12- Devenir cruel

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Ses longs cheveux platines attachés en un chignon délicatement laqué ...

Sa jupe kaki et son débardeur beige qu'elle portait si souvent ...

Ses talons mi-haut d'un rose pâle qui claquaient sur le sol synthétique ...

Ses ongles vernis d'un rose saumon ...

« Bonjour, entrez ... » fit la voix de Mme Kusetsky.

Un ton rauque déforma son habituel timbre si doux, elle paraissait plus virile, avec un côté méchant et une voix d'homme. Cloué sur place, je plongeais mon regard dans le sien. Passèrent quelques secondes puis elle tourna le visage après m'avoir lancé un regard perplexe. Ses yeux couleurs tropiques avaient été remplacés par un rouge sanglant, lui donnant un air démoniaque.

Il y avait quelque chose d'anormal, même en cachant le fait qu'on se connaisse, ma professeure de musique m'aurait adressé un tendre regard comme à son habitude. Puis je repensais à la classe rouge et aux massacres que j'avais vécu tandis qu'une vague d'angoisse monta en moi.

Que faisait elle ici ? Elle ouvrit la porte d'un geste brusque et les élèves prirent places au hasard.

« Je me répète, bonjour. » dit-elle en ramassant les papiers trouvés ce matin au réveil.
« Classe rouge, classe rouge ... tout est bon. Je me présente, je suis la professeure principale de la classe rouge, tout simplement. »

J'avais la désagréable sensation que ce n'étais pas elle, pas la Mme Kusetsky que je connaissais. Elle était comme ... impossible de savoir ...
Elle distribua à chacun un bracelet de tissu rouge qu'elle nous ordonna de toujours avoir à notre poignet.

« Ici, nous somme là pour faire de vous un génie qui possède, par classe de couleur, un atout. On a décelé cet atout durant les morts que vous avez vécu cette nuit même, endormis suite à un somnifère glissé dans votre verre de bienvenue. »

Tout s'éclaircissait.

« La classe rouge, c'est un atout particulièrement difficile à travailler : la curiosité. Cette soif qui grandit en vous arrêtée par vos démons que nous allons dès maintenant vous aidez à vaincre. »

ЖЖЖЖЖ

J'avais alors compris, compris que ces huit morts n'étaient que le fruit de mon esprit guidé par la voix du directeur et un simple somnifère, compris que Mme Kusetsky était possédée par quelque chose qui la rendait différente, compris qu'on avait ici pour but de changer, de devenir ... cruel.

J'allais trouver un moyen de sortir d'ici au plus vite, mais je ne pouvais pas abandonner Mme Kusetsky, ni Riley.

Je me réfugiais alors à la bibliothèque de l'orphelinat avant que les cours de l'après-midi commencent. Je repassais les rayons en ayant bien en tête le titre que je cherchais : Willer. Plusieurs ouvrages m'interpellèrent après plusieurs minutes de recherche et je me dépêchais de les emprunter. Je sortis en accélérant le pas, traversai les jardins et m'installai finalement sous un pommier en fleur.

Je ne trouvais pas d'informations que je jugeais vraiment utile de savoir, rien qui ne m'interpella à première vue ... sauf peut être un ouvrage abimé par le temps à la reliure dorée et à la lourde couverture rouge. Je le feuilletai rapidement et m'arrêtai sur une feuille volante qui n'était autre qu'une page de journal intitulée « un centre pour meurtriers ». Mes yeux ébahis traversèrent les lignes à toute vitesse tandis que mon cœur battait la chamade, je venais de comprendre dans quelle mystérieuse aventure je m'étais lancé.

Toi parmi mes DÉMONS [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant