Chapitre 11

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Je me sentais humiliée. Lorsqu'il m'avait délibérément rejeté, j'avais feint la fatigue pour pouvoir l'éviter le plus vite possible. Il m'avait semblait déçu mais m'avait donné sa chambre pour la nuit car il ne voulait pas réveiller Aron pour que l'on rentre à l'auberge. Une excuse en bois, nous le savions tous les deux.

Depuis, j'étais enfermée dans la chambre avec mes sentiments contradictoires qui m'empêcher de sortir. D'un côté, je ne voulais pas que l'on se rapproche car comme il l'avait dit c'était trop tôt, et mes démons étaient toujours très présents. De l'autre, l'irrésistible envie d'être avec lui, de le toucher, combattait mes bonnes résolutions.

Je m'allongea sur le lit en soufflant d'exaspération. Pourquoi ne s'était-il pas contenté de m'embrasser? Ça aurait évité cette situation de gêne. Ou alors ça l'aurait renforce.
Je m'aplatis le coussin sur la tête et grogna devant. Ce foutu lien rendait tout si compliqué!

Il fallait quand même que je descende pour l'affronter. Et puis, il ne pouvait pas s'occuper seul d'Aron, sachant que j'entendais celui-ci courir partout dans la maison en faisant des bruits d'animaux, depuis très tôt ce matin.

- Bonjour, dit-il gaiment quand je descendis les escaliers pour entrer dans la cuisine.

Je ne répondis pas. Mieux valait jouer la carte de l'indifférence plutôt que m'humilier à montrer mes sentiments.

Il était de dos et ne portait que son caleçon noir alors je détournais les yeux de son magnifique dos. Il était entrain de faire la vaisselle.

J'entendais un gros boum, suivit d'un long crie d'animal sauvage. Aron venait de sauter du canapé et faisait des tours en courant dans la cuisine.

- Comme ça c'est mieux? Demanda-t-il en direction de Dante.
- Mets plus de colère, sinon on te prendra pour un bébé loup.

Il hocha vivement la tête avant de repartir dans le salon pour recommencer son manège, en courant à toute vitesse. Je regardais la scène qui se dérouler devant moi et l'énervement que j'avais ressentis s'évapora.

- Tu as faim? On a fait des crêpes.
- Vous avez fait des crêpes toutes les deux ? Demandais-Je surprise.

Il hocha la tête en riant de bon cœur.

- Je ne pensais pas que c'était aussi dure de canaliser un enfant!

Sa gentillesse et ses bonnes actions me rappelle des scènes familières, un homme familier. L'homme parfait, qui préparait un bon petit plat lorsqu'on allait chez des amis, qui apportait toujours le bon cadeau, qui était toujours le meilleur mari et père que l'on puisse rêvé.

- Tu es décidément l'homme parfait, qu'est-ce qu'il se passe sous ta carapace de gentil toutou? Demandais-Je la voix cassante pour lui faire autant de mal que j'en ressentais à cet instant.

Il se tourna pour le regarder avec appréhension. Je sortie de la maison à toute allure pour cacher mes larmes.

Je baissais vivement la manche de mon t-shirt quand je vis le regard de ma mère se poser sur mon bras, recouvert de bleus. Les mots qui voulaient sortir de la bouche pour tenter d'expliquer la situation ne se formèrent pas. J'avais le cœur qui battait la chamade et je sentais tout mon corps de vider de ses forces.

- Tu t'es fait mal, demanda ma mère comme si elle ne percevait pas ma détresse.
- Non, pas tout à fait.

Je savais que si Thomas surprenait la conversation, ni moi ni Aron ne survivraient à la soirée qui s'annoncer mais il fallait que j'essaye quelque chose. Pour que l'on soit sauvés.

Elle regarda la manche que je tenais avec fermeté puis me regarda dans les yeux. Les larmes me montèrent mais je les chassais avec une inspiration. Il ne fallait qu'il ne se doute de rien.

Thomas entra dans la cuisine avec une pile d'assiettes sales et se positionna devant l'évier pour faire la vaisselle.

- Ne t'inquiète pas, Thomas, j'allais la faire, lui dis-je en le poussant un peu pour me placer devant.

Il me lança un regard noir, attrapant mon bras plein de bleus pour le serrer le plus fort qu'il put. Je m'empêcha le moindre couinement de douleur. Puis il m'embrassa sur la joue.

- Comme tu préfères ma petite chérie.

Je jeta un regard à ma mère qui regardait Thomas sortir de la cuisine, tout sourire. Son regard bifurqua sur moi, un seul instant avant de se détourner vers son gâteau.

- Il faut que tu nous aides, murmurais-Je.

Elle me regarda puis souri.

- Tu ne vas quand même pas me faire croire que Thomas te fait du mal. Tu veux tellement faire ton interessante que tu irais inventer n'importe quoi. Ça se trouve tu te fais ces bleus toute seul. C'est vraiment pathétique.

Elle me regarda de haut en bas, avec un regard dur. Elle prit un couteau et son plateau de gâteau avant de me pousser pour accéder à la salle à manger, avant de franchir la porte elle se retourna vers moi.

- Tu devrais arrêter de faire ton interessante.

Je resta quelques minutes debout dans la cuisine, trop choqué pour faire le moindre mouvement. Je n'aurais rien du lui dire, cela aurait mieux valu. Mon corps devenu de marbre et je me contenta de la suivre et de m'assoir autour de la table.

C'était peut être moi qui me faisait des idées. Peut être que je méritais cette situation, alors je ne dis plus rien durant toute la fin de repas.

Aujourd'hui je savait que je ne le méritais pas mais voir Dante aussi serviable que Thomas me donnait l'envie de vomir. Mais Dante n'était pas comme ça, et mon cerveau se le répéta en boucle pour contrer le souvenir de Thomas.

La porte s'ouvrit sur Dante qui se posa près de moi.

- Tu trouves que je suis un gentil toutou, comme ça ? Demanda-t-il pour détendre l'atmosphère.

Je ris et son rire rauque me suivit, il essuya les larmes qui perlaient sur mon visage et me tira vers lui pour le serrer dans ses bras.

- Je ne suis pas comme lui.
- Je sais.

Il sourit contre mon cou avant de m'embrasser sur le front.

La Loi du CoeurWhere stories live. Discover now