Pars, et repend toi.

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Seize ans plus tôt, dans le Royaume de Milos.


- En tant que roi du royaume, moi Taro je te condamne, toi Laya, à l'exil définitif, pour avoir détruit la principauté de Bovia.


Elle ne dit rien, et se contenta de le fixer du regard d'un air neutre, comme si elle fut déjà au courant de l'issue de cette audience, et de son châtiment. 


- À partir de cet instant, je te retire ton titre de Gardienne d'Or du Royaume. Tu as 2 h pour faire tes valises et quitter le royaume de Milos dans la plus grande discrétion.

- Ne vous inquiétez surtout pas votre Majesté, je n'ai absolument rien à prendre avec moi. dit-elle en le regardant simplement dans les yeux.


L'ambiance dans la salle de Jugement fut d'un silence des plus étranges. Tous les yeux furent rivés sur cette dénommée Laya, qui ne sembla pas plus inquiétée que cela. 
De la stupeur, du soulagement ainsi que de l'incompréhension demeurèrent lisibles sur les visages des jurés face à cette nonchalance qui lui est propre. Personne ne sembla comprendre sa réaction. Le roi s'apprêta à reprendre son discours quand un des jurés se leva et prit la parole. 

 - Votre Majesté puis-je me permettre une objection ?

- Je t'écoute Gibralt.

- Sans vouloir offenser votre Majesté, ne serait-il pas raisonnable qu'en vu des actes aussi barbares et contre nature que cette misérable femme ait...

- Soigne ton langage Gibralt. s'exclama-t-elle en lui coupant la parole. 

- Silence femme !

- Taro parle à ton serviteur où ça va mal finir. dit-elle d'un calme à en donner la chair de poule au roi, sous le regard effaré du vieux.

- Comment osez-vous misérable sotte !


Gibralt, choqué et énervé, s'apprêta à riposter quand une voix imposante et effrayante résonna dans l'enceinte de la Salle. 


- Silence !


Il suffit d'un mot, un simple petit mot et la salle replongea dans un silence des plus absolu. Certes le Roi ne fut pas le plus fort, mais il fut respecté. Avec sa longue chevelure brune qui retombait sur ses épaules, son imposante barbe emmêlée et sa balafre à l'œil, il en intimidait plus d'un. Voyant le roi hausser le ton, Laya ne peut s'empêcher d'étouffer un rire, tandis que Gibralt se pétrifie. 


- Gibralt.

- Ou-oui votre Majesté ? bégaye-t-il en baissant la tête de peur.

- Ta prise de parole n'était pas nécessaire, j'ai fait mon choix et je ne change jamais d'avis.

- Mais... votre Magnificence je... tente-t-il de se justifier en tremblant comme une feuille.

- TU OSES TENIR TÊTE À TON ROI ?


Un nouveau silence de tombe s'ensuivit. Les jurés, dans leurs toges blanches, eurent tous baissé leurs têtes en signe de soumission, tandis que Gibralt fut retourné à sa place près de ses semblables. On put entendre les mouches volées et les respirations saccadées des jurés apeurés. Encore une fois, Laya étouffa un rire, tandis qu'un sourire arrogant se forme sur son visage. 

"Il l'a bien cherché" pensa-t-elle en souriant de plus belle.

Il y eut ce jour-là 28 jurés, tous aussi vieux les uns que les autres. Il n'y eut aussi aucun public, personne dans le royaume ne fut au courant de ce procès et du Jugement de la Gardienne d'Or Laya. 

La dernière Gardienne d'Or du Royaume.


- Bon vous avez fini ? finit-elle par demander. 

Le roi la regarde un instant, et ne peut s'empêcher d'être intrigué par cette femme, qui ne semble pas réaliser la situation dans laquelle elle se trouve. 


- Non pas encore, j'allais finir lorsque quelqu'un a eu l'intelligence de m'interrompre.


On put entendre les sanglots de Gibralt à l'autre bout de la salle de Jugement. Et cela amusa Laya. Le voyant sourire, le roi ne put s'empêcher de la regarder un long moment, avant de reprendre la parole.


- Donc je disais... désormais tu es et tu seras considérée comme une ennemie du Royaume. Que quelqu'un vienne lui retirer ses pinces.

 - Ne vous fatiguez pas.


Il n'eut pas le temps de désigner un garde que les pinces qui furent accrochées aux mains Laya se brisèrent en une fraction de secondes. Elle se frotta doucement les poignets, et ne put s'empêcher de soupirer de soulagement. Face à ce spectacle, le roi ne put s'empêcher de sourire face à son insouciance.

"Mesure-t-elle la gravité de la situation ? "pensa-t-il.


- Je n'attendais pas moins de ta part Laya... je suis désolé que ça se termine ainsi. Pars et repends-toi pour le mal que tu as causé autour de toi.


Elle ne dit rien, et d'un pas nonchalant elle se dirigea vers la grande porte. Tandis qu'elle se dirigea vers la grande porte, tous les jurés la fixèrent du regard : certains furent inquisiteurs, d'autres soulagés. Malgré tout elle ne baissa pas la tête et continua de marcher jusqu'à la sortie la tête haute, comme elle l'eut toujours fait. Lançant un dernier regard aux jurés et au roi, elle claqua la porte, et s'en alla pour toujours.

Les Gardiens Fantômes. Chapitre 1 : L'épée Maudite [RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant