Riley était allongée sur le parquet froid de la salle. Les murs turquoises ne tournaient pas cette fois-ci, c'était en fait une simple pièce agencé avec des cloisons difformes. Je m'agenouillai auprès de la jeune fille et dégageai son visage des mèches châtains qui le cachait.
« Riley ... » chuchotais-je lentement.
Mon amie bougea puis ouvrit doucement ses yeux verts pommes. Je l'aidais à se relever mais l'effet de la drogue l'empêchais de se tenir droite.
« On va sortir d'ici d'accord ? »
Elle confirma d'un signe de la tête et on sortit de la petite pièce. Après quelques secondes à reprendre ses esprits dans le couloir, qui lui ne tournait pas, elle me sauta au cou.
« Je suis tellement heureuse de te revoir Charly. » dit-elle en échappant un sanglot.
Je la serrais dans mes bras, heureux moi de l'avoir tiré d'affaire avant qu'elle n'est vécue ne serait ce qu'une seule mort.
« Ici c'est horrible Riley, ils nous font prendre de la drogue, on est déscolarisés et entraîné pour devenir des assassins ... il faut que tu m'aide à partir ... »
Elle me lança un regard ébahit et déboussolé.
« Je ... »
« Dans cette pièce tu t'apprêtais à revivre huit morts qui détermineraient ta classe ... moi j'ai vécu celle de ma mère ... je m'en suis toujours pas remis. »
Elle échappa un cri de stupeur.
« Je fais quoi pour t'aider ? »
« Il faut que tu libère les autres nouveaux, ceux qui ont été appelés en même temps que toi et qui sont à cette heure ci eux aussi enfermés dans une pièce semblables à la tienne. » expliquais-je en lui donnant la clé avec laquelle je l'avais libéré, récupérée plusieurs minutes auparavant dans le bureau du directeur.
Elle acquiesça d'un signe de tête affirmatif.
« Rejoint moi dans la cours. »
Elle partit en détachant son regard du miens et je me surpris à retenir une larme qui s'écrasa sur mon pied. Je partis moi aussi en courant, en direction du dernier étage.
« On est libre ! » criais-je en ouvrant à la volée la porte de chaque chambre.
« Sortez ! »
Les détenus coururent rejoindre la sortie. Certains m'accordèrent un « merci », d'autre un regard mais tous parurent soudainement heureux. Un sourire aux lèvres, j'ouvris la dernière porte du couloir des garçons, celle de Noham et d'un autre élèves que je ne connaissait pas. Ce dernier était assis sur son lit, en pleures, alors que la fenêtre ouverte laissait rentrer des bouffées d'air.
« Tu es lib ... où est Noham ? » demandais-je.
« Il ... il ... » sanglota le garçon en indiquant la fenêtre du doigt.
Je m'avançais en redoutant le pire. J'aurais du m'en douter, c'était ça sa façon de s'échapper.
ЖЖЖЖЖ
Je me mis à trembler en touchant le corps froid du jeune métisse écrasé sur le sol. Ses yeux cacao étaient sans larmes, sans regrets, sans vie. Je me rattachais à l'idée qu'il n'aurait pas eu une vie meilleure après cela, que c'était peut être la seule solution mais éclatais malgré tout en sanglots. Cet orphelinat prenait des vies sans regrets, c'était du gâchis, entrer ... c'était ne pas en ressortir entier.
Je déplaçais le cadavre de Noham dans le petit jardin de pâquerettes, fleures que j'aimais tout particulièrement du fait qu'elle sache se trouver une place n'importe où, à n'importe qu'elle saison. J'en cueillis une que je plaçais dans ses cheveux et détachais, pour la dernière fois, mon regard de son corps sanglant.
Étant arrivé sur les derrières de l'orphelinat, je passais par la fenêtre - toujours ouverte - et atterri dans le bureau de M.Willer. Je ne vis pas que son corps ainsi que celui de Mme Kusetsky avaient été évacués et m'avançais dans l'étroite pièce. Je récupérais une énorme clé aux formes qui créaient une torsade dans le haut et rejoignis Riley et les libérés dans la grande cours. J'insérais alors la clé dans l'immense portail qui s'ouvrît - je fus étonné - sans grincements. La foule se dissipa, partagée entre joie et au revoir. Ilario s'arrêta pour me serrer la main et me remercier silencieusement, d'un signe de tête.
Riley ma sauta encore une fois au cou et on se sera de longues minutes, au beau milieu de la cours déserte.
« Merci, merci pour tout Charly. »
« A bientôt ...! » finis-je en m'écartant de son étreinte.
ЖЖЖЖЖ
J'étais sur les toits du premier bâtiment, celui où j'avais commencé ce qui était devenu un massacre. Taylor me manquais terriblement mais j'avais une peur qui grandissait au fond de moi en pensant à nos retrouvailles. Peut être voudrait-il en finir entre nous à cause de ce que je lui faisais subir. En tous les cas, c'était ma seule raison, la seule qui me rattachait à la vie. Mais après toutes ces vies gâchées pouvais-je vraiment continuer comme si de rien n'était ? Ou allais-je aller ? Je savais que je ne pourrais pas rester indéfiniment au près de lui alors ... j'avais pris une décision. Celle de quitter ce monde.
Un pas de plus et je commençais une chute dans le vide. Je connaissais cette sensation, je n'avais pas peur et je ne regrettais pas. Peut être allais-je rejoindre ma mère et Noham mais si le paradis existait, je me retrouverais plutôt en enfer.
J'avais retenu une chose de ces quelques mois passés ici, en regardant ma main, je m'étais rendu compte qu'elle était toujours complète. Et oui, mon index n'avait pas disparu, le doigt qui représentait mes démons était encore fermement accroché à moi. Ce jour là j'avais vaincu de vrais démons et j'étais prêt à vivre avec les miens. Même s'il était trop tard, que j'avais mis fin à ma vie et que mon corps n'étais autre qu'un cadavre écrasé sur le béton, j'avais enfin réussis à m'accepter tel que j'étais vraiment, avec ma joie et ma mauvaise humeur, avec mes cauchemars et mes démons. Et le seul qui m'a guidé à travers ses horreurs, c'est toi Taylor, ma raison c'est toi parmi mes démons.
Fin ...
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Toi parmi mes DÉMONS [BxB]
Mystery / ThrillerTome 1 Quand tout bascule du jour au lendemain, il est difficile de se reconstruire une vie. Charly, jeune adolescent à l'enfance difficile et aux pulsions meurtrières, est intégré à un nouvel orphelinat après avoir essayé de tuer son petit ami. Bie...