Chapitre 28

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Nous marchons encore deux heures, beaucoup trop longues à mon goût.

Soudain, Naïm s'arrête brusquement en poussant un petit cri.

Je me précipite vers lui, imaginant toutes sortes de danger imminent. Mais ce que je découvre est à l'opposé de ce que j'avais en tête.

Le sol se dérobe sous nos pieds en une falaise de vingt mètres à vue d'il. Nous surplombons alors un paysage des plus étonnants.

Des bâtiments, faits de briques, de béton ou de tôle, presque tous envahis par les plantes grimpantes, de fougères et de fissures menaçantes, se dressent et offrent leu ombre à des sortes de ruelles étroites, toutes perpendiculaires les unes aux autres. On aurait dit que cet endroit avait été abandonné à la hâte, en témoignent les objets que je parvient à distinguer de mon point de vue, comme des balais au manche en décomposition ou des poubelles renversées.

C'est une ancienne usine qui a surement été arrêtée à la fin de l'année 2020, au moment de la grande crise post-COVID-19. Je n'étais pas née à ce moment là, mais mes parents m'ont expliqué que beaucoup d'usines de production de masse ont dû fermer pour cause de leur inactivité pendant la quarantaine générale, ce qui a entraîné des faillites par dizaines.

Après avoir analysé les lieux au peigne fin, la première chose qui me passe par la tête, c'est "WOW". La seconde est quand je réalise que la grande majorité ont encore des toits. "Mais attend... On pourrait venir vivre ici ! C'est parfait !"

Je me tourne vers Naïm et lui explique mon idée. Il me regarde moi, puis le paysage austère qui s'étend devant nous à tour de rôle, pensif, et dit :

-On devrait rentrer au camp et faire notre rapport à César avant de s'imaginer des choses.

Il a raison, et nous restons encore quelques minutes à observer l'usine avant de rebrousser chemin.

Quand nous arrivons, tout le monde se précipite vers la tente du chef et nous lui racontons tout. Après un moment dans lequel j'imagine que César était en train d'assimiler les informations que nous venons de lui communiquer, il s'écrie :

-On s'est arrêtés à seulement quelques kilomètres du village rêvé, alors pourquoi on est encore là !

Et de fil en aiguille, je me retrouve remballant mes affaires avec le reste des personnes et me dirigeant droit vers l'usine abandonnée.

Les gens que Naïm avait décidé de laisser sur le site pour trouver un passage pour descendre la falaise nous indiquent la direction à prendre. Quand nous y arrivons, je réalise que le "passage sans danger" est en réalité un chemin si étroit et escarpé qu'il est à peine visible à travers les broussailles, et avec un dénivelé si impressionnant que j'aurais refusé net d'avancer si j'avais le vertige. Alors après des crises d'angoisse et de larmes de la part de ceux qui en souffrent, il sont finalement portés par les plus costaux en fermant les yeux et serrant les poings, et nous arrivons enfin à notre destination.

Vue d'en bas, l'usine est différente. C'est plus grand, plus austère, plus vide, plus abandonné. Nous avançons prudemment, et observons cet endroit dans les moindres détails, s'imaginant vivre ici. Personnellement, les poubelles renversées et l'odeur âcre de la fumée (je ne sais pas comment, après toutes ces années d'inactivité, c'est possible que cette odeur désagréable ait subsisté !) ne sont pas la tasse de thé, mais c'est mieux que les espèces de tentes en proie au vent et au froid que nous utilisons.

Le ciel est bas aujourd'hui, ce qui rend l'usine encore plus sombre qu'elle ne l'est déjà. De plus, on entend des couinements et des grincements venant de partout.

Tout le monde marche en silence. Après s'être imaginés qu'on pourrait enfin dormir sans grelotter de froid et avoir peur des animaux sauvages, c'est la douche froide.

Devant, César et Jo s'arrêtent et se tournent vers nous, la mine indéchiffrable

-Eh bien... Il semblerait que nous avons du travail à faire en matière de rénovation pour des semaines, ici ! dit César, avec un sourire gêné.

-Je vous en prie, allez choisir votre nouveau chez-vous ! ajoute Jo, sur le même ton.

Je cherche Lucas, Sophie et Sabrina du regard et cette dernière est accompagnée, comme toujours, de son Parasite. Nous décidons alors de dégoter un bâtiment ou un coin à se partager.

Nous trouvons enfin notre endroit dans un bâtiment semblable aux autres, situé près de la falaise.

-Venez tous ! crie une voix non loin.

Nous nous tournons les uns vers les autres, intrigués. Le Parasite, Lucas et Sophie se désignent pour aller voir ce qui se passe dehors, laissant Sabrina seule avec moi. Tout de suite, nous nous réfugions dans les bras l'une de l'autre, prises d'un rire hystérique. Nous nous asseyons à même le sol, et parlons, de tout et de rien, en attendant le retour des autres.

Quand ils arrivent, ils ont les bras chargés de matelas. J'écarquille les yeux et Sabrina demande :

-Où est-ce que vous avez trouvé ça ?

-Le gars qui a crié tout à l'heure avait trouvé une énorme réserve de matelas étonnamment bine conservés, alors on en a pris assez pour nous tous ! répond Lucas.

Je souris, une nuit bien installés, ça change des dormir à même le sol !

Nous installons le tout et nous couchons. Pour ma part, le sommeil m'enveloppe d'un coup, sans prévenir et m'emmène dans un rêve dont je me souviendrais toute ma vie.

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Heeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeyyyyyyyyyy!!!!!!!!!!!!!!!!!

Voili voilou, un chapitre plus long que d'habitude. Je pense que cette longueur est mieux, mais dites-moi ce que vous en pensez dans les commentaires !

Pour le prochain chapitre, attendez-vous à tout, car on sait à quel point le cerveau d'Olivia est plein de surprises, alors qui sait ce qui va se passer dans son rêve ?... ;-)

Plein de bisous, et à la prochaine !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Droit dans les yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant