Chapitre 33

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Je me réveille en fin d'après-midi, toujours collée à Lucas, comme si on avait pas bougé pendant tout le temps où nous étions endormis. Je reste les yeux clos une minute, le temps de savourer ce moment détaché de la réalité, mais je suis arrachée à ce moment de pur bonheur par un bruit discret, comme une sorte de gloussement, près de la porte. Je me détache d'un Lucas toujours assoupi non sans regrets, et dirige mon regard vers l'endroit où j'ai entendu le son. Dans l'encadrement de l'entrée, j'aperçois Anna, le visage encadré par ses éternelles boucles rousses. Elle nous regarde avec de grands yeux, un rictus étrange pendu à ses lèvres.

-Bonjour Anna ! Tu m'as fait peur !

-Bonjour Olivia. dit-elle, son expression ne changeant pas d'un pouce.

Après qu'elle ait dit ces mots, un silence gênant s'installe rapidement.

-Tu... Voulais me demander quelque chose ? ses yeux, qui il y a quelques secondes n'exprimaient rien de spécial, passent à une émotion si intense que je suis déstabilisée pendant une seconde d'avoir vu cela en elle. C'est de la peur. De la peur pure, animale et puissante. Mais cette lueur disparaît très vite, trop vite pour que je puisse fouiller l'expression de son visage et trouver la raison de ce changement trop soudain dans son regard. Puis, sans prévenir, Anna s'enfuit, sans même répondre à ma question.

C'est étrange à dire mais, au moment où Anna a exprimé cette peur, j'ai eu l'impression que ses yeux ont changé de couleur. Que le bleu clair que j'ai l'habitude de voir s'était furtivement teinté de violet. Mais c'est probablement mon imagination, je viens de me réveiller et ma matinée a été assez éprouvante. Qui l'eu cru ? Moi, Olivia Clark, qui garde les pieds sur terre, et qui n'en fait pas tout un plat ! Mais... imaginons une seconde que ses yeux avaient bien changé de couleur pendant une seconde, cela voudrait dire que... Non, il faut que j'arrête, ça commence à devenir n'importe quoi.

***

Le lendemain, je me rends chez César avec un mélange d'émotions assez étranges. La crainte de savoir en quoi cette sorte d'entraînement va consister, une sorte de culpabilité d'avoir laissé Lucas seul avec le drame qu'il est en train de vivre, et l'émerveillement bienvenu de voir le véritable village que cette vieille usine est en train de devenir grâce à l'effort commun. J'aimerais tellement participer plus à toutes ces activités, mais pour l'instant, il faut que je me concentre sur autre chose.

J'arrive enfin au bâtiment et suis tout de suite accueillie par un "Bonjour Olivia" énergique. Cette manière de le dire me rappelle énormément Mr Charlet, mon ancien professeur documentaliste, et me rend nostalgique pendant une seconde. Après ce court moment de silence, je lui répond avec le même entrain :

-Bonjour !

-Comment ça va ?

- Hâte de commencer l'entraînement !

-Excellent !

César se tourne, et apporte deux chaises, et un gobelet en plastique rouge.

"Assied-toi ici. Pour notre premier exercice, on va commencer par vérifier l'étendue de tes pouvoirs. il place le gobelet sur la chaise en face de moi.

Je fronce les sourcils, me demandant ce qu'il va me faire faire.

"Je veux que tu fixes le gobelet, et vides ton esprit. Il ne doit seulement avoir l'image que tu as devant toi dans ta tête.

Ne penser à rien est un exercice plus difficile que je ne le pensais, surtout en ce moment, mais après une longue minute de concentration, toute mon attention est rivée sur la chaise.

"Maintenant, imagine que le gobelet s'écrase tout seul sur lui même, et essaie de "projeter" cette image par tes yeux.

Je ne sais pas exactement ce que "projeter" veut dire, mais le titillement derrière mes yeux semble le savoir, car la sensation s'amplifie au fur et à mesure que j'imagine le gobelet se fendre sous la pression d'une force invisible. Soudain, quand ma concentration est au maximum, la gêne derrière mes globes oculaires se transforme en une chaleur douce qui se diffuse lentement dans mon crâne. L'image qui est désormais comme imprimée dans ma rétine semble se détacher de mon cerveau, et s'envoler à l'intérieur de ma tête. Je sais, les mots que j'emploie sont assez étranges, mais c'est exactement ce que je ressens à l'intérieur.

La chaleur explose tout à coup dans mon esprit, ce qui me fait perdre ma concentration une seconde car ce sentiment d'accomplissement, que tout est en ordre, je ne l'ai ressenti qu'une seule fois, et c'était au bord du lac, avec Lucas. Mais je reprend très rapidement mes esprits et la chaleur se dissipe rapidement, me sortant d'une transe inédite.

Je prends conscience du décors quelques secondes après, et je réalise que, non seulement le gobelet est en morceaux, mais la chaise gît aussi au sol, des bout de bois répandus partout. Je tourne ma tête encore engourdie vers César, ne sachant quoi penser du désordre que je viens de créer. En voyant son expression ahurie, je comprend que lui non plus.

-Je... vois que tu as beaucoup de talent, Olivia. Je n'avais jamais vu cela auparavant. Es-tu sûre que c'était la première fois que tu tentais de faire une chose pareille ? je hoche la tête. Tout à fait extraordinaire. Tu sais, la plupart des Penseurs de ton âge sont à peine capables de soulever une cuillère par la pensée, ce que tu as fait, en comparaison, c'est... Je suis impressionné.

-Merci ! je dis, fière d'avoir mis la chaise en lambeaux.

-Il y a juste une chose...

-Quoi ? je demande, le poids des doutes retombant soudain sur mes épaules.

-Vu la puissance que tu as, t'apprendre à cacher ton don sera chose bien plus difficile qu'avec moi. Et même quand tu y arrivera, ce sera dangereux pour toi, car le contenir ne ferait que le renforcer. J'espère que tu es prête à faire face à un entraînement intensif.

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Heeeeeeeeeeeeeeyyyyyyyyyyyyyyy!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Je radote, mais dites-moi ce que vous en pensez, que ce soit bon ou mauvais, ca m'aide à m'améliorer !!!

Plein de bisous, et à la prochaine !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Instagram : @oloha.macua.wtp

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