Tome 2 - L'Amour triomphe-t-il toujours ? - B. Pavard

Chapitre 18 - Centre Équestre ✔️

Mardi 21 décembre 2021

Lucie Costa

Lovée dans les bras de Benjamin sur le canapé, nous regardons un énième film de Noël dont le scénario est identique aux milliers d'autres déjà diffusés. Je m'ennuie d'être enfermée dans cette maison surtout après la sortie d'hier. Et je ne semble pas être la seule. Lucas, dans son air de jeu, tourne les pages de son livre de coloriage sans en trouver un qui lui plait.

- J'aimerais bien retourné au centre équestre, Ben. Est-ce qu'on peut y faire un tour ?, tente-je sans grande conviction en regardant mon homme.

Mon bouclé ne quitte pas l'écran des yeux comme si les images diffusées sont la meilleur chose qui soit. Il fait semblant de ne pas m'entendre mais je sais être têtue quand je veux quelque chose.

- Ben... ?, essaye-je à nouveau en me redressant.

- Lucie, il faut que tu te reposes. Hier, déjà, nous sommes allés au marché de Noël et la journée a été longue pour toi. Restons à la maison, c'est mieux. On peut faire un jeu de société si tu veux.

Je me lève du canapé, non sans difficulté et me dirige vers la cuisine en bougonnant. J'en ai marre d'être enfermée, j'en ai marre d'être traitée comme la petite chose fragile. Je suis enceinte, avec une grossesse un peu plus compliquée que prévue certes, mais le temps devient long à rester allongée toute la journée. Déjà hier, je me suis plainte de l'ennui des journées sans activité. Les jeux de société c'est sympa deux jours, après, on a vite fait le tour : Uno, Kems, Président, Monopoly, Trivial Pursuit, puzzles en tous genre... Je crois bien que tout y est passé. Je pense même connaitre les réponses par coeur aux questions du TP. Je suis opérationnelle pour participer aux Douze Coups de Midi ou à Qui veut gagner des millions ? avec toute la culture générale ingurgitée en quelques jours.

- Que t'arrive-t-il ma fille ?, me demande ma mère alors que je rentre dans la cuisine.

- Je voudrais sortir de cette maison mais Benjamin ne veut pas, me plaigne-je comme une enfant de cinq ans.

Je m'assois devant la table, pose mes coudes dessus et couvre mon visage avec mes mains, dépitée que personne ne comprenne mon envie de quitter cette prison dorée.

- Tiens prend un morceau de gâteau.

Ma mère me tend une assiette avec le fameux morceau, un gâteau au chocolat comme je les aime. Je la regarde, interloquée. Qu'est-ce qu'elle n'a pas compris dans ce que je viens de dire ?

- Aaarrrrgh ! Personne ne m'écoute dans cette maison. Je n'ai pas faim, maman. J'ai juste envie de sortir, râle-je encore une fois en me levant.

Ma mère se précipite pour m'aider à me lever ce qui m'énerve encore plus.

- C'est bon, je ne suis pas en sucre !, vocifère-je en levant les bras.

Je quitte la cuisine, sous le regard interrogateur de Nathalie qui entre dans la pièce. Ma mère lui explique pourquoi je râle.

C'est sympa d'avoir autant de monde qui s'occupe de tout, mais là maintenant, je souhaiterais être seule et faire ce que j'ai envie de faire sans que personne ne scrute mes moindres faits et gestes.

Je monte dans la chambre et ferme la porte. Je m'assois sur le lit prête à m'ennuyer encore plus.

- Petite grenouille, pourquoi personne ne veut m'écouter, hein ? Je veux juste sortir prendre l'air, pas aller courir le marathon. Je sais que pour toi, toute activité physique de ma part peut-être dangereuse, je ne risque pas de l'oublier avec toutes les personnes qui me le rappellent au quotidien. Je demande juste à sortir quelques minutes, je ne veux pas mettre ta vie en danger comme je l'ai fait avec cet accident, c'est tout l'inverse du rôle de mère. Est-ce que je serais une bonne mère ?, souffle-je en caressant mon ventre.