Toi parmi mes DÉMONS [BxB]

3- L'équilibre d'une main

Mme Feys, notre accompagnatrice et psychologue, m'observait de ses grands yeux sombres du milieu de la salle de classe. Elle s'avança tandis que ses cheveux bruns tombaient sur sa chemise blanche et s'arrêta devant moi.

« Monsieur Loster ! » s'écria-t-elle sur un ton directif.

Je levai lentement la tête et plongeai mon regard dans le sien.

« Oui madame ? »

« Je vais t'expliquer quelque chose mon garçon, tends moi ta main. »

Je tendis mon bras dans sa direction et elle attrapa doucement chacun de mes doigts puis replia mon pouce dans le creux de ma main.

« Cette main représente ton équilibre Charly, ta partie intellectuelle se trouve là. » dit-elle en indiquant mon auriculaire.
« Ta partie physique et endurante ici. » continua-t-elle en appuyant sur mon annulaire.
« Ton bon instinct et tes dons par là. » fit-elle en passant sur mon majeur.
« Et tes démons qui te hantent ... sont juste ici. » finit-elle en insistant sur mon index.
« Et bien ce dernier doigt que je tiens avec insistance, c'est moi qui vais t'apprendre à le faire disparaître donc je te conseille fortement d'écouter mes cours. » conclut-elle amèrement.

Je ravalai ma salive et hochai vivement la tête pour lui faire comprendre mon accord. Elle relâcha alors ma main sans me quitter des yeux, se gratta la gorge et passa finalement à autre chose.

J'observais la salle de classe et m'aperçus alors que tous les regards étaient braqués sur moi. Riley, ma voisine de table, me scrutait quand à elle avec douceur.

« Elle le fait à tous les nouveaux, on y est tous passé en début d'année ... » me chuchota-t-elle à propos de ce qui venait de se passer.

Je lui laissais pour simple réponse un mince sourire et m'avisais-je de me faire tout petit le restant du cours.

Mme Feys n'était pas vraiment ce qu'on peut appeler une professeure. Tous nos après-midi midis commençaient avec elle car, après une matinée de cours tous plus banals les uns que les autres et un déjeuner bien consistant, on assistait à une après-midi de rééducation. Enseignement morale, exercices physiques, concentration intellectuelle, psychologie ... chaque jours nous paraissait nouveau.

Je n'avais pas encore d'avis sur tous ces changements. Peut être que cela m'aiderait à mieux m'accepter, à oublier mes erreurs ou alors ce n'était qu'une solution parmi tant d'autre qui me rendrait sûrement fou plus tard. Cependant cette nouveauté m'avait rendu sceptique sur mon envie de partir d'ici, j'allais rester un peu, pour voir ce que me réservait cet étrange orphelinat.

Je passais la fin du cours à observer la salle tout en faisant semblant d'écouter. Je déduisis de la façon dont la pièce était agencée que Mme Feys était quelque peu maniaque. Les tables étaient alignées au centimètre près, le tableau sans aucune trace de craie paraissait acheter la veille, aucun papier ne jonchait sur le sol en bois synthétique et les diverses plantes qui décoraient la pièce étaient parfaitement taillées.
Pourtant la salle cloîtrée de mur blancs semblait neutre et habituelle.

Cet utopie me mettait mal à l'aise mais après tout, c'était peut être fait exprès.

« Pour finir le cours, on va procéder à un tour de table où chacun livre un épisode de sa vie qui le hante actuellement. »

Un frisson d'angoisse me traversa mais je m'efforçais de garder une respiration constante. Ilario, un jeune garçon maigrelet aux cheveux blonds, fut contraint de commencer.

Je fus surpris de la facilité avec laquelle il se livra à une foule d'élèves avec qui il s'entendait plus ou moins bien. J'eu même l'impression qu'on lui avait injecter un sérum de vérité mais je me doutais bien que, mis à part en vivant dans la monde de Harry Potter, cela paraissait impossible.

Mon tour arriva plus vite que je ne le pensais, mais je fus incapable de dire un mot. Ma vie défilait dans mon esprit à une vitesse folle, mais l'épisode qui revenais le plus souvent était inévitablement mes pulsions qui m'avaient entraînées à (presque) tuer Taylor quelques jours auparavant. Une migraine s'installa, ma vue se brouilla et un sifflement continu retentit dans mes oreilles jusqu'à ce que le noir s'installe peu à peu devant moi.