Chapitre 5

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Après maints débats, je réussit à convaincre Lucas de tenter de fuir. Quand il revient de la salle de contrôle, il me donne quelques instructions et nous partons chacun de notre côté, lui pour s'occuper des détails techniques, moi pour aller chercher Sabrina. Je reçois un appel sur le talkie-walkie que Lucas m'a donné. J'entends :

« Chambre 289, troisième étage, porte bleue. A vous.

- Bien reçu. Terminé. »

Je suis ces indications et ouvre le battant couleur ciel avec précaution. Mon amie a les yeux fermés sur son lit. Je vérifie en premier que le clignotement de la caméra est bien éteint, puis je me retourne vers Sabrina qui a l'air si paisible que j'hésite une fraction de seconde à la laisser ici. Mais l'image des monstres dans les éprouvettes me revient. Je ne veux pas que ma meilleure amie devienne une de ces créatures au regard indifférent, elle qui est si pleine de vie.

Je la secoue dans tous les sens, et quand elle ouvre les paupières, je lui dit de me suivre sans poser de questions. Nous courons dans les couloirs à la recherche de la porte que Lucas m'indique. 

Quand nous arrivons, Sabrina m'attrape pas le bras et me dit :

« Bon, maintenant tu vas tout m'expliquer. » J'hésite. D'un côté, j'ai envie de lui épargner ces histoires de block, et de l'autre, c'est ma meilleure amie et je sais qu'elle le supportera. Alors je lui raconte tout. Depuis mon réveil dans le BP jusqu'au plan d'évasion.

A la fin de mon récit, elle m'entraîne dans la salle et allume la lumière. Ce que nous découvrons nous laisse sans voix : la pièce est remplie d'aliments diverses et variés, du saucisson aux courgettes bien vertes en passant par des boîtes de conserve de haricots.

Bien que Sabrina semble encore choquée par mes précédentes aventures, elle se jette sur la nourriture, et je m'empresse de l'imiter.

En fouillant un peu, nous trouvons des sacs à dos que nous replissons à craquer de conserves et de féculents. Bien sûr, les odeurs alléchantes et le fait que j'ai l'impression de ne pas avoir mangé depuis une éternité, font que je ne manque pas de me remplir le ventre avec ces excellentes victuailles !

Dès que nous avons fini, je suis l'itinéraire indiqué par Lucas dans le talkie-walkie, et nous nous retrouvons dans un garage rempli de grosses voitures blindées. J'espère que le plan de Lucas n'est pas de prendre une voiture, et sortir comme si de rien était. J'écarte cette possibilité en apercevant deux gardes armés postés devant la sortie. Je frissonne de peur à cette vue. Comme j'aimerai être seulement en train de lire cette histoire et non de la vivre !

Lucas apparaît derrière nous comme par magie et je sursaute. Il me regarde un doigt posé sur ses lèvres et sort un pistolet lumineux qui ressemble étrangement à ceux du lazer-game, mais je sens que celui-ci ne lance pas que des rayons de lumière inoffensive. Il déverrouille la voiture la plus proche et je réprime un soupir d'exaspération, ou d'effroi. Il semble que ma première hypothèse d'évasion se soit avérée juste...

Sabrina entre la première et l'installe à l'arrière, Lucas à sa suite, côté passager, et moi, malheureusement, en face du volant.

Mon voisin me fait signe, et, après avoir respiré un grand coup, je démarre en trombe.

Les gardes se retournent et pointent leurs armes vers notre 4x4, et je ferme les yeux et me crispe complètement en entendant la détonation fatale, mais je ne ressent aucune douleur. J'ouvre les paupières avec précaution, et constate avec étonnement que c'est Lucas qui a tiré, et que je suis toujours en train de foncer sur la porte. Les gardes ne sont plus là. Enfin, en regardant de plus près, on aperçoit des lambeaux de vêtement, des éclaboussures de sang, des entrailles déchiquetées, et les débris des armes pointées sur nous il n'y a pas si longtemps. Je suis si distraite par cette vision qui me soulève le cur, que je ne remarque pas que la porte est toujours fermée. Heureusement, Lucas a pensé à tout, et il désintègre un boitier aux allures futuristes à l'aide de son arme. Les portes s'ouvrent instantanément, et au même instant, un alarme stridente retentit dans le garage. Ce son, je le reconnais, c'est le même que j'ai entendu lors de mon escapade.

Je colle le pied au plancher, et franchis enfin les portes qui nous retenaient prisonniers.

Droit dans les yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant