23-À toi de voir

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Eleven

La sonnerie avait retenti, annonçant l'ouverture du réfectoire et des portes du lycée. Ophelia et Eleven étaient évidemment déjà prêtes, devant la file, attendant bien sagement que les plateaux arrivent pour aller ensuite le remplir.

Rapidement, elles arrivèrent devant les entrées: elles avaient le choix entre une salade et des tranches de rosette. Alors qu'El approchait sa main de cette dernière proposition, elle changea finalement d'avis et prit le salade fade accompagnée de sa sauce trop liquide. Et ce fut la même chose pour le fromage, le dessert, et le plat. Quand elle s'assit à sa table, elle se rendit compte qu'elle ne voulait rien de ce qu'il y avait sur son plateau, seulement le pain était mangeable. Elle lâcha un long soupir, au regard interrogateur d'Ophelia.

-Qu'est-ce qu'il y a?

-J'aime rien de ce qu'il y a que mon plateau. En plus, j'ai pas très faim.

-Pourquoi t'as choisi tout ça, alors?

-C'est pas moi qui ai choisi, marmonna-t-elle dans sa barbe.

-Quoi?

-Rien, j'ai juste dit que je savais pas... Heu, je vais manger mon pain, au pire.

-Tu veux pas de frites? En plus t'en as pas pris.

-Non... Bref, bon ap'!

-À toi aussi...

El approchait sa main de ce fameux morceau de pain, mais, une fois de plus, elle décida qu'elle n'en voulait pas. Elle soupira et releva le regard vers Ophelia, qui avait une fois de plus un regard insistant posé sur elle.

-Qu'est-ce qu'il y a?

-Rien, rien. Elle passa le dos de sa main sur sa bouche, allant de son menton au-dessous de son nez. El fronça les sourcils, elle n'avait pourtant encore rien mangé. Quand Ophelia releva le regard vers elle, elle s'expliqua. Oh, les tocs, tu sais bien!

-Ouais...

Le repas se termina vite, Eleven n'arrivait pas à manger tandis qu'Ophelia mangeait plutôt rapidement. Elle avaient échangé quelques mots, et étaient sorties pour discuter dans la cour. Ophelia était passée par son casier pour récupérer un cahier vierge et un stylo, elle avait affirmé qu'Eleven comprendrait vite pourquoi.
Assises sur un banc et adossées à un muret, Ophelia regarda Eleven d'un air grave et désolé.

-Quoi? L'interrogea-t-elle.

Elle ne dit rien et ne fit qu'ouvrir son carnet pour y noter quelques mots. Elle le donna alors à El:

"Jane, ou plutôt, Eleven. Tu cours un grand danger. Tu dois fuir du pays avant qu'ils ne t'attrappent."

-Qu-Quoi?

Ophelia mit son index sur ses lèvres pour lui indiquer de n'a pas parler. Elle reprit le carnet.

"-Tu es sur écoute. Ils t'ont implanté une puce vendredi soir. Si tu ne te rappelles de rien, c'est à cause de ça. Ils t'ont enlevé, toi et ton frère, et ils vous ont manipulé, pour faire court. Cette puce leur permet de savoir précisément où tu te trouves, ce que tu dis et entends. Elle peut aussi te donner un décharge électrique si ça les amuse. Et tant qu'on y est, je vais tout te raconter. "Ils", c'est docteur Owens et toute sa bande de scientifiques. Ils veulent se venger et faire des expériences scientifiques sur toi. Aussi, il y a un problème avec les portails. Mais ça, je n'en sais pas assez pour t'en parler. Toi tu es Eleven, la fille qui peut refermer les portails, faire bouger des objets etc... Tu as aussi rencontré eight, il me semble. Elle, elle a déjà été capturée. Elle peut faire voir ou ne pas voir ce qu'elle veut aux gens. Moi, c'est seven. Mon pouvoir se rapproche beaucoup de celui d'eight. Je peux te faire changer d'avis sur une situation. Par exemple, la première fois que j'ai utilisé mes pouvoirs sur toi, c'était au gymnase, quand tu voulais t'en prendre à Stacy. Ensuite, tout à l'heure, en classe. Après, à la cantine. On m'a envoyé pour garder un oeil sur toi et les informer de tous tes faits et gestes. Mais, je veux t'aider. Je ne veux pas que tu finisse en cage, comme moi je le suis. Tu as réussi à t'évader il y a des années de cela, moi je n'y suis jamais parvenue. Maintenant, ils m'utilisent, et je suis toujours enfermée. Mais je ne peux pas m'enfuir, car ils m'ont aussi implanté une puce, et s'ils me retrouvent, ils me tueront sans aucun répis. C'est pour ça que tu dois t'enfuir, ils vont t'utiliser, je veux te protéger, comme je protégerai tous les prochains dont je devrai m'occuper. "

Devant ces lignes, Eleven restait dubitative. Comment la croire? Elle sentait alors ses maux de têtes revenir petit à petit, ainsi qu'un léger acouphène. En faisant rapidement mais difficilement le tri dans sa tête, elle se rendit à l'évidence que maintenant tout avait une explication avec ce qu'elle lui affirmait, et qu'elle ne pouvait pas lui mentir en sachant autant de choses sur les pouvoirs, les scientifiques et même toute sa vie.
Elle prit son stylo, décidée à en savoir plus:

"-Où est ma puce, comment je peux m'enfuir si ils peuvent me géolocaliser? Si je peux m'enfuir, toi aussi, non? Comment je peux te faire confiance? Tu as déjà utilisé tes pouvoirs contre moi. Qui me dit que tu ne vas pas recommencer? Comment eight a-t-elle été enlevée?

