09-Normale ou anormale?

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Jonathan

Il ne se souvenait pas exactement du déroulement des choses, tout était allé si vite, il avait agit sur le coup. Il était en année sabbatique, si on peut appeler ça comme ça. Il était surtout en pleine demande d'entrée dans plusieurs grandes écoles de photographie, en se concentrant sur celle de New York plus précisément. Il envoyait ses candidatures avec des photos selon les demandes de chacune d'entre elles: l'une demandait des polaroïdes, d'autres des photos de tout genre, demandant de nouveaux styles et de nouvelles âmes d'artistes. Aujourd'hui, il avait arrêté ses recherches,et attendait les réponses. Les journées étaient longues, il ne sortait pas car il détestait cela et restait donc cloîtré dans sa chambre. Ses jours entiers se résumaient alors à écouter de la musique, prendre parfois des photos et faire des recettes des livres de cuisine de sa mère pour les préparer à sa petite famille.

Pourtant, quelque chose vint déranger l'ordre des choses, ici des habitudes qui s'installaient. Un peu avant midi, des bruits de porte et de sanglots étouffés ont brisé le silence pesant de la petite maison mise à l'écart de la ville. Sans plus réfléchir, Jonathan avait bondi de son lit et vivement ouvert sa porte.

Il avait alors trouvé El recroquevillée sur elle-même, assise au sol et adossée à sa porte d'entrée. Elle poussait de lourds sanglots indiquant que des torrents de larmes s'échappaient de ses yeux sûrement déjà rougis. Le grand frère avait accouru vers sa petite sœur et posé ses mains sur ses épaules du plus vite qu'il pouvait, bien que tout avait l'air d'avoir été mis au ralenti.

En relevant son visage, Jonathan put apercevoir les yeux rouges et enflés de la jeune fille, ainsi que ses joues rosies et humides de larmes. Il la prit dans ses bras, se voulant réconfortant.

-Qu'est-ce qu'il se passe? Hey, El? Qu'est-ce qu'il se passe?

Il obtint une réponse incompréhensible, une phrase sans arrêt coupée par des sanglots indomptables. En plus de cela, elle avait la tête entre ses bras, ce qui ne facilitait pas l'écoute.

-Heu, El, je comprends pas ce que tu me dis. Calmes-toi, allez... Il se releva pour ensuite l'aider à faire de même. Il la prit par les épaules et l'emmena dans sa chambre, de manière à l'installer confortablement. Je vais te chercher un verre d'eau et une boîte de mouchoirs.

Sur ses dires, il s'exécuta. Quelques minutes plus tard, il revint vers Eleven lui donner tout ce dont elle avait besoin.

-Prends de grandes respirations, calmes-toi. Ça va aller?

Elle hocha doucement la tête, la mine toujours triste et les yeux toujours bouffis.

-Tu peux... Me dire ce qu'il se passe? Si tu ne veux pas, c'est pas grave, je comprends. Mais, je peux t'aider, si tu veux.

Jonathan hésitait beaucoup sur ses propos. Il n'avait pas l'habitude de la voir comme cela et encore moins de la réconforter. Ils n'avaient pas le lien qu'ils avaient entre lui et son petit frère.
La jeune fille prit le temps de réfléchir quelques secondes, le regard dans le vide. Puis, elle leva les yeux et les planta dans ceux de Jonathan.

-C'était... À l'école. En cours de sport.

S'en suit toute une histoire folle d'amis indignes et de petit copain menteur. Jonathan écoutait avec attention, comme il avait prit l'habitude de faire quand Will lui racontait ses parties de jeux, plus jeune. El avait besoin d'attention, il comptait alors la lui donner.

-Et, ils m'ont dit que j'étais pas normale, contrairement à Mike. Alors, j'ai été prise de colère, de dégout et... D'une amer tristesse. J'ai couru jusque là, sans pouvoir arrêter mes larmes. Elle releva sa tête qui s'était naturellement baissée, fin.

-Mais... Will... Il était vraiment méchant?

-Je sais que ça peut paraître dingue, c'est pas du tout le genre de Will mais... Je voyais la hargne brûler dans ses yeux. Il ne semblait pas lui-même.

-Ouais, ça craint...

-Tu t'inquiètes seulement par rapport à Will?

-Non! Heu, tu sais... Tu es normale. Et Mike ne te ment pas quand il te le dit. T'as juste... Des pouvoirs en plus quoi...

-Normale ça veut dire être comme les autre, et je le suis pas.

-Tout le monde est différent, et tu sais, les gens normaux sont barbans. Ils se copient les uns les autres. Toi, t'es unique. C'est pour ça que t'es pas normale.

-Du coup, je comprends pas. Je devrai me réjouir d'être anormale mais je suis tout de même normale?

-Tu es normale parce que tu es un être humain, comme les autres. Sauf que chacun est différent, tu vois? Et tu es unique et anormale parce que tu es différente. Tu as des capacités que d'autres n'ont pas.

-Ouais...

-Convaincue?

-Et le problème qu'ils me disent ça alors que ce sont les amis?

-Ils auraient pas dû... Et ils auraient pas du être méchants.

-Ça n'aide pas.

-Tu devrais attendre qu'ils viennent s'excuser. Ce n'est pas toi qui es en tort, enfin quand même un peu, mais ils t'ont fait pleurer et n'ont rien à te dire sur ce que tu fais. Les seuls moralisateurs sont Hopper et ma mère. Par contre, ils avaient raison. Pas de pouvoirs en public.

-T'as rien à le dire toi non plus!

-Oui, mais le problème c'est que tu devrais t'en rendre compte toute seule! C'est vraiment trop dangereux pour prendre le risque.

-Je sais. Elle le méritait.

-Non, elle ne mérite pas. Elle ne mérite rien. Et encore moins que tu portes attention à elle.

-Mhh...

-Tu veux qu'on fasse quelque chose pour te changer les idées? De la cuisine?

-Oui, pourquoi pas.

-C'est la seule journée de sèche que je t'autorise! Prévint Jonathan le sourire aux lèvres.

Après quelques remarques taquines, ils se mirent au travail pour préparer un repas digne de ce nom.

𝖀𝖓𝖊 𝖑𝖚𝖙𝖙𝖊 𝖘𝖆𝖓𝖘 𝖋𝖎𝖓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant