Chapitre 6

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- Liés comme des âmes sœurs, vous voulez dire? Répétais je pour la deuxième fois.

Je n'arrivais pas à croire ce que j'entendais, c'était encore plus absurde que ma présence dans ce village. Comment pouvions nous être âme soeur alors que nous ne nous connaissions pas?

- Oui, répondit mon « âme sœur » visiblement agacé par la naïveté de ma question.

Je bus une longue gorgée de vin pour faire passer mon malaise et mon anxiété.

- Mais vous êtes des humains, vous? demandais je en désignant les autres membres de la table. C'est juste lui le loup, pas vous, hein?
- Eh bien, répondit Lara en riant pour dissiper le malaise, si, tous les membres du village font partis de la meute.
- Ah.

Je serrais la main d'Aron le plus fort que je pus. Il fallait qu'on s'enfuie, et rapidement mais je ne dis mine de rien. Si c'était tous des loups, je ne donnais pas cher de notre peau. Je préférais mille fois faire face à la colère de Thomas plutôt que de me faire dévorer par une meute de loup affamé.

- Nous fonctionnons en meute, repris le chef comme si de rien n'était, dont tous les membres ont une fonction. Moi, par exemple, je dirige au côté de June, la louve a qui j'ai été lié. Lara est une protectrice. Son auberge est un lieu neutre où elle peut donner asile. C'est son instinct qui lui a dit de t'accueillir et de s'occuper de toi.
- Moi, je suis un combattant, dit l'homme. Nous protégeons la meute des loups solitaires ou des autres meutes.

Génial! Déjà que je suis liée à un loup, il faut en plus qu'il soit un combattant dont le seul but et de tuer.

- Des autres meutes?
- Elles sont reparties un peu partout dans le monde, oui.

Aron me tira le bras pour attirer mon attention.

- Je peux aller dehors?
- Non, répondis Je plus brusquement que voulu.

Si nous sommes entourés de loups, je ne peux en aucun cas laisser Aron seul. Pas un seul instant. Mon seul désir était de partir le plus vite possible.

- Tu vas aller te coucher, mon coeur, repris je d'une voix posée pour éviter d'attirer l'attention.
- Pourquoi? Je veux rester avec Dante, moi?
- Qui?

Il me montra l'homme du doigt qui se tenait à côté de moi puis il fit une moue boudeuse.

- Tu ne peux pas, demain il y a école!
- Anna, dit Lara, nous n'avons même pas fini de manger et demain nous sommes samedi.
- Je le vois qu'il est fatigué.

Je me leva brusquement et pris mon fils dans mes bras, sous les regard surpris de toute la table. J'avais l'air d'une folle mais il fallait que je mette Aron en sécurité.

- Il est fatigué et moi aussi.
- Pas moi, maman.

Je sortis quand même de table, sans laisser le temps à quiconque de protester . La paix que m'avait apporté ce lieu fut de très courte durée. Je ne réalisais pas très bien la gravité de la situation mais mon instinct de mère prit le dessus sur tout le reste.

- Je comprends ce que tu vis, Anna, entendis-je June me dire avant que je ne monte le premier escalier, j'ai été dans cette situation.

Je nous enferma dans la chambre, poussant la commode pour bloquer le passage. Il me fallait trouver les clés de la voiture sauf qu'elles se trouvaient en bas, dans le pot à l'entrée. Je me maudis d'avoir laissé Lara les mettre la.

Ils devaient avoir tout prévu. Pour les clés mais aussi avec Aron. Ils avaient fait exprès de se rapprocher de lui pour que l'on reste. S'ils avaient convaincu l'enfant, ils convaincraient forcément la mère. Et puis cette histoire d'âme sœur était tiré par les cheveux. Ils étaient encore plus stupides que moi s'ils s'imaginaient que je tomberais amoureuse du premier venu!

J'attendis que toutes les voix se furent tues pour sortir de ma chambre. Aron, endormis, bave sur mon épaule. Je descendis doucement les escaliers pour que personne ne m'entende et pris les clés dans le pot.

Il pleuvait des trombes d'eaux et le sol était devenu tout boueux, ce qui rendit mon avancée difficile et lente.

La voiture était garé à la place où je l'avais laissé, il y a une semaine. Je mis Aron dans son siège auto puis monta à mon tour à l'avant. Je me mis à pleurer de soulagement lorsque je vis le panneau de la ville. J'allais enfin pouvoir me sortir de cette situation.

J'avais comme l'impression de faire un retour en arrière, au moment où je mettais enfui de mon ancienne vie.

Mais, je n'étais pas vraiment sortie d'affaire. Un homme se trouva au milieu de la route et me bloqua le passage. J'appuyai de toutes mes forces sur le frein pour éviter de le renverser sauf que la voiture s'encastra dans l'arbre.

Génial. Aron venait de se réveiller et la voiture était complément morte.

L'homme, qui ne semblait ni se soucier de la pluie ni de sa nudité, s'était avancé vers nous et avait arraché la portière. Il me détacha pour me sortir de la voiture et examina chaque parties de mon corps. Voyant que je n'avais rien, il parut soulager.

Sa main tenait la mienne et ne semblait pas vouloir la lâcher alors je le repoussa violemment et remonta dans la voiture. J'entrepris de la redémarrer mais le moteur devait certainement être à plat.

- Tu ne peux pas partir.
- La faute à qui? Rétorquais je le plus méchamment possible.

Je sentais toute ma peur et ma frustration prendre le dessus et je me mis à pleurer tout en sortant de la voiture.

J'étais à bout de force. Je n'avais plus de voiture, pas de maison. Aron pleurait dans la voiture et j'étais entouré par une meute de loup. Des putains de loups.
C'était trop pour moi, je ne pouvais pas supporter tant de malchance.

Je pris mon fils dans les bras et  partie dans la forêt pour fuir Dante. Mais celui-ci semblait à tout pris vouloir rester près de moi.

- Il ne faut pas que vous mangiez mon bébé. Lui dis-je d'une petite voix en pleurant, pour attirer au mieux ça pitié.

Ses yeux se froncèrent.

- Nous n'allons manger personne mais il faut que tu restes avec moi. Je peux même l'accepter, me dit-il d'une voix douce en montrant Aron.
- Laisse nous nous enfuir, on ne dira rien, c'est promis.
- J'aimerai vraiment mais je ne peux plus.

La confrontation dura un moment. Aucun de nous deux bougeaient. Il se contenta simplement de me regarder pleurer dans la boue, entièrement recouverte de terre. La pluie se mélangeant à mes larmes.

Quelques fois, il faisait un pas dans ma direction en tendant sa main mais finissait par se raviser.

Lorsque la pluie cessa, je le laissa me prendre dans ses bras ainsi qu'Aron et il nous ramena à l'auberge. Il nous sécha chacun notre tour et nous mit d'autres vêtements. Certainement les siens vu la grandeur et l'odeur. Puis il finit par nous conduit jusque dans le lit.

J'avais l'impression d'être vaincue.

La Loi du CoeurWhere stories live. Discover now