-Ta puce se trouve dans ta nuque. Pour l'enlever, tu dois d'abord la désactiver le temps de cinq minutes et l'enlever, c'est le minimum. Pour te la faire enlever, j'ai un plan, ne t'inquiète pas. Moi, je ne peux pas, car aucun plan ne pourrait m'aider. J'ai utilisé tes pouvoirs contre toi pour t'avertir que j'allais entrer dans ta vie, en quelques sortes. Je voulais que tu me remarques. Je ne recommencerai que en cas de pur danger. Je te le promets. Eight a été enlevée facilement, ils l'ont neutralisée et transportée jusqu'ici.

-Comment je peux te faire confiance?

-Il le faut. Crois-moi. Je risque ma vie ici pour la tienne.

-Il faut me montrer des preuves.

-Je peux te montrer mon tatouage, te faire toucher la puce. Après, je t'énoncerai mon plan. "

Eleven hocha la tête, puis Ophelia releva sa manche. L'adolescente put voir le tatouage "07" sur bras. El releva les yeux vers Seven, hocha la tête et aperçu, au loin, derrière elle, Max qui regardait El les sourcils froncés. Elle n'y porta pas attention et retourna à son occupation principale. Ophelia prit la main d'Eleven pour lui faire sentir sa puce. En effet, quelque chose de rectangle de trouvait dans sa nuque, mais il était très compliqué d'arriver à le toucher. Ophelia reprit le carnet.

"-Tous les jours, pendant cinq minutes, la puce s'éteint: de une pour éviter qu'elle surchauffe, de 2 pour se recharger. Elle a une technologie qui lui permet de se charger toute seule, mais ça nécessite d'être éteinte pendant au moins cinq minutes. Tous les jours, je rentre à un labo souterrain et je fais un topo de ce que j'ai vu, fait avec toi. Mon plan, c'est de leur dire que t'as des examens à faire à une clinique et que je t'y accompagne. J'ai des contacts, quelqu'un qui peut t'enlever cette merde. Il faut juste que je perçoive à quel moment la puce s'éteint, c'est très dangereux de l'enlever alors qu'elle est allumée. Il y a des horaires pour ça. Je trouverai, tout ira bien. Vu qu'ils peuvent toujours me géolocaliser, je resterai le temps qu'il te faut pour t'enfuir, prendre un avion pour je sais pas où. Bref. Après qu'on t'aie enlevé ta puce, toi, tu vas t'enfuir le plus loin possible, si t'as bien tout suivi.

-Qui me dit que tout ça c'est pas un plan pour me ramener au labo?

-Tu penses vraiment que pour te ramener au labo ils décideraient de me faire dire toute la vérité pour que tu t'enfuies?

-Je sais pas trop...

-Tu devrais. Crois-moi. Ils le feraient à la bourrine parce que c'est la seule chose qu'ils savent faire.

-Ça marche. Je te crois.

-Génial. Il va vite falloir faire le plan, parce que je crois qu'ils veulent agir vite pour te récupérer. Tu ne dois en parler à personne, c'est trop dangereux. Et nous deux, si on veut parler de ça, on le fera par écrit ou avec un language codé. Sinon, on doit avoir des conversations de deux adolescentes parfaitement normales. Genre on parle des devoirs, des profs chiants...

-Je ne peux en parler à personne? Mais je dois prévenir mes amis, si je pars, ils vont s'inquiéter sinon!

-C'est bien trop dangereux. Tu ne dois vraiment en parler à personne. Pas d'attitude bizarre, pas de "non ça va pas bien" , pas de phrases qui dérapent sur une conversation comme ça. Si tu parviens à partir, tu iras dans un autre pays, loin, et tu ne les recontactera jamais. Ou alors 20 ans plus tard. "

-Quoi? Mais... Je peux pas!

Ophelia lui dit une fois de plus le signe de se taire, mais plus agressivement.

"-Ils comptent plus que tout pour moi, je peux pas les abandonner comme ça!

-C'est ta vie qui est en jeu. Soit tu restes avec eux, tu finis enfermée, soit tu t'enfuies, et tu as peut-être la chance de les revoir un jour, dans longtemps. À toi de voir. "

𝖀𝖓𝖊 𝖑𝖚𝖙𝖙𝖊 𝖘𝖆𝖓𝖘 𝖋𝖎𝖓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant