Tome 2 - L'Amour triomphe-t-il toujours ? - B. Pavard

Chapitre 3 - Tu veux parler ? ✔️

Mardi 14 septembre 2021

Benjamin Pavard

Depuis quelques jours, Lucie est revenue sur Lille. J'ai tenté par tous les moyens de lui parler avant mon départ pour le rassemblement avec les bleus mais je n'ai pas réussi à l'aborder une seule fois. Elle me fuit comme la peste et je ne sais toujours pas pour quoi. J'ai essayé d'en apprendre plus auprès de sa mère, mais elle-même ne connait pas la raison de son départ ou alors elle ne souhaite pas me le dire.

Mais maintenant, je suis de retour et toujours obstiné à vouloir mon explication. Durant le rassemblement, j'étais une vraie larve. Deschamps ne m'a même pas fait jouer une minute des deux matchs prévus, regrettant surement de m'avoir sélectionné. Je n'ai jamais voulu que le personnel prenne le pas sur le professionnel, séparant toujours les deux mais aujourd'hui, je n'arrive pas à trouver la limite et cela se ressent dans mon jeu.

J'ai la tête ailleurs depuis son départ, incapable de penser à autre chose qu'à elle. Je l'ai vu le matin devant l'école, observant Lucas. J'ai voulu l'interpeler mais elle a fui, comme elle le fait depuis plusieurs semaines. Et ma mère m'a confirmé qu'elle l'a croisé devant l'école. D'après elle, Lucie n'est pas dans un meilleur état que moi, elle parait sans vie comme si elle errait sur Terre, sans but, telle une âme vagabonde.

Le plus difficile pour moi, n'avoir aucune explication à donner à mon Petit Prince. Je ne peux faire que des suppositions : la peur de l'engagement, un geste inadéquat de ma part, un mot de travers, une demande impossible pour elle, ... Je repense à tout ce que nous avons vécu ces derniers mois et je ne vois rien qui aurait pu la faire fuir, à part ma demande en mariage. Mais pourquoi partir sans un mot, en accusant le silence de notre séparation alors que je ne cherche qu'à le briser.

Lucas a lui aussi perdu sa joie de vivre. Il était impatient de faire sa rentrée, il y a encore quelques semaines, aujourd'hui, il ne veut même plus aller à l'école. Le matin, il pleure, voulant se rendre aux entrainements avec moi, de peur que je l'abandonne à mon tour. Je lui ai expliqué que je ne le quitterai pas quoiqu'il arrive. Je pensais qu'il y avait un problème avec ses camarades de classe mais sa maîtresse me dit que tout se passe bien, qu'il participe aux activités mais reste seul lors des récréations. Cela se ressent sur ses émotions, il se renferme de plus en plus sur lui.

Je l'ai inscrit au foot, lui qui voulait tant en faire. Même cette activité ne lui redonne pas le sourire. Je le remarque à chaque entraînement. Il joue pour me faire plaisir, par obligation plus que par envie. Je ne veux pas qu'il ressente du dégout pour le foot, je veux qu'il vive cette passion qu'il avait avant le départ de ma fiancée. Je veux le voir sourire, je veux l'entendre rire aux éclats dans la maison, je veux le voir faire des bêtises et admettre qu'il n'a rien fait avec sa petite bouille d'ange qui me fait craquer à chaque fois.

Au lieu de la famille dont je rêvais depuis ma rencontre avec Lucie, je me retrouve avec une famille brisée. 

***

Treize heures, le rideau de la pharmacie se baisse. J'attends devant que Lucie quitte son lieu de travail. Après plusieurs tentatives pour l'aborder, je décide de patienter, adossée contre le mur de l'officine, seul endroit où elle ne pourra pas m'éviter. La clé tourne dans le rideau. Elle fait le tour par derrière. La porte claque. Elle avance tête baissée, les écouteurs dans les oreilles. Je pose une main sur son épaule, elle sursaute.

- Désolé, je ne voulais pas te faire peur, m'excuse-je alors qu'elle retire ses écouteurs.

Elle reconnait ma voix et accélère ses pas. Je la rattrape par le poignet, je ne peux pas la laisser fuir encore une fois. Nous avons déjà assez souffert tous les deux.