Chapitre 27 - Coupable ?

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PDV Maëva: 

Le gouverneur, dans un « élan de générosité », m'invita à prendre la parole pour exposer ma version des faits. Il n'y avait pas d'hésitation à avoir. Son regard insistant m'intimidait de me « dénoncer ». Deux gardes armés m'entouraient. Mon regard flotta sur l'assistance pendant une seconde. La salle était pleine. Tous me dévisageaient comme un animal de foire qui pourrait les étriper. Tous sauf cette femme à côté de moi.

- J'avoue avoir mis en place pour tuer Wendy, et les autres aussi.

Mon mensonges était plat, aseptisé. Mais cela suffit au public. Mon dernier mot suscita un vague cri indigné. L'un d'entre eux siffla. Un gendarme, exigea le silence d'une voix tonitruante.

L'avocat se leva. La foule se calma. Son public était très réceptif.

- Je vous en pris, calmez-vous ! L'accusé a avoué et je ne lui tiens pas rigueur de cet acte, d'autant plus qu'il a échoué. Cependant, les faits sont là. Et la sanction encourue par cette jeune fille ainsi qu'a Nathan, Virginie, et le Shérif Ollab est la peine de mort. Je demande aux jurés de délibérer.

Les dits jurés ne mirent pas dix secondes à émettre leur verdict. Je n'avais de toute façon jamais eu ma chance dans ce procès.

- Coupables, énoncèrent-ils.

Ainsi, la sanction était tombée. Le juge ordonna ma mise à mort, prévue pour le vendredi et congédia tout le monde. On me ramena à une cellule.

Un garde m'escorta jusqu'à ma geôle et me renvoya dedans sans ménagement. Je chancelai et ne pus me rattraper qu'avec mon bras. Le garde s'éloignait déjà. Je lâchai une injure et allai me vautrai sur ma paillasse. La nuit précédente n'avait pas été tout repos, je ne ressentais plus qu'un mélange fade d'émotions à peine d'descriptible. Je me savais condamnée, à quoi bon lutter ? Et même si j'avais pu me battre encore, je n'aurais pas su contre quoi tourner ma rage. Rage que je n'avais plus, pas plus que mes pensées n'avaient de cohérence...

Et j'avais tellement faim... Apparemment, ils ne nourrissaient pas ses prisonniers, en particuliers ceux qui devaient mourir dans les prochain jours.

Le mercredi, mon ventre avait cessé de gargouiller à outrance, comme s'il avait renoncé à réclamer à manger. Mais le manque de nourriture se faisait ressentir par une fatigue permanente qui me clouait sur ma paillasse. En plus de la faim s'était manifesté l'ennui. Je n'avais rien d'autre à faire que fixer le plafond et penser à mon sort prochain.

Pour garder un fil de pensées rationnel, j'avais entrepris de remonter mentalement le cours de ma vie, du début de l'enlèvement à ma situation en cet instant.

Il fallait avoir vécu ces événements pour ne pas me prendre pour une folle. Toutes ces péripéties ressemblaient à un enchaînement de gags macabres. Si on m'avait dit à moi-même quelques mois auparavant ce que j'allais vivre, je me serais moquée de mon interlocuteur.µ

En fin d'après-midi (du moins c'est ce que je supposais), j'étais arrivé à l'épisode ou j'ai découvert les placards et tous ces cadavres dedans.

J'avais commencé à oublier leurs visages et leurs noms. Le seul qui me laissait un souvenir indélébile était Joe. Difficile de l'oublier alors que je le voyais dans pratiquement tous mes cauchemars...

Un grincement de porte et des voix me tirèrent de mes pensées. Des bruits de pas s'approchèrent de ma cellule. Je ne me redressai pas. J'avais renoncé à paraître présentable, à me battre pour garder un semblant de dignité. Je tournai seulement le tête vers le nouveau venu.

Ma mâchoire manqua de se décrocher. Joe était assis sur une chaise face à ma geôle et me gratifiai d'un sourire triste, mais sincère.

- Monsieur. Qu'est-ce que...

Il était en meilleure forme que la dernière fois que je l'avais vi, mais il n'était encore à mon sens que l'ombre de lui-même, fragile et blessé.

- Ne me dites pas qu'on vous a laissé sortie comme ça..., soupirai-je.

- Pas tout à fait. J'ai conclu un pacte avec le gouverneur. Quand j'ai appris que tu avais été condamnée, j'ai su qu'il fallait que je te parle avant ton exécution.

- Et Mia ?

- J'ai dit à Mia de se sauver, elle a dû échapper aux gardes et je ne l'ai pas revue depuis. Je ne lui en veux pas, m'éviter est le moyen le plus simple de ne pas s'attirer de problème. C'est plus prudent.

- C'est vous qui me parlez de ce qui est prudent, maintenant ?

- Oh écoute... Je sais qu'ils ne vous nourrissent pas beaucoup, ici, déclara Joe après un moment. Alors je me suis permis de te ramener ça.

Il plongea une main dans un revers de son blouson et en extirpa un paquet de gâteaux qu'il me tendit. Je me précipitais vers les barreaux de ma cellule et étirai le bras pour attraper la nourriture. Je ne tenais même as debout, j'étais ridicule.

- Prends ça, assieds-toi et mange.

Je m'emparai des gâteaux et m'assis par terre. J'étais mieux à cet endroit.

Monsieur m'accorda un signe de la tête, se leva et s'éloigna en boitillant. Je demeurai à nouveau seule avec mon paquet de gâteau...

La cage de la patiente 37Où les histoires vivent. Découvrez maintenant