Chapitre 22 - Nouvelle année, nouveau défi ✔️

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Samedi 1er Janvier 2022

Benjamin Pavard

A peine le temps de la voir, notre fille part avec le personnel dans une autre pièce pour être réanimée. Tous mes sens sont en alerte, j'essaie de percevoir chaque bruit afin de distinguer un pleur, signe qu'elle serait en vie, en vain. Toujours pas de pleurs, les minutes s'écoulent...

Il est minuit douze, la porte du bloc s'ouvre de nouveau, un homme s'avance vers nous alors que Lucie est toujours sur la table d'opération, sa main broyant la mienne.

C'est le pédiatre. Il nous annonce que notre fille va bien, elle respire mais a besoin d'une assistance respiratoire. Si elle respire pourquoi avoir besoin d'une assistance respiratoire ? Elle va être montée en réanimation néonatale. On me prévient que je peux la voir. Pas le temps d'être soulagé ou inquiet, j'embrasse ma fiancée et je suis le pédiatre jusque dans le service. Le bruit des machines envahit les lieux, les bips sont réguliers pour certains, moins pour d'autres. Une quinzaine d'enfants sont présents.

Je me trouve dans l'entrée d'une petite chambre, juste assez grande pour accueillir la couveuse et un fauteuil dans lequel je peux m'assoir. Ma fille, notre fille, est minuscule dans cet immense caisson de verre. Elle a un bonnet sur la tête, sa peau a pris de la couleur, ses yeux clairs sont ouverts. Si elle n'était pas reliée aux machines, je pourrais presque oublier ce qu'il s'est produit quelques instants plus tôt.

Le pédiatre me rassure, elle va bien mais elle a besoin de soins en urgence. Il m'explique que notre fille à la maladie des membranes hyalines. C'est une des causes principales de détresse respiratoire du nouveau-né. Elle est liée à une immaturité pulmonaire avec un défaut en surfactant pulmonaire et affecte préférentiellement le nouveau-né prématuré. Que des mots compliqués que Lucie aurait compris mais pas moi. Cette immaturité est responsable d'un tableau de détresse respiratoire nécessitant une oxygénothérapie et des mesures d'assistance respiratoire. L'administration de corticostéroïdes n'a pas été suffisante à la maturation pulmonaire, c'est pour ça que notre fille s'est trouvé en difficulté.

Le manque de surfactant a été à l'origine d'un collapsus des alvéoles et donc d'une altération des échanges gazeux. Ses alvéoles sont restées fermées. Cela s'est traduit par des signes de détresse respiratoire : signes de lutte, apnées, cyanose.

Le traitement est symptomatique. Le médecin m'explique que notre fille se trouve sous ventilation mécanique et qu'elle a subit une administration de surfactant exogène par la sonde d'intubation. L'évolution est favorable. Que des termes médicaux dont je ne comprends même pas la moitié. Ce n'est pas moi le scientifique de la famille, c'est Lucie. Je suis tellement perdu mais je me dois de retenir le maximum d'informations.

- Si cela est possible, l'équipe médicale ira avec la couveuse voir la maman, conclut-il avant de me laisser seul quelques instants avec ma fille.

Je fais quelques photos et m'empresse de rejoindre Lucie. Elle est de retour dans sa chambre. Ses yeux sont clos, la fatigue se lit sur son visage. Je n'ose pas la réveiller. Je m'installe sur le lit à ses cotés et me laisse aussi tomber dans les bras de Morphée pour quelques minutes.

Le poids d'un bras qui m'enlace me réveille. Lucie se tient contre moi. Je caresse son visage tendrement. Elle ouvre difficilement les yeux. Ses derniers parcourent la pièce. Elle se redresse rapidement ce qui lui dessine une grimace sur le visage.

- Doucement, la préviens-je. Tout va bien. Notre fille va bien.

Je sors mon téléphone et lui montre les photos que j'ai prises, il y a de cela plus de trois heures. Je la rassure enfin j'essaie. J'imagine le pire dans ma tête sans oser le dire.

Tome 2 - L'Amour triomphe-t-il toujours ? - B. PavardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant