Chapitre 26

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Lizzi

Je sens le matelas bouger, Nathan est au bord du lit, je m'immobilise. Je n'étais pas sûr de ce que j'avais entendu. Ses lèvres se posent sur mon épaule dénudée avec une infime douceur. Je garde les yeux et savoure la sensation qui se propage dans tout mon corps. Il se lève et se dirige vers la salle de bain en soufflant. Mon cœur se sert. J'entends l'eau couler, je me redresse à mon tour, j'attrape mon téléphone sur la table de nuit,  il est 4 heures du matin. Je me retourne et passe la main sur le drap qui recouvre le matelas à la place de Nathan, il est trempé. Je me lève à mon tour et attrape son teeshirt par terre. Je le monte jusqu'à recouvrir mon nez pour avoir son odeur. Il sent si bon. Avec délicatesse je me dirige vers la salle de bain. Je pose la paume de ma main sur la porte et tend l'oreille. J'entends un coup contre la paroi de douche et un juron sûrement causé par la douleur. Je sursaute et pousse un petit cri quand la porte s'ouvre brusquement sur Nathan torse nu avec seulement une serviette pour le couvrir. On a l'air tous les deux aussi surpris que l'autre. Mes yeux remontes lentement vers son visage prêt à voir de la colère, du dégout. J'ai peur qu'il me rejette comme il l'a fait 3 ans plus tôt. Mais non, ses yeux d'habitude si animés sont vides, plus aucunes flammes ne dansent dedans. Il a l'air triste, abattu. Je descends mon regard pour suivre le chemin qu'exercent les gouttes d'eau qui s'échappent de sa chevelure pour dévaler son corps musclé.

- Liz, je suis désolé de t'avoir réveillé. Je ne voulais pas...

Je lui pose la seule question qui me vient à l'esprit là, maintenant, tout de suite. Aussi débile qu'elle puisse être.

- Depuis combien de temps, tu es comme ça ?

Il a l'air surpris par ma question. J'envoie un regard interrogateur vers sa main où ses phalanges sont rougies par le coup qu'il a donné à la paroi. Il ne répond pas et cache sa main en la passant dans ses cheveux. Je connais parfaitement la réponse à ma question, mais je veux l'entendre de sa bouche. Avouer qu'on ne va pas bien est la première étape du deuil. Mes yeux se posent sur cet aigle gravé à jamais sur sa peau. Mes doigts l'effleurent et je plonge mon regard dans le sien. Je remarque une larme qui s'est échappé de ses yeux bleu océan.

- 5 ans... souffle t-il.

Mon cœur se brise. J'effleure du bout des doigts sa peine, sa douleur, ses démons, son mal-être. Il n'a pas besoin de parler, je comprends tout. C'est Théo, qui le tue à petit feu. Je pose mes lèvres sur sa douleur en espérant l'apaiser un peu, un sanglot lui échappe et je ferme les yeux pour retenir mes larmes. J'attrape sa main avec délicatesse, j'ai peur qu'il se brise sous mes doigts. Je ne l'avais encore jamais vu comme ça, il a l'air si vulnérable, plus du tout sûr de lui. Son masque est enfin tombé et j'ai sous les yeux le vrai Nathan. Celui que peu de personne ne voit, et je le trouve magnifique. Je nous dirige vers le bord du lit, il s'assoit toujours muet. Il ne quitte pas mon regard et ça me va, pour lui je pourrais rester comme ça toute la nuit s'il le faut. Je garde ma main dans la sienne et effectue des cercles réguliers sur sa peau en espérant l'apaiser un peu. Ses lèvres viennent se poser délicatement sur les miennes. Ça a le goût de désespoir, et de tristesse. Je pose ma tête dans le creux de son cou quand il prononce enfin les mots que j'attends depuis bientôt 4 ans.

- Théo... était la meilleure partie de moi et... il est mort Liz. Dans un accident à la con. Et moi, c'est comme si j'étais mort aussi...

Je ne dis rien, ce n'est pas nécessaire. Il va continuer à son rythme, si ce n'est pas toute suite, ça serait plus tard.

Pas sans toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant