Je passai une partie de la nuit éveillée. A une heure où je ne savais plus trop si on était mercredi ou jeudi, j'entendis la porte du couloir grincé sur ses gonds. C'était la relève des gardes. Leurs chaussures produisaient un son caractéristique. La faim s'était calmée avec le dernier cadeau de Joe. Cependant, je devais avouer que les nuits dans la cellule étaient particulièrement fraîches.
J'entendis le garde s'arrêter devant ma cellule. Je fis mine d'être endormie et ne bougeai pas d'un pouce.
- Je sais que tu ne dors pas.
Je tournai la tête vers mon interlocuteur.
- Ne me fait pas ces yeux de merlan frit, dit le garde. Je suis de garde ici pour la nuit.
- Et bien sachez que je ne passe pas les meilleurs jours de ma vie, alors je n'ai pas vraiment envie que vous venez en remettre une couche. Je n'ai pas envie que vous me dites que vous êtes désolé pour moi.
- En fait, j'allais plutôt te dire que tout aurait pu être parfait si tu avais su rester à ta place.
Ses mots, froids, et durs, me frappèrent en plein cœur.
- Regarde-toi, maugréai-je. Tu es devenu un brave petit chien de garde.
- Peut-être, mais le chien a de quoi manger, il est nourri, logé, blanchi, en sécurité.
Je pris le temps de réfléchir à ses paroles. Pour la première fois depuis que j'étais dans cette cellule, je me mis à douter de mes convictions.
- Tu as tué une femme et à voulu assassiner des élèves, tu as vraiment cru t'en sortir comme ça ?
Ma gorge se serra. Et si j'avais eu tort ? Je m'étais fourvoyée dans ma démarche. J'avais oublié la raison de mon combat. M'étais-je laissé manipuler au point d'être prête à sacrifier ceux que j'aimais ? Jouer aux héros ne m'allait pas. J'en oubliai qu'il n'existait rien de tel.
- Dors, m'ordonna-t-il soudainement. Ce serait mieux pour toi.
Ce fut les derniers mots qu'il m'adressa. Contente de fuir l'atmosphère pesante de la conversation, je me rallongeai et me tournai face au mur.
On me tira de mon sommeil alors que je baignais en plein cauchemar. Néanmoins, le retour à la réalité n'était guère plus agréable. J'ouvris les yeux et me tournai maladroitement vers l'entrée de ma cellule.
***
- Tu fais la grasse matinée ? demande un garde.
- Comment je pourrais ? Votre prison n'est pas propice au repos, dis-je en me redressant.
- Ne vous en faites pas, dès demain, vous aurez l'éternité pour vous reposer. Et tout le monde assistera à votre endormissement.
- Pourquoi me faire tuer publiquement ? Vous auriez pu en finir il y a quatre jours. Vous allez dépenser des ressources et du temps pour que tout le monde me voit mourir. Pourquoi ?
- Pour l'exemple, si des personnes décident de se rebeller ainsi, ils seront ce qu'ils leur attendent.
***
Paradoxalement, et sans que je comprenne pourquoi, ma dernière nuit en prison, et probablement ma dernière nuit tout court, ne fut perturbée par aucun cauchemar. C'était la première fois depuis des mois, depuis le début de l'enlèvement.
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La cage de la patiente 37
AventuraUne disparue, surnommée Maëlle O'Connell. Elle avais été porté disparue depuis 8ans, quand elle avais 7ans elle n'est pas rentrée de chez elle et depuis tout le monde l'a croyais morte, une tombe avais été creusé à son nom. Un deuil avait dû être fa...