Chapitre 18

21 0 0
                                    

- Quelques mois plus tôt -

Aron était debout sur un tabouret son petit doigt, passant de sa bouche à la pâte à gâteau dans le saladier. Les contours de sa bouche, son nez retroussé et ses joues étaient recouvertes de pâte au chocolat. Un énorme sourire éclairait son visage lorsqu'il replongea sa main dans le saladier pour l'amener jusqu'à sa bouche. 

- Prend une cuillère, mon cœur, tu en as jusqu'aux coudes, dis-je en riant.

Il descendit à toute allure du tabouret pour prendre une cuillère dans le placard et remonta à la même vitesse. Évidemment il n'avait pas prit la plus petite! Le mélange dans sa bouche, il fit des petits gazouillis de bonheur.

Je l'avais gardé à la maison car il se plaignait de crampes d'estomac mais alors que je le regardais du coin de l'œil, je ne vis plus aucunes traces de maladie.

Il reprit une grosse cuillère.

- Si tu manges toute la pâte, comment ferons nous des gâteaux.

Ses petits yeux se posèrent sur moi, tout mielleux, me faisant craquer. Alors je lui fis un gros bisous sur le front en rigolant, prenant moi aussi une cuillère de pâte à gâteau.

J'entendis la porte d'entrée se claquer dans un grand bruit. Je me figea la cuillère suspendue dans les aires. Le bruit d'un veste que l'on enlève, d'une chemise que l'on froisse, dés chaussure que l'on déchausse le ramenèrent à la réalité. A la routine que je préférais oublier.

Je regarda la pendule, prise de panique, qui figea tout mon être. Il était 20 heures et je n'avais ni couché Aron, ni mis la table, ni fais à manger. Il allait être énervé.

Thomas pénétra dans la cuisine d'un pas lourd, je me tourna pour le regarder en souriant mais ces yeux étaient sombres et reflétaient son énervement. Il ferma les yeux un instant, se pincent l'arrête du nez, signe de son agacement.

- Pourquoi n'as-tu encore rien préparé? Demanda-t-il froidement, j'ai l'impression que tu me cherches.
- C'est ton anniversaire, tentais-je de la voix la plus douce que je pus, Aron a pensé...

Il frappa de toutes ses forces le plan de travail avec son poing, arrachant un cri de surprise à Aron, qui se cachait derrière la jambe.
Une gifle partie avant même que je ne m'en rende compte. 

- J'en ai rien à foutre de ce qu'il a pensé, hurla-t-il à présent fou de rage, tu as une chose à faire et tu n'es pas capable de la faire correctement.

Je sursauta à mon tour lorsqu'il rabattu son poing sur la table.

- Je suis désolé, papa, dit Aron en pleurant, désormais.

Thomas sorti un rire moqueur. Puis attrapa le bras d'Aron pour le jeter de l'autre côté de la pièce.

- Arrête! M'écriais en voulant m'interposer entre eux. Pitié arrête, ce n'est qu'un enfant.

Il se stoppa en se retournant lentement vers moi puis sourit à nouveau.

- Tu as raison, ma chérie, tu devrais aller te coucher Aron.

Ses petits yeux se posèrent sur moi, inquiet, et j'hocha lentement la tête puis il parti en courant s'enfermer dans la chambre.

La suite fut flou, ne me laissant que quelques brides et l'état de mon corps pour témoigner de la dure scène. Je me vis étalée sur le sol, un liquide coula le l'on de mon crâne. Je vis mon corps se recroqueviller dans un coin de la pièce tentant de fuir. Je me rappela de ses yeux sombres lorsque son poing s'abattit sur moi. Encore et encore.
Je ne retrouva possession de mes sens seulement le lendemain matin lorsque le téléphone de la maison sonna. J'étais allongé sur le sol, dans un coin de la cuisine, recroquevillé sur moi-même. Personne n'était présent dans la maison, pas même Aron.

La sonnerie du téléphone résonna à nouveau, me forçant à relever mon corps endolori.

- Allo, répondis-je, la voix pâteuse.
- Je suis la maîtresse d'Aron, répondis la voix à l'autre bout du fil, d'où transpirait l'anxiété. Vous êtes bien la maman d'Aron? Votre mari est à la maison?
- Non, il y a un problème?
- Non mais venez le plus rapidement possible.

J'enfila des habits le plus rapidement possible et prit la voiture de Thomas, qui ne servait qu'à des fins personnels car tel un homme parfait, il faisait du co-voiturage.

Arrivée devant l'école, munit de mon pyjama, le corps entièrement recouvert de bleus et un œil au beurre noir, je traversa le couloir, tel une furie, menant à la salle de classe d'Aron.

- Vous devez partir, murmura-t-elle lorsqu'elle m'aperçus dans le couloir.
- Il me tuera si on part.
- Il vous tuera même si vous restez.

Alors, j'avais mis Aron dans son siège auto à l'arrière de la voiture. Mon cœur battait la chamade, résonnant dans mes tintants. Je tentais d'arrêter les tremblements de mes doigts sur le volant. Par le rétroviseur, je le regarda se triturer les doigts en regardant par la fenêtre. Je sus à cet instant qu'il avait tout révélé à sa maîtresse. Le cœur lourd, je fixa la route devant moi. J'avais dans cette voiture la seule chose qu'il fallait que je sauve: mon fils. A n'importe quel prix.

La Loi du CoeurWhere stories live. Discover now