Chapitre 7

52 6 0
                                    

Le choc passé, nous rassemblons nos provisions et abandonnons la voiture. C'est parti pour un long voyage au fin fond du désert.

Nous sommes partis depuis seulement une heure, et déjà la chaleur se fait ressentir. Je transpire sous mon t-shirt et je vois des gouttes de sueur perler au front de mes amis. Je récupère ma gourde déjà à moitié vide dans mon sac, mais je pense aux heures et au jours qui vont suivre sous la même chaleur et je repose la bouteille avec regret.

Au bout de quelques minutes, les langues se délient, et nous parlons de notre passé qui nous paraît appartenir à une autre vie. Je pense à mes parents, ce qu'ils doivent imaginer après ma disparition.

La nuit finit par tomber et Lucas commence à faire un feu avec ce qu'il trouve. Sabrina et moi dressons des tentes de fortune grâce à des pans de toile que mon amie a eu la présence d'esprit d'apporter et des branchages trouvés çà et là. Nous mangeons une petite partie de nous provisions, puis nous nous couchons sur le sable encore chaud du désert, la tête sur notre sac à dos.

Le lendemain matin, nous rangeons notre campement et partons en silence.

Pendant quelque temps, je ne saurais dire combien de temps car j'ai arrêté de compter après quatre jours, ce fut notre routine quotidienne : le matin silencieux passé à refouler mentalement les fantômes de nos cauchemars de la veille, et l'après-midi enjoué, pour oublier.

Même avec un rationnement de plus en plus sévère, les provisions viennent à manquer et il ne nous reste plus qu'un fond d'eau et deux ou trois barres énergisantes. La première à tomber fut Sabrina, la seule d'entre nous qui a eu à subir les effets permanents du crack. L'état de mon amie me fait parvenir à la conclusion qu'il vaudrait mieux que nous poursuivions notre chemin la nuit, où la température baisse un peut. J'en fait la remarque à Lucas qui me rappelle qui les nuits dans le désert sont froides et que nous ne sommes que très peu habillés. Alors, éreintés de fatigue et à cours de solutions, nous nous asseyons sur le sable brûlant et fermons les paupières.

Mes pensées commencent à dériver vers ma vie d'avant, quand j'allais au collège en espérant que quelque chose d'extraordinaire se passerait sur mon chemin. Je rit mentalement à cette idée car mes lèvres desséchées ne me le permettent pas. Aujourd'hui, je suis perdue dans un désert, sûrement recherchée par une entreprise qui crée une armée de mutations génétiques, et j'ai une sorte de don qui me permet de conserver des souvenirs que je préférerais avoir oubliés... Après ce bilan, je commence à m'imaginer des choses comme une oasis, une pile de nourriture ou tout simplement une flaque d'eau, sans parler d'un vrombissement lointain qui s'amplifie au fur et à mesure de mes visions alléchantes. Tout à coup, les oasis se dissipent et le désert réapparaît, mais le grondement persiste. Une voiture semblable à celle que nous avons abandonné des jours plus tôt surgit d'entre les dunes. Lucas se lève d'un bon et se place devant moi par instinct quand le 4X4 s'arrête quelques mètres devant nous. Je tourne la tête vers Sabrina, qui est toujours dans les vapes et je commence déjà à imaginer un plan pour nous sortir de là quand un garçon au visage familier sort du véhicule. Je me détend instantanément car je sens qu'il est là pour nous aider, même si j'ai beau chercher dans mes souvenirs flous et que je n'arrive toujours pas a assimiler son visage. Lui, pourtant, me reconnaît immédiatement car il lance :

"Olivia ! Toi aussi tu as pu partir !"

Je fronce les sourcils et essaie de sortir un son de ma bouche pâteuse :

"Qui ? je demande d'une faible voix

-Mario ! Tu ne te souviens pas de moi ?"

Enfin ! C'est le troisième gagnant du concours !... Mais Lucas me lance un regard lourd de sens. Le fait qu'il se souvienne de moi ne peut vouloir dire qu'une chose : il est lui aussi un Penseur.

"Venez, entrez dans la voiture ! A moins que vous vouliez rester à dessécher ici ? "

Droit dans les yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant