Chapitre 26 - L'arrestation

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Au bout d'une minute, tous ceux qui étaient sortis sans crier gare de la salle arrivèrent dehors. Ils s'immobilisèrent en voyant Maëva, et, sans que je sache pourquoi, ils firent demi-tour aussi sec et tentèrent de s'échapper. C'est alors que Valentin grand guerrier décide d'aller la voir, en remuant frénétiquement les bras pour l'attraper. Il finit par saisir Maëva et d'un coup, elle planta ses dents dans son bras. Le jeune garçon hurla de douleur, de terreur aussi, sans doute. Et puis Maëva arracha un morceau de chair avant de se désintéresser de lui et de jeter son dévolu sur Brian qui demeurait pétrifié sur place.

Une main plaquée sur ma bouche pour étouffer de potentielles exclamations horrifiées, j'effectuai trois pas en arrière. Maëva venait réellement de mordre Valentin et Brian et même, à cet instant, Pauline et Clarisse qui n'avait pas pu s'enfuir.

Lila se recula également, sans pouvoir détourner ses yeux du terrifiant spectacle qui se jouait en bas. Certains, restaient figés sans rien dire, mais je savais qu'ils se posaient autant de questions que moi. Je savais que personne ne comprenait. Je savais que tout le monde avait peur, à présent. Nous n'étions plus qu'une vingtaine à tout casser.

- Ce n'est pas vrai, mais qu'est-ce que c'est que ce bordel...

Je commençais à comprendre que Maëva avais sûrement vécu des choses pendant sa disparition et elle en était arrivée là, mais la vérité me faisait bien trop peur pour que je la considérasse comme une éventualité. Je tournais le regard vers M.Pachka, qui n'avait toujours pas bougé et qui gardait résolument les yeux rivés sur ses élèves. Il était anormalement pâle et ne remuait pas un muscle. Néanmoins, il y avait une lueur étrange au fond de ses prunelles qui m'indiquait qu'il était sûrement bien plus averti que nous sur ce qui se passait.

Maddy bondit comme un ressort et se jeta contre le grillage. Ses yeux semblaient prêts à sauter de leurs orbites.

- Non Maddy ! N'y vas pas ! Elle va te tuer !

- Non ! C'est ma meilleure amie !

Quant à moi, je n'en croyais pas mes yeux.

- Je te croyais morte ! s'exclama Maddy.

Et pourtant, devant nous, aussi sinon plus surpris que mes amis et moi réunis, se tenais Maëva, en chair et en os.

Maëva, que je pensais morte depuis près de deux mois, dévoré par une créature. Dont le visage me revenait parfois en rêve.

Des gardes en fin de ronde ou début de patrouille matinale passaient à côté de moi dans des bruits de bottes. Ils avaient déjà arrêté Maëva. S'ils me voyaient, ils ne semblaient pas s'étonner de ma présence excentrique mais plutôt celle du prof d'Svt. J'observai, pendant un long moment, comme si je m'attendais à ce qu'ils me disent quelque chose.

L'un des agents saisit les deux poignets de Monsieur Pachka d'une main et abattit la seconde sur son épaule. J'étais prête à parier que le principal était de faire de la farine avec ses omoplates...

Ma mâchoire manqua de se décrocher d'un seul coup. Je fis un effort pour ressouder mes lèvres, je tournai la tête vers Lila, qui a la même réaction que moi. Je l'imaginai déjà face à un policier patibulaire, qui allait lui plonger la tête dans une bassine d'eau jusqu'à ce qu'il avoue ce qu'il sait.

PDV MAËVA: 

     Je me relevai avec peine, je ne m'étais pas rendue compte de l'engourdissement dans mes genoux. La foule sembla avoir un mouvement de recul, aussi, je préférai ne pas m'avancer. Mon regard tomba sur le cordon de sécurité sur les policiers. Ils étaient armé, au premier rang devant les barrières métalliques, et, tout le monde me regardait. Je me tenais debout sur une estrade en bois, pétrifiée. La chape de brouillard ambiante d'un noir presque gris, laissant mon regard se poser sur un trou béant, creusé à même le néant. Je ne pouvais mettre aucun nom sur les visages qui commençaient à se décomposer, reposant dans la fosse comme des pantins désarticulés. Leurs yeux vides me fixaient. Il y avait une petite fille, une âgée, un adolescent, un homme d'une quarantaine d'année. Et des dizaines, des centaines d'autres. Je réalisais que quelque uns, tous anonymes qu'ils m'étaient familier. « Maëva », murmurait une voix. Une main saisissait le bord de mon estrade. Une tête émergeait de la fosse et dirigeait ses yeux verts droit dans les miens. « Maëva », répétait la silhouette féminine. Je ne pouvais pas répondre ma gorge était nouée. Je sentais qu'une force inconnue me poussait : « Maman ? »...

La cage de la patiente 37Où les histoires vivent. Découvrez maintenant