12-Ça craint

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Dustin

Dustin, séparé de son groupe d'amis dès la rentrée, s'était retrouvé dans une classe dans laquelle il ne connaissait personne, et où personne ne le connaissait. Malgré cela, il avait rapidement réussi à se faire de nouveaux amis, qui étaient loin de ressembler à ceux avec lesquels il avait passé ses années de collège et de primaire.

Ceux-ci étaient plus emo qu'autre chose, ils aimaient s'habiller en noir, faire des sorties clandestines, se montrer irrespectueux envers les professeurs, et d'autres choses de la sorte. Dustin aimait passer du temps avec eux, ils lui changeaient des visages qu'il avait prit l'habitude de voir durant son enfance. Du changement, voilà ce qu'il avait attendu.

Il avait vite été intégré dans le groupe. Ses nouveaux amis le comprenaient et rigolaient à ses blagues, même les moins glorieuses. Il sortait le soir avec eux et commençait petit à petit à leur ressembler, si bien que sans s'en apercevoir, il devenait insolent et ne travaillait plus comme il avait fait dans le temps.

Ses anciens amis, comme il les appelait, lui répétaient qu'ils n'étaient qu'une mauvaise influence pour lui, que ce n'était pas des gens de confiance. Cela était d'ailleurs leur principal sujet de dispute. Le jeune garçon en avait eu assez des remarques de ses anciens amis. Dès qu'il allait les voir, ceux-là ne faisaient que rabacher leur blabla habituel, ils essayaient de le dissuader de rester ami avec eux. Pourtant, Dustin ne voulait pas les écouter, comme eux ne voulaient pas l'écouter. Il était heureux, avec ses nouveaux amis. Les autres ne voulaient pas l'entendre, mais c'était bien le cas.

Finalement, il s'est rapidement énervé contre ses anciens amis, et s'est éloigné d'eux petit à petit, jusqu'à ce qu'ils deviennent de simples étrangers à son égard.

Il était 16h33 et Dustin se trouvait avec ses nouveaux amis, installés dans une petite ruelle cachée de la ville. Ils discutaient de leur avenir.

-Jamais, John, jamais! S'écria Chris, suite à la remarque de son ami.

-Mais si, franchement. Tu seras là, à la fin du mois, à réclamer de l'argent à tes parents parce que ton magasin marchera pas.

-Je ne veux pas tenir un magasin. Encore moins pour vendre les vieux vases de ma grand-mère! Les quatre autres amis rièrent en cœur, y compris Dustin.

-J'y pense, Dust, commença Lysa, il faudra que tu changes de fringues. Parce que là, ça craint.

-Ah bon?

-Ouais, ça ressemble pas à nous, tu vois? Enchaîna Jack.

-Heu... Bah ok... Mais, je sais pas trop quoi acheter, et où. En plus, j'ai pas l'argent.

-On a pas besoin d'argent, t'inquiètes. On ira avec toi.

-D'ailleurs, on peut y aller maintenant.

Après l'accord de tous, ils se levèrent et ce n'est qu'à la sortie de la ruelle qu'un bruit de voix coupées par des grésillements provint du sac de Dustin.

-Qu'est-ce que c'est que ce bruit?

-C'est moi, c'est moi, le rassura-t-elle en sortant son bon vieux talkie-walkie du sac.

-C...de...Ou...

-Qu'est-ce que c'est que ce truc? S'enquit John en voyant l'engin que tenait Dustin dans ses mains.

-Un... Un talkie-walkie. C'est une radio pour contacter mes... Amis. Les anciens.

-Mmh, marmona son ami, apparemment peu convaincu. Dustin déplia l'antenne pour essayer de comprendre ce que la personne qui essayait de le contacter tentait de lui transmettre.

-Cod... Ouge! Je répè... C'est un code rouge!

-Un code rouge? S'étonna Lysa.

-Heu... Ouais. Il appuya sur le bouton pour faire communiquer sa voix, puis continua. Qu'est-ce qu'il se passe? S'agaça-t-il.

-El est pas chez elle, lui répondit Mike, un peu trop angoissé au goût de Dustin, ramènes-toi!

-Sérieusement? Un code rouge pour ça? Elle est sûrement en train de faire du shopping ou je ne sais quoi mais...

-Dustin! Tu connais pas la situation. Elle s'est disputée avec Max et Will et a loupé tous les cours de la journée. On a besoin de toi pour la chercher!

-On?

-Je suis avec Lucas.

-Écoute, Mike. Je pense que vous êtes assez grand pour chercher ta petite amie. En plus, c'est ridicule, vous avez utilisé un code rouge pour une crétinerie pareille!

-Mais...

-Mike! Tu t'inquiètes vraiment beaucoup trop, et pour rien! C'est une grande fille elle a du aller au cinéma pour se changer les idées, ou encore aller voir Joyce pour lui parler. Elle est pas en sucre, franchement! J'ai d'autres choses à faire que d'aller chercher une adolescente totalement libre de ne pas rester chez elle.

-Alors maintenant, c'est ça? Maintenant on est plus des amis mais des "adolescents", comme tous les autres? Tu parles comme ces autres crétins qui te servent d'amis! D'ailleurs tout ça c'est de leur faute!

-J'te demande pardon? Ce n'est pas leur faute! Ils me comprennent et eux au moins ne jugent pas l'amitié que je peux avoir avec vous, bien que vous soyez pas du tout du même monde! Ah oui, non, je peux plus dire amitié. Puisque maintenant les seules choses qui nous lient sont les engueulades permanentes parce que vous supportez pas que je change et que j'évolue! Vous savez quoi, restez entre vous, grandissez pas, restez à votre stade d'immaturité. C'est tout ce que vous méritez. Énervé, ils s'appretait à couper la communication, mais la voix de son ami Lucas retentit.

-Dustin, mon pote, il se passe quoi, là? Je ne retrouve plus le Dustin toujours prêt pour ses amis et qui, au moindre problème, fait tout pour arranger la situation. Le Dustin brave et courageux, amical et qui fait des blagues nulles, mais c'est parce qu'elles sont nulles qu'on les aime tant. On en est à quel stade là, hein? À se chamailler pour des bêtises? Bah oui. Et depuis la rentrée tu as tellement changé qu'on est obligé d'utiliser un code rouge pour attirer ton attention. Oui, Dustin. Si on avait juste parlé tu aurais éteint le talkie-walkie. On se sent obligé de te mentir sur la gravité de la situation pour que tu réagisses. Et si on t'avait dit qu'un portail s'était ouvert juste pour que tu te ramènes, est-ce que tu l'aurais fait?

L'adolescent n'avait pas les mots, n'avait plus les mots. Il ne savait quoi répondre aux paroles de son ami, alors il éteignit sa machine, trop lâche pour affronter la vérité. Seulement, Dustin ne voulait pas accepter tout cela. Il ne voulait pas admettre que ses amis disaient sûrement vrai, et ce depuis le début. Il fermait les yeux, c'était tout.

-C'est quoi cette histoire de portail?

-Et depuis quand ils parlent de nous comme ça?

-Je vais rentrer. Pas de shopping aujourd'hui, un autre jour, se contenta-t-il de leur répondre, salut.

Sous les regards interrogateurs de ses amis, il partit dans une direction inconnue. Il ne savait quoi faire, ni où aller.

𝖀𝖓𝖊 𝖑𝖚𝖙𝖙𝖊 𝖘𝖆𝖓𝖘 𝖋𝖎𝖓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant