Kim Seokjin {L'Élu}

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Il existait par ici un culte énorme des dieux et de la mythologie. Toutes les décennies, un adolescent était choisi comme « l'élu », « l'enfant dicté et envoyé par les dieux ». Cette fois-ci, et pour les dix ans à venir, il s'agissait de Kim Seokjin, un garçon bien imbu de lui-même -mais qui restait cependant très drôle dans son narcissisme poussé à l'extrême parfois- âgé de dix-sept ans.

Il était, malgré tout, une beauté à part entière ; ses belles lèvres pulpeuses qui dictaient les chants d'offrandes, ses yeux joueurs qui se moquaient des fidèles obsédés par les cieux, ou ses longs doigts qui le faisaient complexer que les gens embrassaient pour un peu de chance pour l'année à venir.

Il était aussi mon ami d'enfance et mon meilleur ami; alors voir cette présence que l'on ne pouvait ignorer -Dieu sait combien il prend de la place- soudainement disparaître de mon champ de vision n'était pas facile à vivre.

Régulièrement, outrepassant les lois qui le « protégeaient », je le retrouvais dans sa nouvelle demeure, le temple-château des Dieux. J'escaladais le mur et le retrouvais dans sa chambre, lui racontais mes journées faciles et basiques à l'extérieur, donnant des nouvelles de nos amis communs, puis au petit matin, après avoir piqué un somme, repartais, fatiguée, mais motivée à l'idée de ne pas louper une seconde de ces journées que je vivais pour nous deux.

Évidemment, de là où je commençais les longues études, mon temps passé avec lui s'amenuisait. Étant adultes, j'avais plus de responsabilités et il était devenu une adoration énorme, et demandé en mariage par toutes les saintes de son âge.

J'arrivais pourtant à le retrouver parfois, et nous passions un peu de temps tous les deux. Généralement, on s'enfuyait sur la côte et on regardait le soleil se lever dès l'aube. On souriait, soupirait; pleurait puis riait.

Nous étions nous dans tous nos états. Nos cœurs battants à l'unisson, on tenait fort nos mains, apeurés à l'idée de se laisser et de ne jamais se revoir encore.

Réussissant à renier tous les prétendants apportés par mes parents, effrayés que je ne sois toujours pas mariée, en ménage et mère, j'atteignis vingt-cinq ans. Seokjin aussi. Nous n'avions pas besoin de nous le dire pour comprendre qu'on se réservait l'un à l'autre.

M'allongeant sur le canapé de mon appartement, je fermai les yeux et laissai un sourire étendre mes lèvres tandis qu'une scène me revint à l'esprit.

Il faisait particulièrement bon ce soir. Il faisait très chaud encore, mais la douce brise de la mer nous câlinait avec tendresse. Sans particulièrement parler, nos émotions s'unissaient pour se comprendre. Il me tenait très près de lui, j'étais assise sur ses genoux, tandis que ses bras entouraient fermement ma taille.

J'avais échappé une larme, ne voyant plus la fin de notre prison dorée. Nous étions bien, là où nous n'étions pas censés l'être. Et je ne savais plus comment attendre; pour rendre ça plus simple, je n'avais juste plus aucune notion du temps.

Je déposai mes mains sur les siennes, y recherchant un réconfort que seul lui pourrait m'apporter. Ressentant mes émotions noirâtres, il déposa son visage dans le creux de mon cou. Je surpris mon rictus moqueur à se moquer de moi-même, de ma situation d'un ridicule hilarant.

Puis je sentis ses lèvres graver ma peau, d'une passion enivrante. L'aube prenait place, et nous devions rentrer, mais ses mains retenaient mon corps et mon esprits qui n'appartenaient qu'à lui en place, pour me marquer comme sienne jusqu'à la fin des temps.

Je voulais le voir. Là. Tout de suite. Maintenant.

Je savais à quel point il était dangereux de m'y rendre en plein milieu de soirée, mais quelque chose de céleste m'y appelait.

BTS ImaginesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant