Droit dans les yeux

Chapitre 2

Yannick monte une nouvelle fois sur l'estrade et commence :

"D'abord, merci à tous et à toutes d'avoirs participé au rallye de lecture. Quelques éclats de voix résonnent dans la salle, Je vais annoncer les scores par ordre croissant. La composition étant notée sur cent, j'appelle Martin Parker, qui à obtenu dix points. "

Les applaudissements enflent au même rythme que les scores, tout comme les battements de mon cur. Au moment où Yannick se prépare à annoncer le podium, la tension et palpable. Mais cette atmosphère désagréable n'est rien comparé au chaos qui règne au fond de moi : je n'ai pas encore été appelée... Ce n'est pas possible, j'ai dû louper quelque chose...

"En troisième place, et avec quatre-vingt-sept points, j'appelle... Mario Jackson ! "

Ce dernier se lève sous les vivats de ses camarades. Je fronce les sourcils : comment se fait-il que Mario Jackson, le garçon le plus populaire du collège participe à un rallye de lecture ? Et qu'il se retrouve sur le podium en plus ! En effet, Mario, avec ses cheveux bruns et son sourire ravageur, fait rêver les filles et tous les garçons veulent être amis avec lui. Personnellement, j'ai toujours été irrésistible à son charme. Les clichés ambulants, très peu pour moi !

Il va recevoir son ticket de récompense : les vingt premiers du classement on le droit à une place pour voir une pièce de théâtre.

« En seconde place et et avec un total de quatre-vingt-quinze points, j'accueille... Sabrina Garcia ! »

Ma meilleure amie se tourne vers moi, le visage rayonnant.

« Vas-y ! » lui criai-je. 

Sabrina est littéralement aux anges.

« Et en première place et avec un score historique de cent points, je veux un tonnerre d'applaudissements pour... Olivia Clarke ! »

Quoi ? Cette phrase résonne encore et encore dans mon  crane, mais elle n'a pas de sens. Je me lève machinalement, puis rejoins la scène comme dans un rêve. Yannick me tend mon billet. Je le prend sans un mot, c'est comme si j'étais sous l'eau. Ce n'est qu'en sortant de la salle que je réalise pleinement : j'ai gagné ! Avec un score parfait en plus !

Avec Sabrina, nous décidons de fêter ça dignement autour d'une pizza et d'un beau pavé de minimum deux-cent pages. Au beau milieu notre soirée, mon amie me demande :

« T'as regardé quelle pièce on allait voir ?

- Non, c'est quoi ?

- Attend deux secondes... C'est « L'Avare » de molière ! J'adore cette pièce ! »

Une semaine plus tard, Sabrina et moi nous retrouvons pour aller vers la salle de spectacle. En entrant, un détail attire mon regard : la scène. Elle est dépourvue de tout décors hormis un grand écran qui affiche le logo du losange. Je ne pensais pas que l'entreprise qui organisait le concours produisait aussi la pièce...Un homme de la sécurité s'approche de moi et m'indique un place au troisième rang.

  Les lumières baissent et l'écran se brouille. Le visage de Yannick apparaît :

« Bonsoir mesdames et messieurs ! Ou plutôt bonne nuit ! »

Il rit de sa propre blague en laissant le public dans l'incompréhension la plus totale. Les agents chargés de la sécurité s'avancent dans les rangs et brandissent des petits objets devant les yeux des gens. De ma place, je ne peux distinguer l'ustensile. Soudain, des ceintures sortent automatiquement des accoudoirs des sièges et s'enroulent autour de moi et de mes voisins, nous interdisant toute tentative de fuite. Quand un homme s'approche de moi, je n'ai le temps que d'apercevoir une vive lumière rouge avant de sombrer dans l'inconscience.