoir plus tôt dans la soirée, mon cœur se sert à ce souvenir.
Seule mes foulées et ma respiration viennent déranger le silence que la nuit essaye de préserver. Courir m'a toujours fait un bien fou, me permettre de me vider l'esprit. Petite, je courrais avec mes parents, mais ma mère n'a plus réussi à suivre notre rythme à cause de son cancer et mon père était de moins en moins présent pour courir avec moi. Alors j'ai finis par courir toute seule. Mes jambes s'étirent et le vent vient se faufiler dans mes cheveux au fur et à mesure que je gagne de la vitesse. J'apprécie la tranquillité de la ville à cette heure-là. En même temps, peu de personnes sont encore debout à trois heures du matin. Je me dirige vers le parc, mais je n'utilise pas le chemin habituel. Aujourd'hui, je décide de prendre le parcours le plus court, un parcours que je ne fais plus depuis qu'il s'est évaporé de ma vie. Lorsque j'aperçois enfin la maison de Nathan, j'allonge mes foulées pour ralentir. Je ne sais pourquoi, mais j'ai eu envie de voir s'il était toujours là, pour être sûre que tout ça soit bien réel. Qu'il était vraiment revenu après tant d'années. Je m'arrête devant la maison et constate que sa voiture n'est plus là, aucune lumière n'éclaire l'intérieur.
Il est parti, encore une fois.
Je continue de courir de plus en plus vite, énerver par la situation. Il me devait au moins des explications ou juste des excuses. Mais nous sommes tous les deux trop fiers pour oser se lancer. Alors voilà avec quoi je vais devoir vivre, des questions qui demeurent sans réponse, encore une fois. Si seulement j'avais eu le courage d'emporter cette lettre, j'aurais peut-être plus d'informations. J'arrive au parc sans vraiment m'en rendre compte, mon regard balaye l'horizon avant de faire demi-tour. Mais une voiture garée non loin de moi retient mon attention, c'est celle de Nathan. Je m'avance avec prudence, mais celle-ci est vide. Je pose mon regard sur le parc, non il ne peut pas être là.
Je m'avance et escalade le petit portillon qui empêche l'entrée du public après minuit. Je me dirige vers la petite colline et la gravie jusqu'au petit banc qui domine son sommet. J'ai toujours aimé la vue, mais depuis quelques années, je ne préfère pas m'en approcher, c'est encore trop douloureux. Mon cœur s'arrête, lorsque je le vois assit sur ce banc, notre banc. Il faut que je m'éloigne et vite. Au moment où je décide de tourner les talons, une branche craque sous on pied et Nathan se retourne vivement. Merde.

- Liz ?

Je ne sais pas quoi répondre, alors je m'approche et m'assoit à mon tour. Je pensais que je serais triste, si je laissais mes yeux se perdre sur ses lumières à l'horizon que je n'ai pas vu depuis longtemps. Pourtant, le fait qu'il soit à côté de moi doit m'aider, car je ne suis pas triste.

Pas sans toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant